Espagne
Un vote endeuillé par le carnage de jeudi
Les Espagnols sont allés voter en masse dimanche pour élire leurs représentants au Cortes dans une ambiance endeuillée par les attentats sanglants qui ont frappé jeudi Madrid et dont le dernier bilan fait état de 200 morts et quelque 1 400 blessés. Jusqu’à la semaine dernière, le Parti populaire de Jose Maria Aznar était donné largement favori mais les attaques terroristes de jeudi ont introduit une inconnue dans l’élection avec leur impact sur le scrutin. Alors que les autorités espagnoles ont durant quarante-huit heures soutenu que l’organisation terroriste basque ETA était responsable du carnage de Madrid, la piste islamiste est désormais nettement privilégiée.
Des mesures de sécurité exceptionnelles ont été déployées dans les bureaux de vote pour que les 34 millions et demi d’Espagnols puissent aller élire leurs représentants au Cortes. Aux quelque 106 000 policiers, gardes civils et policiers provinciaux habituellement mobilisés –par crainte notamment d’actions d’ETA qui depuis des décennies intervient régulièrement dans les campagnes électorales– des forces additionnelles ont également été mises sur le pied de guerre, prêtes à intervenir en cas de besoin. Les attentats de Madrid ne semblent pas avoir découragé les Espagnols qui se sont déplacés en masse dans les bureaux de vote. Ils étaient en effet plus nombreux à se rendre aux urnes qu'aux législatives de 2000. A 18 heures, le taux de participation atteignait 62,54%, soit 7% de plus qu'il y a quatre ans à la même heure.
Quelques incidents ont toutefois émaillé les opérations de vote. Le chef du gouvernement sortant Jose Maria Aznar, tout comme son dauphin Mariano Rajoy, ont en effet dû affronter la colère de dizaines de manifestants qui les ont accusés d’être responsables du massacre terroriste du 11 mars. Depuis samedi, plusieurs milliers de personnes se sont également relayées devant le siège du Parti Populaire, au pouvoir en Espagne depuis huit ans, pour dénoncer la politique étrangère de l’équipe Aznar. Ces manifestants ont scandé des slogans hostiles au gouvernement, accusé de «manipulation» pour avoir défendu contre vents et marées, pour des raisons électoralistes, la thèse d’une responsabilité d'ETA alors que l’organisation terroriste avait catégoriquement démenti son implication dans les attentats de Madrid et que la nébuleuse islamiste al-Qaïda les avait revendiqués.
Cinq suspects arrêtés
Samedi soir, une nouvelle revendication du réseau terroriste d’Oussama Ben Laden est venue conforter la piste islamiste. Dans cet enregistrement vidéo, trouvé dans une poubelle à proximité de la grande mosquée de Madrid, un homme parlant arabe «avec un accent marocain» a revendiqué les attaques de jeudi au nom d’un porte-parole militaire d’al-Qaïda en Europe, Abou Dujan al Afghani. «Nous déclarons notre responsabilité pour ce qui est arrivé à Madrid exactement deux ans et demi après les attentats de New York et washington», affirme-t-il notamment. Selon lui, les attentats sont «une réponse à la collaboration» de l’Espagne «avec le criminel Bush et ses alliés». «C’est en réponse aux crimes que vous avez commis dans le monde et concrètement en Irak et en Afghanistan et il y en aura d’avantage si Dieu le veut», a également ajouté l’homme.
Peu avant l’annonce de cette nouvelle revendication d’al-Qaïda, le ministre de l’Intérieur, Angel Acebes, avait annoncé l’arrestation de cinq suspects. Les cinq hommes, trois Marocains et deux Indiens, sont soupçonnés d’être impliqués dans la vente et la falsification du téléphone portable et de la carte sim trouvés dans le sac à dos qui n’a pas explosé dans l’un des trains. L'appareil servait, selon les enquêteurs, au dispositif de mise à feu de la bombe qui a été découverte intacte après les attentats. Le ministre a précisé dimanche que la loi antiterroriste serait appliquée aux cinq hommes. Cette loi permet de maintenir des suspects en garde à vue pendant cinq jours au lieu de trois. Les autorités marocaines ont dès samedi soir révélé l’identité des trois Marocains interpellés. Les trois hommes vivaient en «situation régulière» en Espagne, ont-elles souligné.
A écouter également:
Le journal de 13 heures largement consacré aux événements en Espagne, 23'31''
Quelques incidents ont toutefois émaillé les opérations de vote. Le chef du gouvernement sortant Jose Maria Aznar, tout comme son dauphin Mariano Rajoy, ont en effet dû affronter la colère de dizaines de manifestants qui les ont accusés d’être responsables du massacre terroriste du 11 mars. Depuis samedi, plusieurs milliers de personnes se sont également relayées devant le siège du Parti Populaire, au pouvoir en Espagne depuis huit ans, pour dénoncer la politique étrangère de l’équipe Aznar. Ces manifestants ont scandé des slogans hostiles au gouvernement, accusé de «manipulation» pour avoir défendu contre vents et marées, pour des raisons électoralistes, la thèse d’une responsabilité d'ETA alors que l’organisation terroriste avait catégoriquement démenti son implication dans les attentats de Madrid et que la nébuleuse islamiste al-Qaïda les avait revendiqués.
Cinq suspects arrêtés
Samedi soir, une nouvelle revendication du réseau terroriste d’Oussama Ben Laden est venue conforter la piste islamiste. Dans cet enregistrement vidéo, trouvé dans une poubelle à proximité de la grande mosquée de Madrid, un homme parlant arabe «avec un accent marocain» a revendiqué les attaques de jeudi au nom d’un porte-parole militaire d’al-Qaïda en Europe, Abou Dujan al Afghani. «Nous déclarons notre responsabilité pour ce qui est arrivé à Madrid exactement deux ans et demi après les attentats de New York et washington», affirme-t-il notamment. Selon lui, les attentats sont «une réponse à la collaboration» de l’Espagne «avec le criminel Bush et ses alliés». «C’est en réponse aux crimes que vous avez commis dans le monde et concrètement en Irak et en Afghanistan et il y en aura d’avantage si Dieu le veut», a également ajouté l’homme.
Peu avant l’annonce de cette nouvelle revendication d’al-Qaïda, le ministre de l’Intérieur, Angel Acebes, avait annoncé l’arrestation de cinq suspects. Les cinq hommes, trois Marocains et deux Indiens, sont soupçonnés d’être impliqués dans la vente et la falsification du téléphone portable et de la carte sim trouvés dans le sac à dos qui n’a pas explosé dans l’un des trains. L'appareil servait, selon les enquêteurs, au dispositif de mise à feu de la bombe qui a été découverte intacte après les attentats. Le ministre a précisé dimanche que la loi antiterroriste serait appliquée aux cinq hommes. Cette loi permet de maintenir des suspects en garde à vue pendant cinq jours au lieu de trois. Les autorités marocaines ont dès samedi soir révélé l’identité des trois Marocains interpellés. Les trois hommes vivaient en «situation régulière» en Espagne, ont-elles souligné.
A écouter également:
Le journal de 13 heures largement consacré aux événements en Espagne, 23'31''
par Mounia Daoudi
Article publié le 14/03/2004