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Otages en Irak

Cent jours sans Florence et Hussein

(Photo : DR)
(Photo : DR)
Une campagne de mobilisation inédite est organisée à l’occasion du centième jour de captivité en Irak de la journaliste française Florence Aubenas et de son guide irakien Hussein Hanoun al-Saadi, enlevés à Bagdad le 5 janvier. Une opération spéciale qui vise également à créer un courant de solidarité avec les trois journalistes roumains retenus en otage en Irak, les journalistes français Frédéric Nérac et Guy-André Kieffer, qui ont respectivement disparu en Irak et en Côte d’Ivoire, et d’Ingrid Betancourt, enlevée en Colombie le 23 février 2002 avec assistance Clara Rojas.

«Aujourd’hui, c’est le centième jour de captivité pour Florence Aubenas et Hussein Hanoun. Ne les oublions pas». A l’occasion de ce triste anniversaire, le journaliste Christian Chesnot, retenu 124 jours en otage en Irak, a accepté de prêter sa voix et de lire ce bref texte. Un message audio disponible sur le site internet de Reporters sans frontières et que toutes les radios désireuses de s’associer à l’opération spéciale organisée vendredi 15 avril peuvent télécharger et diffuser. Des logos sont également proposés aux chaînes télévisions, des bandeaux pour les sites internet et différents visuels pour les journaux. En France, la plupart des médias ont annoncé leur intention de participer activement à cette journée spéciale qui devrait également trouver un écho important à l’étranger, notamment par le biais de Radio France Internationale et RMC Moyen-Orient qui soutiennent cette opération.

Cette mobilisation médiatique sera la caisse de résonance des nombreuses manifestations de solidarité organisées sur tous le territoire. Depuis des semaines se succèdent forums, colloques, concerts, festivals de cinéma, lâchers de ballons….. Et beaucoup d’autres actions sont prévues au cours des prochaines 48 heures. Cent torches doivent ainsi être allumées jeudi soir en guise de feux de détresse place du Trocadéro pour symboliser ce triste anniversaire, au cours d’une manifestation à laquelle de nombreuses personnalités ont accepté de participer. Car au fil des semaines ne cessent de se joindre à ce mouvement de solidarité des écrivains, des artistes, des sportifs ou des hommes politiques. Les journalistes ont également souhaité afficher leur solidarité à l’occasion de cette journée. Beaucoup d’entre eux porteront vendredi un tee-shirt à l’effigie de Florence Aubenas et Hussein Hanoun et sont invités à participer, à la mi-journée, à une chaîne de l’espoir autour de la Maison de la Radio.

Les organisateurs de ces différentes rassemblements et actes de soutien ont tenu à profiter de cette opération pour attirer l’attention sur le sort de différents otages qui ne jouissent pas de la même exposition médiatique. C’est le cas de trois journalistes roumains enlevés le 28 mars dans une banlieue de Bagdad – Marie-Jeanne Ion, Sorin Miscoci et Eduard Ohanesian -, du journaliste français Frédéric Nérac, qui a disparu en Irak en compagnie de son guide libanais Hussein Othman, et du journaliste Guy-André Kieffer, qui a disparu en Côte d’Ivoire voilà pratiquement un an jour pour jour. Enfin, la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, captive depuis plus de trois ans en Colombie, a également été associée à cette opération.

En contact avec les ravisseurs

Cette journée offrira également l’occasion au comité de soutien de Florence Aubenas et de Hussein Hanoun de remettre aux autorités françaises une pétition qui comporte plusieurs milliers de signatures. «Aujourd’hui, nous sommes plus que jamais solidaires de Florence et de Hussein. Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus nombreux à exiger leur retour. Loin d’être entamée par le temps, notre mobilisation est chaque jour plus résolue et plus déterminée. Elle se maintiendra jusqu’à leur libération. Nous attendons des autorités françaises une issue rapide», dit notamment ce texte qu’il est possible de signer sur le site du comité de soutien.

Ces dernières travaillent dans la plus grande discrétion, se limitant à quelques déclarations rassurantes. Le 29 mars, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin expliquait ainsi qu’il y avait «un certain nombre de contacts sécurisés, c’est-à-dire identifiés comme réels et sûrs avec des ravisseurs, par l’intermédiaire de plusieurs personnes». «Depuis lors, nous n’avons pas d’autres informations, sauf que ces contacts sont maintenus et qu’il n’y a pas eu de rupture (…)», a expliqué mercredi Benoît Aubenas, le père de la journaliste enlevée. «Nous sommes tous confiants qu’une issue favorable va se dessiner, je l’espère, très très rapidement», a déclaré Benoît Aubenas, en insistant sur l’importance de la mobilisation en faveur des otages. «(… Le pire qui pouvait arriver, c’était de tomber dans la routine et dans l’oubli», estime M.Aubenas.

Confrontées à une situation similaire, les autorités roumaines assurent également être en contacts avec les ravisseurs des trois journalistes pris en otages. «Nous avons eu la preuve que les journalistes sont vivants (...) et qu'ils ne subissent pas de mauvais traitements», a assuré mercredi le président roumain Traian Basescu, soulignant toutefois que les autorités roumaines n'ont pas entamé des «négociations» avec les ravisseurs. La semaine dernière, il avait été contraint de démentir des rumeurs de libération relayées par plusieurs médias et avait alors assuré qu’il serait le premier à annoncer cette bonne nouvelle.


par Olivier  Bras

Article publié le 14/04/2005 Dernière mise à jour le 15/04/2005 à 15:49 TU

Audio

Benoït Aubenas

Père de Florence Aubenas, journaliste française enlevée en Irak

« Cette prise de conscience des Français me rassure sur la démocratie française.»

Christian Chesnot

Journaliste, ex-otage en Irak

«Le pire pour un otage c'est d'être oublié.»

Osange Kieffer

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«Je crois que Gbagbo sait et qu'il protège les gens qui sont coupables de ça. Ce qui laisse entendre que ce sont des gens qui lui sont proches.»

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