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Elections irakiennes

Réactions favorables à travers le monde

George W. Bush se félicite du succès de ces élections irakiennes.(Photo : AFP/RFI)
George W. Bush se félicite du succès de ces élections irakiennes.
(Photo : AFP/RFI)
Au lendemain d’un scrutin à haut risque en Irak, les hommes politiques du monde entier font l’éloge de ce vote au suffrage universel qui s’est globalement bien passé. De Washington à Moscou en passant par Bruxelles, les gouvernements appellent de leurs vœux une suite positive à cette première étape

Le dépouillement du vote se poursuivait lundi en Irak au lendemain des premières élections multipartites depuis 1953. Malgré la guerre et les violences, les Irakiens ont participé plus que prévu au scrutin, sauf les sunnites. D’un ton unanime, la communauté internationale fait part de son soulagement et s’interroge sur la suite des événements.

« Un succès éclatant »

La première réaction de Washington après la consultation électorale était très attendue car la décision américaine d’organiser des élections dès janvier 2005 avait donné lieu à controverse. « En participant à des élections libres, les Irakiens ont fermement rejeté l’idéologie anti-démocratique des terroristes », a déclaré George W. Bush. « Les Irakiens eux-mêmes ont fait de cette élection un succès éclatant », a encore ajouté le président américain tout en précisant : «il reste encore du chemin à faire sur la route de la démocratie».

Dans une interview dimanche soir sur la chaîne de télévision américaine C-Span, George W.Bush a par ailleurs promis de combiner son « idéalisme » avec une bonne dose de « réalisme » dans la promotion à l’étranger de « la liberté et la démocratie ». Est-ce parce que les nouvelles en provenance de Bagdad étaient plutôt bonnes, toujours est-il que le président américain a semblé vouloir apaiser les craintes suscitées par sa promesse de combattre pour la liberté et la démocratie jusqu’aux « coins les plus sombres » de la planète. Cet engagement avait été interprété, notamment au Moyen Orient, comme la détermination des Etats-Unis de remodeler le monde à leur image.

A Moscou, Vladimir Poutine a déclaré que les élections qui se sont tenues « dans des conditions très difficiles, étaient un pas dans la bonne direction, un événement positif». Le président russe, qui s’était fermement opposé à l’intervention américaine en Irak, a ensuite exhorté toutes les institutions russe à collaborer à la normalisation de la situation dans ce pays et à y défendre les intérêts russes. Des entreprises russes avaient signé, sous Saddam Hussein, des contrats pétroliers représentants des milliards de dollars. Depuis l’invasion américaine, Moscou s’est engagé à renoncer à 90% de la dette irakienne.

Aux Nations unies, le secrétaire général Kofi Annan a salué le courage des Irakiens. « On doit les encourager » et les aider à prendre leur destin en main ». Kofi Annan a par ailleurs ajouté : «c’est le début, un premier pas dans un processus démocratique ».

« Un message puissant » 

Javier Solana, le Haut représentant pour la politique étrangère de l’Union européenne, a pour sa part félicité « le peuple irakien qui a montré tant de courage et de détermination en allant voter aujourd’hui ». Il a aussi estimé que ces élections représentaient « un progrès dans la transition vers un Irak démocratique, libre et en paix ». Pour sa part, José Manuel Durao Barroso, président de la Commission européenne, a estimé que ces élections, « grand jour pour la démocratie et la liberté », avaient envoyé « un message puissant » dans toute cette région du monde. Pour le ministre luxembourgeoise des Affaires étrangères, Jean Asselborn, dont le pays préside actuellement l’Union européenne, cette première étape doit être suivie du départ des troupes étrangères « le plus rapidement possible ». Jean Asselborn a par ailleurs plaidé pour une intégration des sunnites dans le processus d’élaboration de la future Constitution. Divisés sur la question de l’intervention en Irak, les Européens s’efforcent d’afficher un front uni dans la perspective de la reconstruction du pays. 

A Paris, le président Chirac a jugé que les élections en Irak étaient « une étape importante dans la reconstruction politique du pays, la stratégie des groupes terroristes a en partie échoué ». Des propos échangés avec George W.Bush au cours d’une conversation téléphonique et rapportés par le porte-parole de l’Elysée. Les deux leaders politiques s’étaient opposés sur la nécessité d’intervenir militairement contre le régime de Saddam Hussein. Dans cet entretien téléphonique d’une quinzaine de minutes avec son homologue américain, le président Chirac « a souligné que, pour l’avenir, il était important d’inclure tous les groupes qui renonçaient à la lutte armée, notamment dans l’élaboration de la Constitution ». Le président français a par ailleurs « confirmé la disposition de la France à coopérer avec l’Irak, en particulier pour la formation des forces de sécurité ainsi que des hauts fonctionnaires ». Paris a toujours refusé d’envoyer des troupes en Irak mais a proposé à Bagdad de former des gendarmes en France ou dans la région.

Le gouvernement allemand, lui aussi fortement opposé à la guerre en Irak, a salué « une étape importante sur la voie de la construction de structures démocratiques ». Pour Berlin, « il faut maintenant que tous les groupes ethniques et religieux du pays soient associés au processus politique », a déclaré le porte-parole du gouvernement Bela Anda.

« Un rempart contre les forces d’occupation »

L’Iran, pays chiite voisin de l’Irak, a tout lieu de se réjouir de la victoire attendue des chiites irakiens. Le ministre iranien de la Défense, Ali Chamkhani, a affirmé que « la participation massive aux élections générales allait être un rempart contre les forces d’occupation ». Plus critique, l’ancien président iranien Akbar Hachemi Rafsandjani a estimé que les Américains n’allaient pas accepter que l’Irak devienne un pays « libre et indépendant, ne se tenant pas aux côtés des Etats-Unis et d’Israël ».

Environ 7 500 Britanniques sont déployés en Irak et le Premier ministre Tony Blair a réagi de manière prudente au succès du scrutin en Irak. « Nous savons que ce n’est qu’un début. Nous savons qu’il y a beaucoup de difficultés devant nous », a déclaré le chef du gouvernement britannique, sans parler du tout d’un éventuel retrait des forces britanniques engagées aux côtés des Américains.   


par Colette  Thomas

Article publié le 31/01/2005 Dernière mise à jour le 31/01/2005 à 16:16 TU

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Robert Malley

Ancien conseiller du président Clinton pour le Proche-Orient

«La majorité des Irakiens est allée aux urnes, c’est un succès dans l’expression libre de leur volonté maintenant la démocratie est autre chose.»

Farida Ayari

Envoyée spéciale de RFI à Amman

«Les Irakiens ne se sont pas laissés intimider par la violence… ils sont allés voter en masse surtout dans le Kurdistan et dans les régions chiites.»

Henry Laurens

Historien, spécialiste du monde arabe et du Proche-Orient

«Pour la grande masse des votants [en Irak] cette élection est aussi le point de départ d’une démarche amenant le retrait des forces de la coalition.»

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