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Eglise catholique

Le conclave entre tradition et modernité

Lundi 18 avril, 115 cardinaux électeurs âgés de moins de 80 ans entreront en conclave pour élire le nouveau pape. Les non-votants participeront aux réunions des 
congrégations générales.(Photo : AFP)
Lundi 18 avril, 115 cardinaux électeurs âgés de moins de 80 ans entreront en conclave pour élire le nouveau pape. Les non-votants participeront aux réunions des congrégations générales.
(Photo : AFP)
Les préparatifs vont bon train au Vatican en attendant l’ouverture du conclave, le 18 avril. L’organisation de cet événement majeur dans la vie de l’Eglise nécessite, il est vrai, la mise en œuvre de tout un dispositif visant à garantir le secret des délibérations des cardinaux jusqu’à la décision finale. A l’heure des nouvelles technologies de l’information –que le Vatican n’a pas hésité à utiliser en envoyant des SMS pour annoncer la mort de Jean-Paul II aux médias–, l’élection du nouveau pape doit à la fois respecter les traditions et s’adapter aux contraintes d’une médiatisation galopante.

Joseph Ratzinger, le doyen du sacré collège, a demandé aux cardinaux de s’abstenir de commentaires durant la période qui précède l’ouverture du conclave. Le gardien du dogme du Vatican a été obligé de faire cette mise au point pour mettre un terme aux déclarations des uns et des autres concernant les papabile. Le secret le plus absolu doit, en effet, entourer les délibérations des 115 électeurs (2 cardinaux ont déclaré forfait pour raison de santé) venus à Rome pour désigner le successeur de Jean-Paul II. Le Pape défunt a d’ailleurs lui-même donné des indications très précises concernant cette question. Dans la constitution apostolique, il a indiqué : «J’interdis absolument d’introduire sous aucun prétexte dans les lieux où se déroulent les actes de l’élection ou, s’ils s’y trouvent déjà, que soient utilisés tout genre d’appareils techniques servant à enregistrer, à reproduire ou à transmettre les voix, les images ou les écrits».

Les cardinaux ne pourront donc pas communiquer avec l’extérieur à partir du moment où ils auront pénétré dans la chapelle Sixtine pour procéder au premier vote, avant lequel ils devront d’ailleurs prêter serment de «garder le secret absolu sur tout ce qui concerne directement ou indirectement les votes et les scrutins pour l’élection du souverain pontife». Aucun téléphone portable, appareil photo ou d’enregistrement ne sera autorisé. Tous les moyens de communication avec l’extérieur seront coupés. D’ores et déjà, un système de brouillage électromagnétique sophistiqué a été installé pour empêcher les communications téléphoniques ou la transmission de conversations ou d’images enregistrées dans le Vatican grâce à des micros ou des caméras. Ces dispositions visent non seulement à garantir le secret jusqu’à l’élection du Pape, mais aussi à éviter les pressions sur les cardinaux électeurs. Ceux-ci sont d’ailleurs prévenus : s’ils commettent le crime de «simonie», et vendent leur vote ou concluent un pacte, ils risquent l’excommunication.

Les cloches mais pas de SMS

Si les conditions de vie des cardinaux durant le conclave ont été améliorées pour leur permettre de bénéficier du confort moderne et de ne plus rester confinés dans la seule chapelle Sixtine jusqu’à l’élection du Pape, l’organisation des scrutins reste tout de même marquée par la tradition. Les cardinaux devront, comme ils l’ont toujours fait, écrire à la main le nom de leur candidat sur un bulletin rectangulaire qu’il déposeront, suivant l’ordre de préséance, dans une urne recouverte d’un plateau d’argent. Les bulletins seront brûlés au fur et à mesure jusqu’à l’élection. Le vote se déroulera toujours sous la surveillance de trois scrutateurs, tirés au sort parmi les cardinaux, et chargés de vérifier la validité de la procédure. L’élu se verra toujours poser la question : «Acceptez-vous votre élection canonique comme souverain pontife ?», à laquelle il ne peut répondre que «oui» puisqu’il s’agit du choix de Dieu. Il devra ensuite donner le nom qu’il a choisi pour régner sur l’Eglise et recevoir l’hommage de tous les cardinaux présents. Une fois toutes ces étapes franchies, l’annonce de l’élection du nouveau souverain pontife aux fidèles aura lieu, comme il se doit, depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, grâce à l’expression consacrée «Habemus papam» («Nous avons un Pape»), suivie de la bénédiction urbi et orbi.

La première élection d’un pape organisée au XXIe siècle conservera donc la solennité de rigueur. Elle sera néanmoins adaptée à l’air du temps. Avant même l’ouverture du conclave, les cardinaux ont, par exemple, été autorisés à préparer le travail en organisant, au Vatican, des conciliabules pour se concerter sur les enjeux de l’élection du Pape. Mais surtout à la traditionnelle fumée blanche qui s’échappe de la cheminée de la chapelle Sixtine pour annoncer au peuple de Rome que le Pape est élu, la constitution apostolique a décidé d’ajouter le son des cloches de la basilique. Ce changement a été décidé par Jean-Paul II pour éviter les confusions autour de la fumée qui n’était jamais vraiment blanche et pouvait donc être mal interprétée. Le Vatican n’utilisera pas, en revanche, toutes les ressources des nouvelles technologies pour annoncer l’élection du souverain pontife. Contrairement à ce qui avait été fait au moment de la mort de Jean-Paul II, il n’y aura ni courriers électroniques, ni SMS envoyés aux agences de presse pour leur fournir le nom de son successeur.

par Valérie  Gas

Article publié le 13/04/2005 Dernière mise à jour le 13/04/2005 à 18:12 TU