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Djibouti

Guelleh à 100%

Omar Guelleh a été déclaré réélu à 100% des suffrages exprimés.AFP
Omar Guelleh a été déclaré réélu à 100% des suffrages exprimés.
AFP
L’élection présidentielle sans suspens a aussi connu une issue sans surprise. Le seul et unique candidat, le président sortant, Ismaël Omar Guelleh, aurait bénéficié de la totalité des suffrages exprimés.

Les résultats officiels de l’élection présidentielle du 8 avril 2005 ont très vite été rendus publics, confirmant Ismaël Omar Guelleh dans son fauteuil de président de la République. Seul candidat en lice, il a  été déclaré élu par 100% des suffrages exprimés, le ministère de l’Intérieur chiffrant, le taux de participation à 78,9%. Cela n’empêche pas l’opposition qui, a appelé au boycott du scrutin, d’affirmer que son mot d’ordre a été suivi « par 80% des électeurs djiboutiens ». L’opposition et le pouvoir revendiquent, chacun pour son camp, les mêmes chiffres ce qui témoigne bien de la manipulation fantaisiste des données, selon les thèses à défendre.  

L’opposition qui n’a pas mené une enquête sérieuse et vérifiable se fonde uniquement sur une pétition de « 100 000 personnes »  qui dénonce la « mascarade électorale». Selon elle, la tendance s’est confirmée le jour de l’élection et elle estime que la majorité des 198 332 électeurs ne s’est pas déplacée. « Aux dernières élections législatives en 2003, les deux partis (opposition et majorité présidentielle) avaient concouru et le taux de participation était de 48%. Aujourd’hui que le président est tout seul et qu’il y a boycottage, annoncer un chiffre de 79% de participation, c’est le comble du ridicule », a déclaré Ahmed Youssouf un des leaders de l’opposition.

Opération « Liberté immuable »

« Cent pour cent de ceux qui ont gagné ont tenté leur chance » disait une publicité de la « Française des jeux ». De même, se déplacer pour un vote sans enjeu, c’est forcément apporter sa voix à l’unique candidat, celui qui sera, malgré tout, élu. Cette évidence a servi d’argument implacable à la majorité présidentielle qui se félicite du « plébiscite » en faveur du président Ismaël Omar Guelleh. De nombreux observateurs et les organisations de défense des droits de l’Homme, tout en acceptant l’évidence des suffrages recueillis par le président sortant, se sont néanmoins interrogés sur les chiffres du taux de participation qui leur semblent « bien gonflés ». Toutefois, le ministère de l’Intérieur a reconnu 5,7% de bulletins déclarés nuls.

L’annonce de la victoire « haut les mains » du candidat président Ismaël Omar Guelleh n’a soulevé aucune réaction dans le pays. Le seul acte post électoral a été celui du président lui-même, qui annonce un remaniement de son gouvernement et qui renouvelle ses intentions de « développer le pays », de « lutter contre la pauvreté » et de « promouvoir la bonne gouvernance ». L’opposition salue dans son ensemble la grande indifférence manifestée par les populations mais s’indigne de celle de la communauté internationale, ou tout au moins du silence de la France et des Etats-Unis. Mais la realpolitik a, ici aussi, ses raisons que la raison ignore. Ce petit pays, dans la corne de l’Afrique, où vivent moins de 700 000 personnes, occupe une position stratégique à l’embouchure de la mer Rouge face à la péninsule arabique.

Ancienne colonie française, Djibouti abrite la principale base militaire française à l’étranger (plus de 2 800 hommes). Suite aux attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis une base militaire américaine, forte de 1 500 hommes, y a été installée dans le cadre de l’opération de lutte contre le terrorisme « Liberté immuable ». L’opposition politique djiboutienne est persuadée que le pouvoir monnaie la position stratégique du pays contre le « laisser-faire » des grandes puissances. Elle se plaint de faire les frais d’enjeux internationaux.


par Didier  Samson

Article publié le 11/04/2005 Dernière mise à jour le 11/04/2005 à 15:59 TU