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Togo

Tour de passe-passe constitutionnel

Peu après l'annonce de la mort du président, les Forces armées togolaises (FAT) ont «confié» le pouvoir à Faure Gnassingbé Eyadéma (photo), un des fils du chef de l'Etat.(Photo : AFP)
Peu après l'annonce de la mort du président, les Forces armées togolaises (FAT) ont «confié» le pouvoir à Faure Gnassingbé Eyadéma (photo), un des fils du chef de l'Etat.
(Photo : AFP)
Pour adapter leur choix à la constitution, les militaires ont fait destituer le président de l’Assemblée nationale qu’ils ont remplacé par Faure Gnassingbé.

Pour tenter de donner une apparence de légalité au coup de force opéré la veille, les militaires togolais ont fait voter dimanche par le Parlement de Lomé deux décisions. D'abord : la destitution de l'actuel président de l'assemblée Fambaré Nachaba, qui ne leur plaisait pas et son remplacement, par Faure Gnassingbé, le fils du président Eyadéma, déjà adoubé samedi par l'armée devant les caméras de la télévision. Ensuite, la modification de la constitution : l'intérim, jusque là limité à 60 jours, a été étendue à la fin du mandat du président défunt. Faure Gnassingbé est donc programmé pour rester, en principe, au pouvoir jusqu'en 2008 au moins.

L'article 65 sera appliqué, mais ce n'est plus le même. La lettre de la constitution rectifiée sera sans nul doute respectée, mais évidemment pas dans l'esprit des rédacteurs du texte originel. Ainsi en en décidé une Assemblée nationale, dominée par les parlementaires du RPT, le parti au pouvoir, qui avait déjà exprimé leur soutien aux militaires. Ce tour de passe-passe constitue une véritable pied-de-nez en direction de la communauté internationale..

Au pouvoir jusqu’en 2008

Les événements de ces dernières 24 heures confirme la volonté de l'armée togolaise de ne rien lâcher de l'emprise qu'elle exerce depuis 38 ans sur le pouvoir de l'Etat. Une armée façonnée par et pour le général Eyadema,  et composée en grande majorité de gens de son ethnie, les Kabbieh;  les membres les plus gradés étant d'ailleurs les plus proches de la familles du président.

Cette proximité n'a certes pas empêché cette armée de connaître plusieurs vagues d'épuration. On l'a vu en 2003, quand le colonel Bitenewe, chef d'Etat major de l'armée de terre, a fui le Togo, après avoir échappé à une tentative d'assassinat. C'est cette armée qui a pris hier la décision spectaculaire de faire élire à la présidence de l'Assemblée nationale, celui qu'elle avait déjà adoubé la veille, le propre fils du président Eyadema.

Autre décision, prise à la demande des militaires : une modification de la constitution qui permettra à Faure Gnassingbé de rester au pouvoir jusqu'en 2008. Celui-ci aura-il les mains libres face à ceux qui ont fait de lui un président ? La communauté internationale se contentera-elle- de prendre acte du tour de passe-passe opéré à Lomé ? Ces questions se posent déjà.

par Claude  Cirille

Article publié le 07/02/2005 Dernière mise à jour le 07/02/2005 à 15:50 TU

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Jean-Pierre Colin

Professeur de sciences politiques à l'université de Reims

«C'est une page des relations France-Afrique qui se tourne.»

Christophe Boisbouvier

Journaliste à la rédaction Afrique de RFI

«La France condamne toutes les violations de la loi au Togo.»

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