Démographie
72 millions d’Égyptiens
(Photo : AFP)
Avec une nouvelle naissance toutes les 23 secondes et demie, les Égyptiens vivent de plus en plus à l’étroit. C’est ce que révèlent les derniers chiffres publiés par l’organisme général des statistiques. Fin 2004 ils étaient 72 millions, dont 2 millions à l’étranger et plus de 69 millions sur les 45 000 kilomètres carrés de la fleur de lotus que constitue la Vallée du Nil et le Delta. Plus de 1 500 habitants au kilomètre carré !
Le centre de la fourmilière est le grand Caire avec près de 20% des habitants d’Égypte. La mégapole compte 14 millions d’habitants la nuit auxquels se rajoutent 4 à 5 millions de «visiteurs » le jour et cela malgré le fait que l’exode rural est en baisse. Mais qu’en est-il des autres 965 000 kilomètres carrés que compte l’Égypte ? Ce grand désert n’est habité que par 700 000 personnes. Moins que la population du quartier de Matariah au nord du Caire qui détient le record égyptien de «la boîte de sardines». Toutes les campagnes de «conquête du désert » et les grands projets étatiques ont visiblement échoué. Les Égyptiens restent attachés à leur cher limon du Nil qu’ils grignotent au gré des constructions sur les terres agricoles.
L’explosion démographique « mère de tous les maux »De quoi conforter le président Hosni Moubarak dans le reproche qu’il fait constamment aux Égyptiens «de vouloir faire concurrence aux lapins » ! En effet, pour le raïs, l’explosion démographique est «la mère de tous les maux ». Pourtant, les vastes campagnes de planning familial combinées à la cherté croissante de la vie et à la difficulté à se loger qui ont fait passer l’âge moyen du mariage à plus de 30 ans. La croissance naturelle est en baisse constante. En 2004 elle n’était plus que de 19,4 pour mille contre 19,6 en 2003 et la famille moyenne est descendue sous le seuil symbolique des cinq membres (4,7). Les résultats auraient été encore plus saisissants si les décès n’avaient pas, eux aussi, baissé. Les Égyptiens vivent plus vieux : 68 ans d’espérance de vie pour les hommes et 73 ans pour les femmes. Une longévité qui commence à affecter la sécurité sociale qui avait longtemps été la caisse où puisait allègrement le gouvernement pour combler ses déficits. Pourquoi pas puisque la plupart des Égyptiens mourraient avant d’avoir atteint l’âge de la retraite !
Cela n’empêche pas la population égyptienne de rester jeune. Les moins de 15 ans constituent 38% de la population. Ce sont eux qui pèsent lourdement sur le budget d’une éducation nationale gratuite même si l’Égypte compte officiellement encore 27% d’analphabètes. Un chiffre qui augmente nettement (près de 40%) si l’on applique les normes internationales. Ce sont surtout les femmes qui sont affectées par ce mal (près de 60%). Les femmes qui sont aussi en minorité croissante puisqu’elles comptaient près de deux millions de moins que les hommes. Un chiffre qu’il faut tempérer par le fait que la plupart des deux millions d’expatriés égyptiens sont des hommes.
Autre bonne nouvelle, si l’on en croit les statistiques officielles, le chômage est en baisse. Le taux de sans emplois est passé de 10,8% en 2003 à 10,5% en 2004. Cela continue quand même à faire plus de deux millions de chômeurs sur les 21 millions de travailleurs. D’ailleurs ces chiffres sont contestés par la plupart des experts dont certains estiment le chômage à près de 20%. Une chose est sûre : le phénomène affecte surtout les moins de 25 ans dont 40% ne trouvent pas d’emploi. La légère reprise de l’économie due au boum touristique permettra-t-elle d’amorcer un début de solution ? Il faudrait créer 80 000 nouveaux emplois annuels en plus de ceux qui sont déjà créés.
par Alexandre Buccianti
Article publié le 17/02/2005 Dernière mise à jour le 17/02/2005 à 12:06 TU