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Espagne

Zapatero : l’homme du changement

Jose Luis Zapatero, le nouveau Premier ministre espagnol, applaudi lors de son investiture au Congrés. 

		(Photo: AFP)
Jose Luis Zapatero, le nouveau Premier ministre espagnol, applaudi lors de son investiture au Congrés.
(Photo: AFP)
Après son investiture par le Congrès des députés, le 16 avril, José Luis Rodriguez Zapatero, dont le parti a remporté les élections législatives le 14 mars, succède officiellement à José Maria Aznar à la tête du nouveau gouvernement espagnol, dont la composition devrait être rendue publique rapidement. A 43 ans, cet avocat engagé très tôt en politique dans les rangs du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), prend les rênes d’un pays en bonne santé économique mais meurtri par les attentats sanglants perpétrés par les islamistes, le 11 mars dernier, à Madrid.

Avec l’arrivée de José Luis Rodriguez Zapatero au pouvoir, l’Espagne entend tourner la page après un événement très douloureux: les attentats du 11 mars qui resteront gravés en lettres de sang dans le coeur des Espagnols. Le vote massif et inattendu, lors des élections législatives du 14 mars, en faveur du parti de celui que l’on nomme de plus en plus «ZP» a, en effet, été aussi un vote contre la formation du conservateur José Maria Aznar. Les erreurs commises dans la gestion de l’enquête et les fausses informations sur l’implication d’ETA diffusées dans les premières heures qui ont suivi les attentats, ont été sanctionnées sans états d’âme par des électeurs qui se sont sentis trompés par leurs dirigeants. José Maria Aznar qui pouvait pourtant s’enorgueillir d’avoir un bilan économique très satisfaisant, a payé comptant les «mensonges» de l’après 11 mars. Sa «retraite» politique, annoncée dès avant la débâcle électorale a, du coup, pris un goût très amer, puisqu’il se retire sans gloire après deux mandats et n’a pas pu assurer la victoire du parti conservateur qui perd le pouvoir au profit des socialistes.

Dans ce contexte, l’entrée en fonction à la tête du gouvernement de Zapatero, qui doit être sanctionnée par sa nomination officielle par le roi Juan Carlos dès demain, est porteuse d’espoirs mais aussi d’obligations. Car les Espagnols attendent qu’il rompe avec «l’arrogance» tant reprochée à Aznar. L’un des principaux atouts du nouveau chef du gouvernement espagnol, c’est en effet une personnalité aux antipodes de celle de son prédécesseur. Zapatero incarne «le changement tranquille», sans agressivité et avec humilité. Depuis son entrée au PSOE, à l’âge de dix-huit ans, il a gravi les échelons en jouant la carte de la modération, du dialogue et de la discrétion. Ce qui lui a valu, parfois, d’être jugé un peu faible, mais qui au bout du compte lui a permis d’accéder au sommet de l’Etat.

Zapatero se rapproche des alliés européens

De cet homme jeune et nouveau, les Espagnols attendent aussi qu’il tienne ses promesses. Et dans ce domaine, ses décisions concernant l’engagement des soldats espagnols dans les rangs de la coalition en Irak vont faire l’objet de toutes les attentions. Après les attentats du 11 mars perpétrés par des intégristes musulmans, l’opposition d’une grande partie de la population à l’envoi de troupes dans ce pays a resurgi. Et José Maria Aznar a certainement payé aussi dans les urnes son choix de soutenir coûte que coûte les Américains dans l’aventure irakienne, justifiée par la lutte contre le terrorisme. Sur cette question, Zapatero a déclaré avant les élections qu’il rapatrierait les troupes d’ici le mois de juillet si les Nations unies ne prenaient pas le contrôle des opérations. Lors du débat qui a suivi son discours d’investiture, il a d’ailleurs été interpellé par l’opposition sur cette question et a réaffirmé qu’il restait sur cette position. «Je veux sortir l’Espagne de la photo des Açores, sortir l’Espagne d’une guerre illégale», a-t-il ainsi déclaré en faisant référence à une rencontre entre George W. Bush, Tony Blair et José Maria Aznar aux Açores, en mars 2003, sorte de prélude à l’intervention militaire en Irak.

Sur l’Irak, Zapatero a donc décidé de changer les alliances de l’Espagne et de se rapprocher des positions de ses partenaires européens comme la France et l’Allemagne, deux pays qui s’étaient opposés à la guerre. Ce qui ne signifie pas, cependant, qu’il entend relâcher la lutte contre le terrorisme qui sera «un objectif prioritaire» de son gouvernement. Concernant l’Europe aussi, le nouveau chef de l’exécutif espagnol a annoncé un changement de cap radical de la politique ibérique, marqué avant tout par le désir de faire adopter le projet de Constitution européenne, contre lequel s’était battu son prédécesseur, avant la fin de la présidence irlandaise de l’Union au mois de juin. Convaincu, contrairement à José Maria Aznar, que «ce qui est bon pour l’Europe est bon pour l’Espagne», Zapatero a même demandé que le texte soit signé à Madrid en hommage aux victimes du 11 mars.

Sur le plan économique, le nouveau chef du gouvernement espagnol, qui s’est engagé à assurer la stabilité budgétaire sans accroître «la pression fiscale globale», a annoncé qu’il entendait «combiner croissance et bien-être social». Dans cette optique, Zapatero veut réaliser une indispensable «modernisation de l’économie», notamment en développant des secteurs clefs comme les télécommunications et les nouvelles technologies. Il a d’ailleurs décidé d’augmenter de 25 % les budgets consacrés à la recherche, au développement et à l’innovation. Zapatero a, d’autre part, annoncé sa décision de faire de l’accès au logement social une priorité. Mais surtout, il a pris position sur un sujet sensible dans un pays très catholique en annonçant qu’il envisageait de modifier le code civil pour reconnaître le droit au mariage aux homosexuels et aux transexuels.



par Valérie  Gas

Article publié le 16/04/2004 Dernière mise à jour le 16/04/2004 à 16:17 TU

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Journaliste à RFI

«Sur la question du terrorisme, il veut un pacte anti-terroriste avec tous les partis (politiques) espagnols qu'il va convoqué au plus vite.»

[16/04/2004]

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