Espagne
Large victoire du « oui », forte abstention
(Photo: AFP)
L’Espagne n’était pas le premier, mais le quatrième des pays de l’Union européenne à ratifier le projet de constitution des Vingt-Cinq. Mais les autres (Lituanie, Hongrie et Slovénie) avaient choisi la voie parlementaire. Autant dire que le scrutin espagnol était suivi avec attention par ceux des membres de l’UE, tels la France ou le Royaume-Uni qui ont également choisi de faire appel au peuple.
Le résultat ne faisait guère de doute : un large succès du « oui » qui obtient 76,32 % des suffrages exprimés. Mais la participation est faible : 42,32 %. Les raisons de cette faible mobilisation sont multiples : dans ce pays où l’hostilité à la construction européenne est ultra-minoritaire, l’abstention traduit davantage un manque d’intérêt pour un scrutin dont le résultat était connu d’avance. Mais elle comporte également un message politique plus fort –et plus préoccupant pour le Premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero : le Parti populaire espagnol (PPE), officiellement partisan du « oui », n’a fait campagne que du bout des lèvres, laissant entendre qu’il ne fallait pas permettre au nouveau dirigeant socialiste de bénéficier politiquement d’une victoire à ce référendum. De même, l’Église catholique, dont la hiérarchie est en délicatesse avec le pouvoir sur des questions de société (divorce, union libre, avortement, etc.) a fait savoir que l’abstention était une option légitime.
Un effet d’entraînement sur le reste de l’Europe ?
Bien que la participation électorale ne soit pas « scandaleusement basse », selon l’expression du politologue espagnol Juan Diez, le prestige politique de Zapatero pourrait en être quelque peu affecté. Pour autant, ce dernier a appelé le reste de l’Europe « à suivre le chemin ouvert » par les électeurs espagnols. Une invitation qui s’adresse tout particulièrement aux électeurs français qui seront appelés aux urnes vraisemblablement en mai, mais aussi aux Portugais, qui voteront en avril après avoir, ce dimanche, donné une majorité aux socialistes.
En France, le président Jacques Chirac, qui avait fait le déplacement à Barcelone pour soutenir le « oui » aux côtés de Zapatero, a repris la formule même de celui-ci, estimant que le vote espagnol « montre le chemin aux autres pays qui ratifieront ce traité dans les mois à venir ». Même formulation pour François Hollande, le premier secrétaire du PS qui, lui aussi, a fait campagne aux côtés de Zapatero après avoir remporté un premier référendum sur la constitution, celui qu’il a organisé au sein de son parti en faveur du « oui ». A Bruxelles, les responsables de la Commission, qu’il s’agissent de son président José Manuel Durão Barroso ou du responsable de la politique étrangère, l’Espagnol Javier Solana se réjouissent également.
Mais les adversaires du projet, notamment en France, n’ont pas manqué de souligner la forte abstention. Pour le socialiste (partisan du « non ») Henri Emmanuelli, ce vote est « la confirmation d’une véritable carence démocratique de l’Europe qui devient très, très, très préoccupante ». Le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon, également opposé au texte, parle quant à lui d’un « immense flop ».par Olivier Da Lage
Article publié le 21/02/2005 Dernière mise à jour le 21/02/2005 à 13:26 TU