Espagne
Zapatero annonce un changement de cap
Appelé à devenir le prochain président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, dont le parti a contre toute attente remporté les législatives de dimanche, a très vite marqué la rupture avec la politique atlantiste suivie par son prédécesseur José Maria Aznar. Le jeune chef du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), qui était en première ligne des manifestations anti-guerre, s’est en effet engagé à respecter sa promesse électorale de rapatrier le contingent espagnol d’Irak. Il a en outre multiplié les déclarations en faveur d’un ancrage plus profond de l’Espagne en Europe. Des prises de position qui pourraient bien ne pas être sans conséquence sur les rapports de Madrid avec Washington.
Porté par sa victoire inattendue, José Luis Zapatero n’a pas hésité à marquer une rupture franche avec la diplomatie menée jusque-là par José Maria Aznar et ouvertement sanctionnée dimanche par les électeurs espagnols. Comme il l’avait promis tout au long de sa campagne, le jeune leader socialiste a donc assuré que «les troupes espagnoles en Irak allaient rentrer à la maison» d’ici le 30 juin prochain, date prévue pour le transfert de la souveraineté aux Irakiens. Il a même précisé qu’il annoncerait le rappel des 1 300 militaires déployés sur le terrain depuis l’été dernier «après l’investiture du nouveau congrès des députés» qui doit intervenir le 2 avril prochain. «La guerre d’Irak, a-t-il insisté, a été un désastre et l’occupation est aujourd’hui un désastre».
Fidèle à la ligne pacifiste défendue ces derniers mois par le PSOE, José Luis Zapatero a également souligné que ce genre de guerre «ne font que faire proliférer la haine, la violence et la terreur». Une condamnation sans appel du clan des va-t’en-guerre dans lequel l’Espagne s’était, contrainte et forcée, engouffrée sous José Maria Aznar. Ouvertement critique le leader socialiste ne s’est d’ailleurs pas gêné pour déclarer que le président américain George Bush et son fidèle allié britannique, Tony Blair, allaient «devoir faire leur autocritique». «On ne peut pas bombarder un peuple, a-t-il ainsi affirmé. Ils devront réfléchir et faire leur autocritique pour que cela ne se reproduise plus».
Ces premières déclarations de José Luis Zapatero portent à n’en point douter un coup dur à la fragile coalition qu’avait réussi à mettre en place l’administration Bush en Irak. Elle fragilise en effet la position de certains alliés de Washington, comme l’Italie par exemple dont la population s’était majoritairement prononcée contre la guerre. «Cela affaiblit terriblement la position des gouvernements qui ont envoyé des troupes suivre les Américains», estime ainsi Jean-Vincent Brisset de l’Institut des relations internationales et stratégiques. Selon lui, «il suffit du moindre attentat en Italie –qui a dépêché 3 000 soldats en Irak– ou en Pologne –qui a déployé 2 350 hommes– pour que leurs opinions publiques exigent aussi le retrait des troupes».
Europe toute !
Le rappel des militaires espagnols ne va certes pas avoir d’impact militaire majeur dans la mesure où le contingent espagnol déployé représente à peine 1% des forces mobilisées en Irak. Il n’en constitue pas moins un revers significatif pour l’administration Bush qui n’a pas ménagé ces efforts pour tenter d’internationaliser la crise irakienne. Dans ce contexte, la lune de miel entre Madrid et Washington pourrait bien connaître une fin soudaine. Et cela d’autant plus que les rapports entre George Bush et José Maria Aznar étaient devenus au fil du temps des rapports personnels, le chef du gouvernement espagnol étant un hôte apprécié du ranch de Crawford. Il s’était même prononcé publiquement pour la réélection de son ami le président américain.
Sans compter que le futur président du gouvernement espagnol semble bien décidé à ancrer son pays dans l’Europe. Alors que son prédécesseur a été, dans une très large mesure, responsable du blocage en décembre dernier de l’adoption de la Constitution européenne lors du sommet des chefs d’Etat, José Luis Zapatero a affirmé que «son intention était d’accélérer dès que possible l’adoption» de ce texte. «Je crois que nous parviendrons rapidement à un accord dans lequel puisse être maintenu un équilibre raisonnable de pouvoir pour définir la nouvelle Europe», a-t-il notamment déclaré. «L’Europe va être le cadre naturel de notre politique extérieure et mon intention est, bien entendu de retrouver la confiance de l’Union», a-t-il même insisté condamnant ouvertement la ligne choisie par le chef du gouvernement sortant.
Même si sur le fond, José Luis Zapatero n’est pas vraiment éloigné de la position défendue dans ce dossier par Aznar, ces critiques se sont surtout portées sur la forme. Le leader socialiste a en effet vivement condamné ces derniers mois l’intransigeance, voire l’arrogance, de son prédécesseur envers les partenaires européens de l’Espagne. Nul doute qu’il saura d’ailleurs comme il l’a si bien martelé «défendre les intérêts de son pays». A charge pour l’Allemagne et la France, qui défendent le projet de Constitution européenne tel qu’il est, de faire un geste «de bienvenue» envers le nouveau dirigeant espagnol. José Luis Zapatero a pour sa part déjà fait un premier pas en déclarant espérer renouer «des relations splendides» avec Paris et Berlin.
Fidèle à la ligne pacifiste défendue ces derniers mois par le PSOE, José Luis Zapatero a également souligné que ce genre de guerre «ne font que faire proliférer la haine, la violence et la terreur». Une condamnation sans appel du clan des va-t’en-guerre dans lequel l’Espagne s’était, contrainte et forcée, engouffrée sous José Maria Aznar. Ouvertement critique le leader socialiste ne s’est d’ailleurs pas gêné pour déclarer que le président américain George Bush et son fidèle allié britannique, Tony Blair, allaient «devoir faire leur autocritique». «On ne peut pas bombarder un peuple, a-t-il ainsi affirmé. Ils devront réfléchir et faire leur autocritique pour que cela ne se reproduise plus».
Ces premières déclarations de José Luis Zapatero portent à n’en point douter un coup dur à la fragile coalition qu’avait réussi à mettre en place l’administration Bush en Irak. Elle fragilise en effet la position de certains alliés de Washington, comme l’Italie par exemple dont la population s’était majoritairement prononcée contre la guerre. «Cela affaiblit terriblement la position des gouvernements qui ont envoyé des troupes suivre les Américains», estime ainsi Jean-Vincent Brisset de l’Institut des relations internationales et stratégiques. Selon lui, «il suffit du moindre attentat en Italie –qui a dépêché 3 000 soldats en Irak– ou en Pologne –qui a déployé 2 350 hommes– pour que leurs opinions publiques exigent aussi le retrait des troupes».
Europe toute !
Le rappel des militaires espagnols ne va certes pas avoir d’impact militaire majeur dans la mesure où le contingent espagnol déployé représente à peine 1% des forces mobilisées en Irak. Il n’en constitue pas moins un revers significatif pour l’administration Bush qui n’a pas ménagé ces efforts pour tenter d’internationaliser la crise irakienne. Dans ce contexte, la lune de miel entre Madrid et Washington pourrait bien connaître une fin soudaine. Et cela d’autant plus que les rapports entre George Bush et José Maria Aznar étaient devenus au fil du temps des rapports personnels, le chef du gouvernement espagnol étant un hôte apprécié du ranch de Crawford. Il s’était même prononcé publiquement pour la réélection de son ami le président américain.
Sans compter que le futur président du gouvernement espagnol semble bien décidé à ancrer son pays dans l’Europe. Alors que son prédécesseur a été, dans une très large mesure, responsable du blocage en décembre dernier de l’adoption de la Constitution européenne lors du sommet des chefs d’Etat, José Luis Zapatero a affirmé que «son intention était d’accélérer dès que possible l’adoption» de ce texte. «Je crois que nous parviendrons rapidement à un accord dans lequel puisse être maintenu un équilibre raisonnable de pouvoir pour définir la nouvelle Europe», a-t-il notamment déclaré. «L’Europe va être le cadre naturel de notre politique extérieure et mon intention est, bien entendu de retrouver la confiance de l’Union», a-t-il même insisté condamnant ouvertement la ligne choisie par le chef du gouvernement sortant.
Même si sur le fond, José Luis Zapatero n’est pas vraiment éloigné de la position défendue dans ce dossier par Aznar, ces critiques se sont surtout portées sur la forme. Le leader socialiste a en effet vivement condamné ces derniers mois l’intransigeance, voire l’arrogance, de son prédécesseur envers les partenaires européens de l’Espagne. Nul doute qu’il saura d’ailleurs comme il l’a si bien martelé «défendre les intérêts de son pays». A charge pour l’Allemagne et la France, qui défendent le projet de Constitution européenne tel qu’il est, de faire un geste «de bienvenue» envers le nouveau dirigeant espagnol. José Luis Zapatero a pour sa part déjà fait un premier pas en déclarant espérer renouer «des relations splendides» avec Paris et Berlin.
par Mounia Daoudi
Article publié le 15/03/2004