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Chine

Les funérailles de Zhao Ziyang en débat

A&nbsp;Hong Kong a eu lieu une veillée aux chandelles avec pour thème «<I>défense du 4 juin, pleurons Ziyang</I>».(Photo: AFP)
A Hong Kong a eu lieu une veillée aux chandelles avec pour thème «défense du 4 juin, pleurons Ziyang».
(Photo: AFP)
Une semaine après la mort de l’ancien leader du Parti communiste, Pékin n’a toujours pas organisé de funérailles. De profonds désaccords entre la famille et le Parti retardent la cérémonie. A Hongkong en revanche, l’hommage public à Zhao Ziyang a rassemblé plus de 15 000 personnes ce week-end.

De notre correspondant à Pékin

La dépouille de Zhao Ziyang devient très encombrante pour le pouvoir chinois incapable de décider quel hommage rendre au secrétaire général du Parti communiste de 1987 à 1989. Décédé le 17 janvier dernier, Zhao Ziyang n’est toujours pas enterré et la famille du défunt s’impatiente: «Nous voulons que les funérailles aient lieu le plus vite possible mais nous ne pouvons trouver un accord sur sa biographie, c'est-à-dire sur les détails de ce qu'il a fait et en quelle année», a expliqué à l'AFP un membre de la famille. De son côté, le gouvernement refuse catégoriquement que la famille organise elle même les funérailles. La question est donc de savoir à présent quel type de funérailles et d’hommage sera rendu à Zhao Ziyang. Ses obsèques doivent-elles être celle d’un simple vétéran du Parti ou bien celle d’un ancien Premier ministre de 1980 à 1987 ?

Pékin a en fait déjà clarifié sa position sur cette question en s’abstenant par exemple de mentionner les responsabilités politiques endossées par Zhao Ziyang durant les années 80 et en insistant sur le jugement porté à son égard en 1989: «Le quatrième plénum du treizième comité central en 1989 est arrivé à des conclusions politiques sur la nature de cette crise et les graves erreurs commises par le camarade Zhao Ziyang. Ces conclusions sont parfaitement correctes», a tenu à rappeler une fois de plus le département de l’information du gouvernement. Son exclusion à vie du parti et sa mise en résidence surveillée jusqu’à sa mort ne seront donc pas remis en cause par Pékin. Jusqu’à la fin de sa vie, Zhao Ziyang a quant à lui toujours assumé les faits que le Parti lui a reproché. Il s’est toujours dit convaincu de l’aberration qu’avait constitué la répression allant même jusqu’à dénoncer il y a peu de temps encore la responsabilité de l’ancien leader Deng Xiaoping dans la sanglante répression du 4 juin 1989. 

Embarras du Parti

La difficulté de la gestion de ces funérailles tient aussi à la présence dans le gouvernement de l’actuel Premier ministre Wen Jiabao, proche de Zhao Ziyang en 1989. Les deux cadres étaient ensemble aux côtés des étudiants alors en grève de la faim sur la place Tiananmen le 19 mai 1989. Si l’un a été purgé au lendemain des événements, l’autre a pu continuer sa carrière au sein de l’establishment sans que cet épisode ne le desserve. Lors de sa prise de fonction il y a deux ans, Wen Jiabao s’est d’ailleurs empressé de condamner le mouvement étudiant et de justifier à plusieurs reprises la répression. Selon des sources anonymes, le Premier ministre se serait pourtant rendu au chevet de Zhao Ziyang deux semaines avant sa mort. Cette information n’a toutefois jamais été relevé par la presse chinoise qui a recu l’ordre de passer sous silence tout événement relatif au décès de Zhao Ziyang. Lundi matin encore, beaucoup de pékinois indiquaient ne pas être au courant de sa mort comme ce chauffeur de taxi expliquant qu’il n’y a «rien à la télévision et dans les journaux» et ajoutant en haussant les épaules, «il n’y aura jamais quelque chose d’ailleurs».

Si les Pékinois n’auront jamais l’autorisation de tenir une cérémonie publique en l’honneur de Zhao Ziyang, ce n’est pas le cas des habitants de Hongkong, seul lieu en Chine ou les chinois sont en droit de se recueillir sur la place publique. Accordé en vertu du principe «un pays deux systèmes», l’hommage a donc eu lieu vendredi soir au parc Victoria en présence de 15 000 personnes. Une veillée aux chandelles avec pour thème «défense du 4 juin, pleurons Ziyang» s’est ainsi tenue durant plusieurs heures. Les hongkongais continuent de déposer des gerbes de fleurs sur un autel dressé en hommage à l’ancien leader du parti communiste. Dans une tribune du Wall Street Journal, Wu’er Kaixi, l’un des anciens leaders du mouvement étudiant en 1989 et aujourd’hui en exil à Taiwan, estime que l’épitaphe de Zhao Ziyang devra au moins mentionner les mots prononcés par Zhao lui-même aux étudiants le 19 mai: «Désolé, je suis arrivé trop tard».

par Michael  Sztanke

Article publié le 24/01/2005 Dernière mise à jour le 24/01/2005 à 11:42 TU