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Espagne

Des terroristes font exploser leur planque

Les enquêteurs espagnols sur les lieux de l'explosion, dans le quartier de Leganes, une banlieue populaire de Madrid. 

		(Photo : AFP)
Les enquêteurs espagnols sur les lieux de l'explosion, dans le quartier de Leganes, une banlieue populaire de Madrid.
(Photo : AFP)
Préférant mourir que d’être arrêtés par les policiers qui entouraient l’appartement où ils se cachaient, des hommes soupçonnés d’être impliqués dans les attentats du 11 mars à Madrid, ont fait exploser leur planque. Un policier qui participait à l’intervention a été tué et onze autres ont été blessés. Après la découverte d’une bombe sur la ligne de train Madrid-Séville, la veille, cette nouvelle affaire semble indiquer que les réseaux terroristes islamistes sont très organisés en Espagne.

Un trou béant dans une façade d’immeuble écroulée, c’est le triste spectacle que les habitants du quartier de Leganes, une banlieue populaire du sud-ouest de Madrid, qui avaient été évacués au moment de l’intervention policière de samedi soir, ont découvert en rentrant chez eux. La déflagration provoquée par l’explosion dans l’appartement des terroristes a, en effet, été particulièrement forte. L’immeuble dans lequel ils se trouvaient est presque détruit et les bâtiments voisins sont aussi endommagés.

Tout a commencé lorsque les forces de police espagnoles ont pris position autour de la planque d’un groupe d’hommes soupçonnés d’être impliqués dans les attentats du 11 mars et repérés grâce à leurs téléphones portables, dans la soirée du 3 avril. Alertés par les mouvements provoqués par la mise en place du dispositif qui mobilisait un grand nombre d’agents mais aussi des hélicoptères, les occupants de l’appartement ont tout d’abord tiré sur les policiers en diffusant des chants en arabes. Les forces de l’ordre ont alors décidé d’évacuer les immeubles du quartier avant de lancer leur intervention pour interpeller les suspects. C’est au moment où une équipe entrait dans le bâtiment où ils se trouvaient pour donner l’assaut, que les hommes ont finalement fait exploser leur appartement.

Remonter les filières islamistes

Les autorités espagnoles ont confirmé qu’un agent du Groupe d’intervention spéciale avait été tué et que onze de ses collègues avaient été blessés. Elles ont aussi indiqué que les cadavres de quatre suspects avaient été retrouvés sur les lieux. Des tests ADN réalisés sur les restes des corps mutilés retrouvés dans les décombres ont permis dimanche d’identifier trois des terroristes, selon le ministre de l’Intérieur, Angel Acebes. L’un d’eux serait Serhane Ben Abdelmajid Fakhet, dit «le Tunisien», un homme soupçonné d’être le «cerveau» des attentats de Madrid. La justice espagnole avait d’ailleurs délivré, il y a quelques jours, des mandats d’arrêt internationaux contre lui et cinq suspects d’origine marocaine : Jamal Ahmidan, Mohamed Oulad Akcha, Rachid Oulzd Akcha, Saïd Berrraj et Abdennabi Koujaa. Ce denier est l'un des trois autres terroristes qui se sont fait exploser samedi.

L’enquête sur les attentats du 11 mars semble donc progresser en Espagne. Quinze des vingt-quatre personnes interpellées dans le cadre de ces investigations ont été maintenues en détention et sont accusées d’avoir participé ou collaboré à l’organisation des attentats par le juge Juan del Olmo. La principale piste des enquêteurs est celle du Groupe islamiste marocain combattant (GICM), dont le chef Abdelkrim Maejjati aurait séjourné à Madrid quelques jours avant les attentats du 11 mars. Une organisation qui pourrait être liée avec le réseau Al Qaïda.

Peu à peu, les investigations permettent de remonter les filières islamistes et l’intervention de la police menée dans le quartier de Leganes montre que l’étau se resserre autour des terroristes actifs en Espagne. Mais d’un autre côté, la réaction des hommes cernés par la police a de quoi inquiéter les autorités et la population. Non seulement, elle révèle qu’ils disposaient de grandes quantités d’explosifs et qu’ils préparaient vraisemblablement d’autres opérations. Mais en plus, elle prouve que ces hommes étaient tellement déterminés puisqu’ils ont préféré se transformer en kamikazes, provoquer une explosion à l’arrivée de la police et «s’immoler», comme l’a indiqué le ministre de l’Intérieur espagnol, plutôt que d’être arrêtés. Après le 11 mars, la découverte d’une bombe sur la ligne de train Madrid-Séville, des lettres de menace contre les intérêts espagnols en Afrique du Nord, les alertes terroristes s’enchaînent en Espagne et montrent que les réseaux extrémistes islamistes y sont décidément très organisés. Malgré tout, les autorités estiment que l'intervention menée samedi a permis de décapiter le réseau qui a organisé les attentats du 11 mars et qui était aussi vraisemblablement impliqué dans la tentative d'attentat ratée contre le TGV Madrid-Séville.



par Valérie  Gas

Article publié le 04/04/2004 Dernière mise à jour le 04/04/2004 à 17:54 TU