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Otages

Appel à l’aide de Florence Aubenas

Dans une cassette vidéo diffusée mardi sur la chaîne d'information Sky-Italia, Florence Aubenas appelle à l'aide. La journaliste française du quotidien Libération a été enlevée en Irak, le 5 janvier avec son guide irakien Hussein Hanoun al-Saadi.(Photo : AFP)
Dans une cassette vidéo diffusée mardi sur la chaîne d'information Sky-Italia, Florence Aubenas appelle à l'aide. La journaliste française du quotidien Libération a été enlevée en Irak, le 5 janvier avec son guide irakien Hussein Hanoun al-Saadi.
(Photo : AFP)
Un enregistrement vidéo diffusé mardi 1er mars par la rebellion irakienne donne «une preuve de vie» de Florence Aubenas, disparue en Irak depuis le 5 janvier, mais aucune de son chauffeur irakien, Hanoun al-Saadi. Un appel à l’aide, qui donne peu d’informations sur la situation des deux otages.

La journaliste est vivante: «Mon nom est Florence Aubenas. Je suis Française . Je suis journaliste et je travaille pour Libération. (…) Ma santé est très mauvaise. Je suis également très mal au plan psychologique», déclare l’envoyée spéciale en Irak pour le quotidien Libération, sur un enregistrement remis à des organes de presse à Bagdad et diffusé sur la chaîne d'information Sky-Italia.

Vêtue d’un tee-shirt qui semblait sale et d’un pantalon noir, des traces grises sur le visage, la journaliste apparaît très éprouvée, les traits creusés, et les cheveux tombant dans les yeux: «Aidez-moi, c’est urgent», ajoute-t-elle, assise devant un fond rouge, et regardant droit dans la caméra, les jambes ramenées sur la poitrine. Aucun élément ne permet de situer ou dater l’enregistrement de cette cassette. La cassette n'est accompagnée d'aucune revendication, et ne donne aucune information sur l'identité des ravisseurs.

«Je lance un appel au député français Didier Julia. S’il vous plaît, Monsieur Julia, aidez-moi», ajoute-t-elle dans cette vidéo très brève (moins d’une minute) où elle sollicite tout particulièrement le concours du député français UMP de Seine-et-Marne. L’appel personnel à Didier Julia intrigue d'autant que le député avait mené en septembre dernier une démarche parallèle à celle menée par les autorités françaises pour libérer les deux journalistes et anciens otages Georges Malbrunot et Christian Chesnot. L' initiative avait échoué, et avait été catégoriquement condamnée par le gouvernement français. Mais de son côté, Didier Julia a prétendu avoir toutefois joué un rôle effectif dans la libération, le 21 décembre 2004, des deux journalistes, déclarant que les quatre mois de détention des otages, ont été «quatre mois d’incompétence» de Michel Barnier, qu’il qualifie de «ministre complètement nul».

Didier Julia, joint par téléphone par l’AFP, s’est déclaré «catastrophé» quand il a entendu cet appel à l’aide, parce que «à la demande d’un ministre [ses] collaborateurs sont mis en examen avec contrôle judiciaire», et que «[lui-même est] dans l’attente d’une convocation du juge [Jean-Louis] Bruguière pour être mis en examen» (…) Je suis dans une situation où je suis paralysé», a-t-il déclaré, ajoutant: «Il dépend des services de l’Etat de me rendre ma liberté d’action ou pas».

La chronologie de la cassette est en cours d'expertise

Le gouvernement français ne veut pas que le parlementaire agisse seul dans cette affaire. Bernard Accoyer, président du groupe UMP (parti majoritaire) à l’Assemblée nationale s’est exprimé devant la presse en ce sens, ajoutant que les autorités françaises souhaitaient, en revanche, que Didier Julia «se tienne à disposition du gouvernement, comme tout parlementaire, dans une situation aussi grave que celle-ci».

L’entourage du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a indiqué par ailleurs qu’une cassette, semble-t-il différente de celle diffusée mardi, avait déjà été montrée jeudi dernier par les autorités françaises à la famille de Florence Aubenas: «La chronologie est en cours d’expertise», car «il y a de multiples interférences dans ce genre d’affaires venant d’individus ou de groupes organisés. Il faut vraiment faire un travail de validation», en particulier en ce qui concerne le message en direction de Didier Julia, a précisé la même source. En effet, l’appel à l’aide et l’absence de revendication soulèvent de nombreuses interrogations, d’autant que «dans la cassette montrée à la famille le nom de Didier Julia n’était pas mentionné», a isouligné Serge July. Michel Barnier, ministre français des Affaires étrangères, a été très clair, assurant que la préoccupation première du gouvernement était d'asgir dans l'intérêt et «la sécurité des otages».

Florence Aubenas est au moins le troisième reporter français à être enlevé en Irak. Les journalistes Georges Malbrunot et Christian Chesnot ont été libérés peu avant les fêtes de Noël, après quatre mois de détention. La journaliste italienne Giulana Sgrena, travaillant pour le quotidien indépendant Il Manifesto, enlevée au début du mois dernier, est toujours en détention en Irak. Dans une cassette vidéo diffusée le 16 février elle demandait, en larmes, le retrait des troupes italiennes de l’Irak. Plusieurs manifestations de solidarité ont été organisées en France et en Italie.


par Dominique  Raizon

Article publié le 01/03/2005 Dernière mise à jour le 02/03/2005 à 11:42 TU

Audio

Anne Le Nir

Correspondante de RFI en Italie

«En Italie, toutes les chaînes de télévision montrent les vidéos des otages en Irak.»

Robert Ménard

Secrétaire général de Reporters sans frontières

«Ce que l'on pensait être une prise d'otages crapuleuse a peut-être des raisons politiques.»

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