Irak
Carnage dans la ville chiite de Hilla
(Photo : AFP)
L’attentat a été minutieusement préparé avec pour objectif de faire un maximum de victimes. Selon les premiers éléments de l’enquête en effet, la voiture piégée a été bourrée de plusieurs dizaines de kilogrammes de TNT ainsi que de nombreux obus de mortier, dont trois n’ont pas explosé et ont été découverts dans les débris. Le lieu choisi pour mener l’attaque n’est pas non plus anodin puisque contrairement à ce qui s’était produit dans le passé, l’attentat de Hilla n’a pas visé des centres de recrutement de l’armée ou de la police –de mieux en mieux surveillés– mais un dispensaire proche du siège de la municipalité devant lequel une foule de civils faisait la queue. Des dizaines d’anciens fonctionnaires étaient en effet rassemblés devant le bâtiment dans l’attente de passer des visites médicales en vue de leur réintégration dans l’administration. Et de nombreux marchands ambulants avaient choisi le lieu très animé à cette heure de la journée pour proposer leurs produits.
La majorité des victimes de l’attaque qui a été perpétrée vers 9h30 heure locale sont donc des civils. Le gouverneur de la province de Babylone, dont Hilla est le chef-lieu, Walid Janabi, a ainsi dénoncé «un acte criminel qui a visé des citoyens qui n’ont aucune relation avec l’armée et la police et qui avaient choisi de vivre en paix». Son adjoint, Hassoun Ali Hassoun, a pour sa part parlé du «crime le plus odieux jamais commis dans la ville». Il a également regretté que cet acte ait été dirigé contre «des civils innocents à la recherche d’un emploi et des petits commerçants qui tentaient de subsister». Alors que jusqu’à présent seuls les Irakiens désireux de s’engager dans la police et dans l’armée avaient été victimes d’attaques de la guérilla, il semblerait désormais que toute personne qui souhaite trouver un emploi dans la fonction publique soit une cible pour les rebelles.
Un demi-frère de Saddam arrêtéL’attentat de Hilla, le plus meurtrier depuis un an, met en tout cas un terme à la théorie selon laquelle la résistance irakienne aurait été sérieusement affaiblie après l’assaut mené l’automne dernier contre la ville rebelle de Falloujah. Les autorités irakiennes avaient également annoncé la semaine dernière la capture de l’un des lieutenants du Jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, l’homme dont la tête a été mise à prix 25 millions de dollars par l’administration américaine, et ne donnait pas cher de la peau de celui qui avait été adoubé par Oussama Ben Laden comme son représentant en Irak. L’arrestation d’Abou Qoutayba a cependant été démentie dès dimanche par un site islamiste qui souligne qu’il s’agit «d’une tentative désespérée pour remonter le moral des troupes» de la coalition. «Nos leaders se portent vraiment bien grâce à Dieu ils mènent les rangs des fidèles dans la bataille», indique notamment le communiqué.
Les autorités irakiennes ont toutefois enregistré un succès non négligeable avec l’arrestation d’un demi-frère de Saddam Hussein, capturé non loin de la frontière syrienne. Sabaoui Ibrahim al-Hassan al-Tikriti était le chef du puissant service de renseignement de l’ancien homme fort de Bagdad et figurait à la 36ème place sur la liste américaine des 55 personnalités les plus recherchées de l’ancien régime. Selon un responsable du ministère irakien de l’Intérieur, Ali Kamel, le demi-frère du président déchu disposait d’«énormes sommes d’argent héritées des caisses de l’ancien parti Baas qu’il utilisait pour financer des actions terroristes». Son arrestation a été rendue possible grâce à de patrouilles intensives sur la frontière syro-irakienne et à des informations sur ses déplacements obtenues auprès de «terroristes arrêtés dans la région de Mossoul».
Mais selon un haut responsable du gouvernement, qui a souhaité garder l’anonymat, le régime de Bachar al-Assad a joué un rôle dans la capture du demi-frère de Saddam Hussein. «Avec autant de problèmes à régler en ce moment, les Syriens se sont montrés des partenaires de bonne volonté dans cette affaire», a déclaré, à l’agence Reuters, ce responsable. Il faisait référence à la pression internationale de plus en plus forte contre Damas accusé de soutenir les groupes extrémistes palestiniens –Israël l’a ouvertement accusé d’être derrière l’attentat de Tel Aviv qui a fait vendredi soir cinq morts–, d’être laxiste dans sa lutte présumée contre les insurgés irakiens qui utilise son territoire comme base-arrière et plus récemment d’être derrière ou de n’avoir pas su empêcher l’attentat qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri.
par Mounia Daoudi
Article publié le 28/02/2005 Dernière mise à jour le 28/02/2005 à 15:17 TU