Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Espagne

Des papiers pour les clandestins

Entre 500 et 800 000 clandestins en Espagne pourraient bénéficier d'un processus massif de régularisation.(Photo: AFP)
Entre 500 et 800 000 clandestins en Espagne pourraient bénéficier d'un processus massif de régularisation.
(Photo: AFP)
La légalisation massive lancée par les autorités espagnoles a pour objectif «d’en finir avec l’immigration illégale, de faire affleurer l’économie souterraine et de mettre un terme aux coûts sociaux que provoquent le travail clandestin». Entre 500 et 800 000 sans-papiers devraient bénéficier de ce processus de régularisation.

Depuis plusieurs semaines, le consulat équatorien à Madrid est pris d’assaut. Des milliers de personnes font la queue jour et nuit pour obtenir les précieux documents leur permettant de compléter leur demande de régularisation auprès des autorités espagnoles. Pour tenter de faire face à cet afflux, le consulat a embauché seize employés supplémentaires. Mais ses effectifs restent insuffisants face aux centaines de milliers de ressortissants équatoriens qui devraient tenter de régulariser leur situation au cours des trois prochains mois. Selon l’Institut national de statistiques, la communauté équatorienne est la deuxième du pays en nombre avec 221 549 immigrants légalement installés dans le pays. Un chiffre qui double ou triple si on y ajoute tous les clandestins.

Tous les sans-papiers résidant en Espagne ont jusqu’au 7 mai pour constituer leur dossier. Celui-ci doit notamment une attestation prouvant qu’ils sont arrivés dans le pays avant le 8 août dernier, un casier judiciaire vierge et un contrat de travail d’une durée d’au moins six mois. Les saisonniers et les personnes employés dans le secteur de la restauration ou de l’agriculture bénéficient d’un statut  particulier leur permettant également de solliciter la régularisation de leur situation. Toutes leurs demandes seront étudiées par une cinquantaine de bureaux d’immigration disséminés sur le territoire et 160 centres de sécurité sociale qui décideront de l’octroi d’une autorisation de travail d’une année.

Par rapport aux précédentes opérations de régularisation menées dans le pays, l’initiative de la procédure lancée par le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero présente une grande différence car elle implique directement les employeurs de ces travailleurs. Il leur revient en effet de déposer les demandes des travailleurs clandestins qui travaillaient pour eux de manière clandestine. En échange, l’Etat passe l’éponge sur les travailleurs non déclarés et les cotisations non payées. Un cadeau assorti d’une plus grande sévérité à l’avenir : à partir du mois de mai, les inspecteurs du travail pourront infliger une amende pouvant allant jusqu’à 60 000 euros par infraction constatée. Ce processus exceptionnel «constitue la dernière opportunité de se mettre en règle pour les chefs d’entreprise ayant embauché des sans-papier», a averti Consuelo Rumi, secrétaire d’Etat à l’Immigration et l’Emigration. «Les chefs d’entreprise qui continueront d’engager des clandestins doivent savoir que nous appliquerons la loi avec fermeté», a t-elle expliqué dans une interview publiée lundi par le quotidien El Pais.

L’afflux constant de clandestins

Estimant à un million le nombre de clandestins, les autorités espagnoles espèrent obtenir la régularisation de 500 à 800 000 personnes. L’objectif d’un tel plan est, selon Consuelo Rumi, «d’en finir avec l’immigration illégale, de faire affleurer l’économie souterraine et de mettre un terme aux coûts sociaux que provoquent le travail clandestin». Plus de travailleurs déclarés dans le pays devraient ainsi permettre d’augmenter le nombre de personnes payant des cotisations sociales. Au cours des cinq dernières années, l’Espagne a vu doubler le nombre d’immigrants vivant sur son sol. Une augmentation qui, selon les autorités gouvernementales, ne pose pas de problème au niveau interne. Selon une étude de l’école de commerce IESE, les immigrés occupent actuellement près de 5% des postes de travails en Espagne. Et le ministre des Affaires sociales, Jesus Caldera, cité par Le Figaro, estime que la société espagnole «peut absorber davantage d’immigrés (…) sans que cela ne pose de réelles tensions».

Les détracteurs de cette opération de régularisation craignent qu’elle ne favorise l’afflux de nouveaux arrivants. Ce week-end encore, une embarcation avec à son bord 227 immigrants clandestins africains a dû être secourue en mer par la marine espagnole, des bateaux parvenant régulièrement à atteindre les côtes espagnoles. Rejetant ces critiques, le gouvernement de Madrid a rappelé que seuls ceux arrivés voilà plus de six mois pourraient obtenir des papiers. Et il a, par ailleurs, manifesté son intention de continuer à faire preuve de la plus grande fermeté à l’égard de ces immigrés. Selon des chiffres officiels, environ 120 000 personnes ont ainsi été rapatriées au cours de l’année dernière.


par Olivier  Bras

Article publié le 07/02/2005 Dernière mise à jour le 07/02/2005 à 16:32 TU

Audio

Thierry Mariani

Député UMP

«Les questions d'immigration sont devenues des questions européennes depuis 1999.»

Articles