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Togo

Campagne électorale émaillée de violences

Dispersion d'une manifestation par la police. Au Togo, le climat électoral est tendu.(Photo: AFP)
Dispersion d'une manifestation par la police. Au Togo, le climat électoral est tendu.
(Photo: AFP)
Avant l’élection présidentielle du 24 avril, la campagne électorale se déroule dans un climat de vive tension.

De notre correspondant à Lomé

Alors que la Cedeao a invité les candidats aux présidentielles à une rencontre à Niamey pour trouver une solution à la violence électorale qui s’est emparée du pays depuis le week-end, les populations elles se confinent dans une peur de plus en grande. La tâche de la Cedeao risque d’être difficile dans cette recherche de l’apaisement autant que la coalition de l’opposition a annoncé mardi soir que son candidat ne participera pas à réunion.

«Aller à Niamey pour une heure, pour nous, c’est inconcevable. Mais nous sommes prêts à aller à Niamey pour deux jours ou une semaine pour sortir le pays de la crise. C’est pour cela que nous proposons que les quatre candidats s’accordent entre eux sur un report de scrutin, comme ça nous aurons le temps qu’il faut pour aller à Niamey. Mais sans ce report pas question d’aller à Niamey», explique Yaovi Agboyibor, porte-parole de la Coalition. «Nous ne pouvons ne pas répondre à l’invitation du président en exercice de la Cedeao. C’est le minimum de respect que nous devons à cette institution qui nous a aidé depuis le début de cette crise. Le Togo est membre de le Cedeao et quand on aspire à diriger le Togo demain, on doit le savoir», estime pour sa part Pascal Bodjona, porte-parole du candidat du pouvoir, Faure Gnassingbé.

La France et les États-Unis ont eux demandé à toutes les parties de prendre leurs responsabilités dans ces périodes électorales pour mettre fin à cette vague de violence. Soldés par plusieurs dizaines de blessés de part et d’autre, les affrontements de samedi n’ont reflété que le climat électoral tendu qui existe dans le pays. L’opposition qui revendiquait depuis plusieurs jours le report du scrutin du 24 avril prochain, appuyée par les églises togolaises et les avocats, a finalement décidé le samedi de se lancer dans la campagne électorale, une semaine après son lancement. Pendant que le candidat du pouvoir Faure Gnassingbé occupait soigneusement le terrain.

Pour le candidat du Rassemblement du peuple Togo au pouvoir, ces violences sur ses militants sont consécutives à l’entrée en campagne de l’opposition radicale et l’arrivée au pays de Gilchrist Olympio. Alors que l’opposition, qui estime que se sont ses militants qui ont été plutôt agressés, explique que ces violences sont le fruit des révisions bâclées des listes électorales. Ce climat délétère, qui a quelque peu altéré l’engouement électoral des uns et des autres, n’a pas empêché les candidats de poursuivre leur conquête des populations avec leurs lots de promesses.

Le candidat qui a bouclé une dizaine de villes du pays en une semaine de campagne marathon à l’américaine, promet une ère de renouveau pour pays. Partout où il est passé il a demandé pardon aux populations que feu son père, le président Eyadema, a pu offenser ou blesser pendant ses 38 ans de règne. Dans un programme de campagne en vingt points, Faure Gnassingbé promet, entre autres, une justice transparente et indépendante et la création d’un poste de juge des libertés qui devra contrôler les mesures restrictives de libertés. En ce qui concerne la réconciliation nationale et l’unité, Faure Gnassingbé attend créer, d’abord une Haute autorité de la fraternité des Togolais pour proposer des actions idoines devant lutter contre les discriminations, ensuite la création d’un comité pour l’égalité d’accès de tous à la fonction publique et enfin le vote d’une loi permettant au secteur privé une égalité d’accès aux crédits et aux marchés publics.

Promesses tous azimuts

Sa politique d’emploi sera, elle, basée sur le recrutement massif des jeunes diplômés dans la fonction publique, une aide au premier emploi des jeunes sous forme d’exonération sociale et l’accès au crédit. Pour l’éducation, il attend respecter la constitution qui prescrit la gratuité de l’école primaire à tous les enfants et la construction de 5 000 salles de classes en cinq ans, l’amélioration des conditions de vie et d’étude des étudiants. Il promet dans le cadre d’une politique de grands travaux, la construction d’une autoroute reliant Lomé et la frontière nord du pays (vers l’hinterland) dénommée le «fleuve de l’espérance» devant créer 100 000 emplois en 5 ans. Il s’est engagé enfin à doubler le budget de la santé en cinq ans, et pour l’assainissement des villes, nommer un ministre de la Ville.

Quant au candidat de la coalition de l’opposition, Emmanuel Akitani-Bob, il promet rétablir en priorité, la sécurité du pays avec l’assistance de la communauté internationale en renforçant notamment le rôle de la police par rapport à l’armée et organiser le retour au pays des 200 000 réfugiés togolais. En ce qui concerne l’armée, le candidat s’engage à mettre en œuvre une reforme à long terme des forces armées, dans le but de réduire les effectifs et d’équilibrer leur composition ethnique. Il souhaite aussi promouvoir l’Etat de droit par le renforcement de l’institution judiciaire et une reforme de l’administration publique.

En ce qui concerne le développement de l’économie, il attend mettre en oeuvre un plan de sauvetage, visant à rétablir les grands équilibres macro-économiques et budgétaires, à endiguer la criminalité économique, à favoriser l’investissement productif, à créer des emplois et à stimuler la production agricole à travers une meilleure rémunération des planteurs dans le but d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, avec le soutien de la communauté internationale et de la diaspora togolaise.

Sur le plan social, Akitani-Bob promet la mise en oeuvre d'un plan de réhabilitation sociale à long terme, visant à répondre aux besoins socio-culturels élémentaires de la population, notamment en matière d’accès à la santé et à l’éducation, à l’information et à un habitat décent. Et d'initier un programme d’éducation de masse, soutenu par l’Etat et la société civile, visant à développer le sens de responsabilité des citoyens, condition préalable à tout véritable changement démocratique et au développement. Le candidat de la coalition qui a démarré sa campagne par l’extrême nord du pays, était ce mardi dans la région centrale et dans la région de Kara, le fief du parti au pouvoir.

Les deux outsiders, Nicolas Lawson et Harry Olympio, qui ont eux aussi condamné les violences du week-end, sillonnent aussi le pays avec un message d’un Togo nouveau sans pour autant attirer l’attention comme le font Faure Gnassingbé et Emmanuel Akitani-Bob qui ont plus la chance de succéder à Eyadema.

par Guy  Mario

Article publié le 20/04/2005 Dernière mise à jour le 20/04/2005 à 11:10 TU

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Gilles Labarthe

Ethnologue suisse

«Au Togo de plus en plus de jeunes manifestants expriment un ras-le-bol complet par rapport à l'ingérence française au Togo»

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