Espagne
La piste islamiste se précise
Les Espagnols ont célébré samedi les funérailles des victimes des attentats du 11 mars au lendemain d’une mobilisation sans précédent contre le terrorisme qui a rassemblé à travers tout le pays plus de onze millions de personnes. Mais alors que de plus en plus d’indices semblent indiquer que des réseaux islamistes seraient bien à l’origine de ces attaques meurtrières, le gouvernement espagnol campe sur ses positions et préfère privilégier, à quelques heures des élections législatives, la piste basque. L’organisation séparatiste ETA a pourtant vigoureusement démenti sa participation à ces attentats qui selon un dernier bilan ont fait 200 morts et plus de 1 400 blessés. Samedi soir, le site web du quotidien
El Mundo annonçait qu'«au moins quatre ressortissants arabes» avaient été arrêtés en relation avec ses attaques.
El Mundo annonçait qu'«au moins quatre ressortissants arabes» avaient été arrêtés en relation avec ses attaques.
Face à l’accumulation d’éléments en faveur de la piste islamiste, le ministre de l’Intérieur espagnol a reconnu que l’enquête sur les attentats de Madrid «progressait dans deux directions». Angel Acebes continuait toutefois de privilégier samedi en milieu de journée la piste basque. «La ligne prioritaire doit être l’organisation terroriste qui agit de manière prioritaire en Espagne. C’est ce que dicte la logique et le bon sens et c’est la priorité de nos forces de sécurité», a-t-il ainsi affirmé lors d’une conférence de presse. «Aucun Espagnol ne peut être surpris de ce que la priorité soit la bande terroriste qui commet des attentats depuis trente ans en Espagne et qui a provoqué pratiquement 900 morts», a-t-il insisté. «Il n’y a aucun élément nouveau en ce qui concerne al-Qaïda –en référence à la deuxième piste suivie par les enquêteurs–», a par ailleurs ajouté le ministre soulignant que «la possible collaboration entre organisations terroristes faisait partie de l’enquête depuis le premier moment».
La veille, Angel Acebes avait annoncé qu’un sac à dos contenant une treizième bombe qui n’avait pas explosé avait été découvert parmi les effets personnels abandonnés dans les trains ciblés par les attentats. Ce sac contenait un engin explosif avec un dispositif de minuterie relié à un téléphone portable et de la mitraille destinée à rendre l’explosion plus meurtrière. Selon la radio Cadena Ser, le détonateur de cette treizième bombe est en cuivre, comme ceux trouvés la veille dans une fourgonnette abandonnée à bord de laquelle la police avait également découvert une cassette sur laquelle étaient enregistrés des versets du coran. L’analyse de l’explosif a permis de déterminer qu’il s’agissait de Goma-2 eco, une substance fabriquée en Espagne par l'entreprise Union espanola de Explosivos. Cet explosif n’est pas de même facture que celui utilisé ces dernières années par les séparatistes basques qui avaient pris l’habitude d’employer de la dynamite de type Tytadyn de fabrication française. La police a par ailleurs procédé à des analyses ADN sur des vêtements –cagoules, t-shirts, pulls et gants– trouvés à bord de la même fourgonnette.
Les renseignements convaincus par la piste islamiste
La radio Cadena Ser affirmait par ailleurs samedi après-midi que les services de renseignement espagnols étaient «persuadés à 99%» que des islamistes et non des séparatistes basques étaient à l’origine des attentats de jeudi. Selon des sources du Centre national de renseignement espagnol (CNI), citées par cette station proche de l’opposition socialiste, ces attaques sont «de nature radicale islamiste». Elles ont été commises par «un groupe nombreux d’entre dix et quinze individus qui pourraient déjà se trouver en dehors du pays». Ces mêmes sources pensent que les auteurs des attentats ont placé les sacs à dos dans les trains et qu’ils ont immédiatement pris la fuite, ne restant en Espagne que le temps indispensable, dans le cadre d’un plan coordonné et très préparé similaire à celui des attaques terroristes du 11 septembre contre Washington et New York.
A quelques heures des législatives et face à l’accumulation d’indices en faveur de la piste islamiste, de nombreux Espagnols, parmi lesquels des proches des victimes, ont réclamé du gouvernement qu’il agisse honnêtement et qu’il ne cache pas d'informations sur les auteurs des attentats. Plusieurs dirigeants politiques ont également eu la même réaction au nom du «droit de savoir». Le dirigeant nationaliste catalan Pere Macias, de la formation Convergence et Union (CiU), a ainsi mis en garde contre une «rétention d'informations» ou «une tromperie» concernant les responsables des attaques de jeudi qui, selon lui, pourraient provoquer une «crise morale et politique aux conséquences imprévisibles».
Dans la soirée de samedi, plus de deux mille personnes de tous âges se sont par ailleurs massées devant le siège du Parti Populaire de Jose Maria Aznar pour exiger la vérité avant les élections de dimanche. Les manifestants ont accouru à la suite de messages diffusés par Internet et SMS. Une pancarte affirmant «Aznar, par ta faute, nous payons tous» a été déroulée tandis que les manifestants criaient «les bombes d'Irak ont explosé à Madrid» ou encore «pour la démocratie, assez de dissimulation. Nous voulons savoir maintenant, nous voulons la vérité, finie la manipulation». La police anti-émeute casquée a du intervenir pour contenir les manifestants sur le trottoir opposé au siège de la formation politique du gouvernement sortant.
A écouter également:
Une bombe intacte a été retrouvée, Gilles Perez, journaliste à RFI, au micro de Arnaud Pontus, 5'06''
La veille, Angel Acebes avait annoncé qu’un sac à dos contenant une treizième bombe qui n’avait pas explosé avait été découvert parmi les effets personnels abandonnés dans les trains ciblés par les attentats. Ce sac contenait un engin explosif avec un dispositif de minuterie relié à un téléphone portable et de la mitraille destinée à rendre l’explosion plus meurtrière. Selon la radio Cadena Ser, le détonateur de cette treizième bombe est en cuivre, comme ceux trouvés la veille dans une fourgonnette abandonnée à bord de laquelle la police avait également découvert une cassette sur laquelle étaient enregistrés des versets du coran. L’analyse de l’explosif a permis de déterminer qu’il s’agissait de Goma-2 eco, une substance fabriquée en Espagne par l'entreprise Union espanola de Explosivos. Cet explosif n’est pas de même facture que celui utilisé ces dernières années par les séparatistes basques qui avaient pris l’habitude d’employer de la dynamite de type Tytadyn de fabrication française. La police a par ailleurs procédé à des analyses ADN sur des vêtements –cagoules, t-shirts, pulls et gants– trouvés à bord de la même fourgonnette.
Les renseignements convaincus par la piste islamiste
La radio Cadena Ser affirmait par ailleurs samedi après-midi que les services de renseignement espagnols étaient «persuadés à 99%» que des islamistes et non des séparatistes basques étaient à l’origine des attentats de jeudi. Selon des sources du Centre national de renseignement espagnol (CNI), citées par cette station proche de l’opposition socialiste, ces attaques sont «de nature radicale islamiste». Elles ont été commises par «un groupe nombreux d’entre dix et quinze individus qui pourraient déjà se trouver en dehors du pays». Ces mêmes sources pensent que les auteurs des attentats ont placé les sacs à dos dans les trains et qu’ils ont immédiatement pris la fuite, ne restant en Espagne que le temps indispensable, dans le cadre d’un plan coordonné et très préparé similaire à celui des attaques terroristes du 11 septembre contre Washington et New York.
A quelques heures des législatives et face à l’accumulation d’indices en faveur de la piste islamiste, de nombreux Espagnols, parmi lesquels des proches des victimes, ont réclamé du gouvernement qu’il agisse honnêtement et qu’il ne cache pas d'informations sur les auteurs des attentats. Plusieurs dirigeants politiques ont également eu la même réaction au nom du «droit de savoir». Le dirigeant nationaliste catalan Pere Macias, de la formation Convergence et Union (CiU), a ainsi mis en garde contre une «rétention d'informations» ou «une tromperie» concernant les responsables des attaques de jeudi qui, selon lui, pourraient provoquer une «crise morale et politique aux conséquences imprévisibles».
Dans la soirée de samedi, plus de deux mille personnes de tous âges se sont par ailleurs massées devant le siège du Parti Populaire de Jose Maria Aznar pour exiger la vérité avant les élections de dimanche. Les manifestants ont accouru à la suite de messages diffusés par Internet et SMS. Une pancarte affirmant «Aznar, par ta faute, nous payons tous» a été déroulée tandis que les manifestants criaient «les bombes d'Irak ont explosé à Madrid» ou encore «pour la démocratie, assez de dissimulation. Nous voulons savoir maintenant, nous voulons la vérité, finie la manipulation». La police anti-émeute casquée a du intervenir pour contenir les manifestants sur le trottoir opposé au siège de la formation politique du gouvernement sortant.
A écouter également:
Une bombe intacte a été retrouvée, Gilles Perez, journaliste à RFI, au micro de Arnaud Pontus, 5'06''
par Mounia Daoudi
Article publié le 13/03/2004