Espagne
Nouvelle menace terroriste
(Photo : AFP)
C’est un agent de sécurité de la Renfe, la société des chemins de fer espagnols, qui a découvert la bombe placée par des terroristes sur la ligne du train à grande vitesse (TGV) qui relie la capitale espagnole à Séville. A peine 22 jours après le drame de Madrid, les voies ferrées espagnoles sont de nouveau la cible d’une tentative d’attentat. L’engin explosif a été déposé sous un rail à une soixantaine de kilomètres au sud de la capitale, près de la ville de Tolède. Il était dissimulé dans un sac près d’un passage à niveau. Selon toute vraisemblance, les terroristes ont été dérangés et n’ont pu terminer la mise en place de leur bombe. Celle-ci n’était, en effet, pas connectée au détonateur placé au bout d’un câble de 136 mètres de longueur.
Les démineurs, qui ont été immédiatement appelés sur place, ont réussi à désamorcer l’engin sans problème. Ils ont pu constater que les douze kilos d’explosifs retrouvés étaient identiques à ceux utilisés pour commettre les attentats de Madrid, qui ont coûté la vie à 191 personnes, le 11 mars dernier. Il s’agit de dynamite Goma-2 Eco. Le détonateur pourrait être du même type que ceux qui sont utilisés «dans les explosions de mines», selon le ministre espagnol de l’Intérieur Angel Acebes. Pour autant, les autorités ne se sont pas encore prononcées sur les auteurs présumés de cette tentative d’attentat et le ministre a mis en garde contre des conclusions «précipitées». Malgré tout, Angel Acebes a déclaré qu’il était «possible» que des groupes «qui font l’objet d’une enquête [sur le 11 mars]» détiennent des détonateurs identiques. Dans le cadre des investigations en cours pour trouver les responsables des attentats de Madrid, l’hypothèse d’une implication du Groupe islamique combattant marocain (GICM) a été évoquée.
L’armée participe à la surveillance des lignes ferroviaires
Bien entendu, le trafic ferroviaire a été immédiatement interrompu sur la ligne à grande vitesse Madrid-Séville. Six trains dans lesquels voyageaient plus de 1500 personnes ont été stoppés dans des gares intermédiaires et de nombreux autres ont été annulés pour permettre à la police et à la Renfe d’organiser une inspection «kilomètre par kilomètre». La circulation a été rétablie le 3 avril au matin après la mise en oeuvre d’un plan de surveillance renforcée, élaboré par les ministres espagnols de l’Intérieur et de la Défense. L’armée a même été sollicitée pour aider la police et les agents de sécurité de la Renfe dans ce nouveau dispositif, qui prévoit un «système de vigilance permanent» sur cette ligne de TGV et les autres lignes sensibles du réseau. Elle a notamment fourni des véhicules blindés et des hélicoptères. Pour montrer que la sécurité dans les trains était assurée, le président de la Renfe, Miguel Corsini, est monté dans le premier TGV à destination de Séville après la reprise du service. Mais ces mesures n’ont pas complètement rassuré les voyageurs espagnols et de nombreux sièges sont restés vides dans les trains au départ de Madrid.
Il est vrai que depuis le 11 mars, la tension n’est pas retombée en Espagne où la population demeure traumatisée. La situation ne risque pas de s’améliorer après l’annonce de l’interception au centre de distribution de Saragosse, de trois courriers piégés adressés à des médias espagnols: le journal Razon, la station de radio Cope, et la chaîne de télévision Antena 3. Deux de ces lettres ont été désamorcées par des artificiers qui ont dû faire exploser de manière contrôlée la troisième. Mais surtout, plusieurs journaux espagnols ont rapporté que l’ambassade d’Espagne au Caire avait reçu une lettre de menace signée par les brigades Abou Hafs al-Masri, le groupe qui a revendiqué les attentats de Madrid par un communiqué au quotidien londonien Al-Qods al-Arabi, et par Al Qaïda.
La provenance de cette lettre n’a pas été authentifiée et il est vrai que de nombreuses ambassades reçoivent des menaces. Mais il n’empêche que dans le contexte actuel, aucune missive de ce type ne peut être négligée. D’ailleurs, la sécurité a été renforcée autour des intérêts espagnols dans les pays arabes qui sont directement visés par les auteurs du courrier. Ces derniers exigent, en effet, le retrait des troupes espagnoles, qualifiées de «forces croisées», d’Irak et d’Afghanistan «avant quatre semaines complètes». Sinon, ils affirment que des attaques seront menées avec des «voitures piégées» contre les ambassades, consulats, ou intérêts espagnols dans la région du sud et de l’est de la Méditerranée et en Afrique du Nord.par Valérie Gas
Article publié le 03/04/2004 Dernière mise à jour le 03/04/2004 à 16:18 TU