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Chine/japon

Rencontre au sommet

Le Premier ministre japonais Koizumi (à g.) face au président chinois Hu Jintao, le 23 avril 2005 à Djakarta.(Photo: AFP)
Le Premier ministre japonais Koizumi (à g.) face au président chinois Hu Jintao, le 23 avril 2005 à Djakarta.
(Photo: AFP)
En marge du sommet Afro-asiatique à Djakarta, le président chinois Hu Jintao et le premier ministre japonais Koizumi Junichiro se sont entretenus pendant près d’une heure pour tenter de dénouer les tensions très fortes entre leurs deux pays.

De notre correspondant à Pékin

C’est la première fois que les chefs d’Etat japonais et chinois se rencontrent, depuis l’élection de Koizumi il y a quatre ans. Du 2 au 16 avril en effet, des manifestations anti-japonaises parfois violentes ont agité une quinzaine de villes chinoises, déclenchées par l’approbation de Tokyo de publier un manuel scolaire minimisant les atrocités commises par l’armée japonaise durant la guerre. Ces manifestations ont ajouté de l’huile sur le feu des relations entre les deux pays, qui comptent plusieurs dossiers diplomatiques brûlants : dispute territoriale pour les îles Diaoyu et leurs champs gaziers, volonté du Japon d’obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU -refusée par la Chine-, et signature du Japon avec les USA d’un partenariat stratégique incluant Taiwan. Koffi Annan, secrétaire général de l’ONU, est lui-même intervenu auprès de Koizumi : «Les tensions montent entre vos deux pays. Cela me soucie car les relations sino-japonaises ne concernent pas seulement les deux pays, mais toute la région dans son ensemble».

Premières excuses publiques

 La veille de la rencontre entre les deux dirigeants, Koizumi a exprimé publiquement ses «profonds regrets»  pour les «souffrances infligées  aux peuples de nombreux pays, particulièrement en Asie» par les forces d’occupation nippones, tout en précisant aussitôt que, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, le Japon est devenu une puissance économique et non militaire, et qu’il s’est  tenu à ses «principes de résoudre tous les problèmes de façon pacifique». Une façon de dire qu’il n’a rien à se reprocher, et que comme son entourage le rappelle, le Japon est devenu le premier fournisseur d’aide au développement dans la région, avec notamment 50 milliards de dollars pour la Chine depuis vingt ans.

C’était la première fois qu’un dirigeant conservateur nippon faisait des excuses publiques pour les erreurs du passé colonial de son pays. Mais cela n’a pas réussi à convaincre Hu Jintao. «Les remords doivent se traduire par des actes» a-t-il déclaré. Il faut noter que le jour même où Koizumi faisait ses excuses, une délégation parlementaire nipponne de 80 personnes était en visite au sanctuaire de Yasukuni, où sont encensés les «héros» militaires de l’archipel, dont de nombreux criminels de guerre avérés. Ces visites à Yasukuni, régulièrement effectuées par Koizumi lui-même, sont précisément un des facteurs de la colère chinoise. «La rencontre a eu lieu et c’est déjà un progrès. Peut-être le début d’un dialogue amical» analyse un diplomate japonais présent au sommet. Pourtant, cette rencontre n’a mené à aucun engagement concret, chacun restant sur ses positions. Alors que Koizumi est apparu très souriant et détendu, Hu est a gardé un visage de cire pour lui serrer la main avant de s’installer face à lui.  Hu a demandé que le Japon cesse de «blesser le sentiment national chinois», et «traite l’Histoire de façon sincère». Il a encore exigé que le Japon montre «concrètement son opposition à l’indépendance de Taiwan», tout en souhaitant que «l’amitié et la coopération» soient à la base du dialogue. De son côté, Koizumi a rappelé que «l’émergence de la Chine est une opportunité et pas une menace» et qu’il est d’accord pour «résoudre les problèmes par le dialogue».

Calmer les manifestants

A l’intérieur de la Chine, les autorités ont continué à désamorcer les manifestations anti-japonaises prévues la semaine prochaine, en plaçant les campus sous surveillance, en renforçant la présence policière aux abords des représentations diplomatiques japonaises, et en bloquant les sites internet appelant à protester. Le régime craint les troubles sociaux que pourraient déclencher des manifestations incontrôlées, et il redoute aussi des problèmes économiques.  Le ministre chinois du commerce a appelé en personne à cesser le boycott des produits japonais, demandé par les étudiants. Le message du Parti est clair : après les manifestations, l’heure est aux négociations diplomatiques.


par Abel  Segrétin

Article publié le 24/04/2005 Dernière mise à jour le 24/04/2005 à 18:14 TU

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Sophie Malibeaux

Journaliste à RFI

«Une rencontre très positive...»

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