Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Italie

Une libération endeuillée

La journaliste italienne, très affaiblie à sa sortie de l'avion qui la ramène à Rome, après un mois de captivité en Irak.(Photo : AFP)
La journaliste italienne, très affaiblie à sa sortie de l'avion qui la ramène à Rome, après un mois de captivité en Irak.
(Photo : AFP)
L’ex-otage italienne, Giuliana Sgrena, libérée par ses ravisseurs vendredi soir après un mois de captivité, est arrivée samedi en Italie. La journaliste, blessée à l’épaule, est apparue visiblement fatiguée. Sa libération a été endeuillée par une «bavure» de l'armée américaine. Après avoir été relâchée, Giuliana Sgrena a été blessée par des tirs venant d’un barrage américain près de l’aéroport de Bagdad. Ce grave incident a causé la mort du chef des services speciaux italiens. L’émotion est immense en Italie. Les Etats-Unis ont promis une enquête rapide.

L’ex-otage italienne Giuliana Sgrena est arrivée, samedi à la mi-journée, à Rome, après un mois de captivité en Irak et après une libération mouvementée qui a tourné à une «bavure» américaine. Le convoi qui exfiltrait d’Irak la journaliste italienne a en effet été pris sous le feu de tirs américains sur un chek point près de l’aéroport de Bagdad. Giuliana Sgrena a été blessée à l'épaule et deux membres des services secrets spéciaux en Irak ont été blessés, dont un grièvement. Leur chef, Nicola Calipari, 51 ans, a été tué dans cette fusillade, alors qu’il tentait de protéger la journaliste italienne.

A son arrivée à Rome, la journaliste d’Il Manifesto -visiblement fatiguée et l'épaule en écharpe- a directement été transférée vers un hôpital militaire pour subir une opération de la clavicule gauche. Elle a raconté sa version des faits aux magistrats italiens venus l’interroger. Selon elle, «l’action de feu n’était pas justifiée par l’allure du véhicule qui roulait à vitesse normale, et non susceptible de malentendus». La version américaine par la bouche de l'ambassadeur en Italie est bien différente, il évoque «une vitesse excessive du véhicule, des signaux d'alerte et de tirs de semonce». En Italie, la polémique fait rage, les collègues d'Il manifesto de Giuliana parlent «d'acte volontaire» des Américains et son compagnon avance même l'hypothèse «d'une embuscade».

L’ouverture d’une enquête


Toute l’Italie s’est réjouie de cette libération, depuis un mois, tout le pays vivait au rythme de cette prise d'otage. Mais l’intervention violente des forces américaines et la mort de l’agent Nicola Calipari ont fait l’effet d’une douche froide, l’émotion est immense dans le pays. Vendredi soir, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a convoqué l'ambassadeur des Etats-Unis à Rome pour tenter d'obtenir des éclairages sur l’incident survenu lors du transfert de la journaliste vers l’aéroport de Bagdad. Pour sa part, le parquet de Rome a ouvert une enquête sur les conditions de la mort du chef des services secrets italiens Nicola Calapari.

Le président George Bush a de son côté appelé le président du conseil italien, Silvio Berlusconi, pour lui exprimer «ses condoléances» et lui promettre «une enquête approfondie». Les Etats Unis se sont engagés à mener une enquête rapide et complète sur ce dossier. Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères, Gianfranco Fini, a exprimé l'espoir que ce drame n'engendrerait pas «une réaction antiaméricaine» dans le pays.

Mais il faut s’attendre à une pression croissante sur le gouvernement pour qu’il retire les troupes d’Irak. Samedi dans l'après-midi, une centaine de manifestants se sont rassemblés devant l'ambassade américaine à Rome pour demander le retrait des forces militaires italiennes en Irak troupes. Le grand tirage de la presse, le Corriere della Sera, craint our sa part que cet incident ne dégénère dans «un nouvel affrontement entre la gauche et la droite». Une importante partie de l'opinion publique s’est prononcée contre une intervention américaine en Irak et les manifestations pour la paix ont été très nombreuses en Italie. L'opposition pourrait réclamer le retour immédiat des 3000 soldats italiens basés dans le sud de l’Irak. Piero Fassino, secrétaire des Démocrates de gauche, a jugé «absurde une mort provoquée par qui affirme être en Irak pour protéger les citoyens».

Cette libération redonne espoir aux proches de la journaliste française Florence Aubenas. Le ministère des Affaires Etrangères français salue la libération de Giuliana Sgréna et réitère son appel à la libération dans les plus brefs délais de la reporter de Libération et de son guide Hussein Hannoun.


par Myriam  Berber (avec AFP)

Article publié le 05/03/2005 Dernière mise à jour le 06/03/2005 à 17:24 TU