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Ethiopie

Opposition et pouvoir crient victoire

Une Ethiopienne vote, le 15 mai, à Addis Abeba. La Commission électorale doit annoncer les premiers résultats provisoires le 21 mai.(Photo: AFP)
Une Ethiopienne vote, le 15 mai, à Addis Abeba. La Commission électorale doit annoncer les premiers résultats provisoires le 21 mai.
(Photo: AFP)
Les résultats des troisièmes élections législatives ne sont pas encore connus et déjà le pouvoir et l’opposition revendiquent, chacun pour son camp, la victoire. Vingt-six millions d’Ethiopiens étaient appelés aux urnes pour renouveler le parlement fédéral qui, désigne le Premier ministre.

L’enjeu principal des élections législatives du 15 mai n’est plus de savoir par combien de sièges la coalition au pouvoir, le Front populaire démocratique révolutionnaire éthiopien (EPRDF), devancerait l’opposition, mais si le Premier ministre Meles Zenawi , au pouvoir depuis 1991, réussira à conserver son poste. Cette consultation ne ressemble pas aux précédentes boycottées par l’opposition comme en 1995, ou largement perdue par elle en 2000 avec 12 sièges remportés contre 481 pour le pouvoir dans une assemblée qui en compte 547. Le crédit de Meles Zenawi, tombeur du dictateur Menghistu Hailé Mariam, s’est effrité au fil du temps. La campagne électorale avait déjà donné des signes de tension et montré un pouvoir de plus en plus contesté.   

La plus importante mission d’observation du scrutin législatif en Ethiopie, celle de l’Union européenne, forte de 200 personnes, a estimé globalement « paisible et ordonnée » la consultation du 15 mai. Mais, la responsable de la mission, Ana Gomez nuance immédiatement ses propos en dénonçant des « cas isolés de meurtre» et « des menaces et intimidations à l’encontre des partisans de l’opposition » pendant la campagne électorale avant de condamner le comportement de l’opposition et du pouvoir qui déclarent avoir remporté les élections, avant la proclamation officielle des résultats.

Ce n’est que le samedi 21 mai que la Commission électorale nationale doit annoncer les premiers résultats provisoires et par circonscription. « Les deux parties peuvent revendiquer la victoire (…) La commission électorale seule a l’autorité légale pour dire qui a gagné et qui a perdu », précise Kemal Bedri, le président de la Commission électorale nationale.

La guerre des chiffres fait rage dans les médias éthiopiens et chaque camp croit détenir la vérité en assortissant ses déclarations de menaces à peine voilées si, à l’arrivée, les résultats ne lui sont pas favorables. Dans cette polémique de victoire annoncée, c’est l’opposition qui a pris de l’avance en publiant des chiffres qui la mettraient déjà sur « la voie de la victoire ». La Coalition pour l’unité et la démocratie (CUD) la principale formation de l’opposition a clairement indiqué que la « tendance » lui était favorable au vu du dépouillement effectué. Elle s’attribue d’ores et déjà 133 sièges et annonce 70 sièges qui seraient déjà acquis à une autre formation de l’opposition, le Front éthiopien démocratique uni (UEDF). Les deux formations de l’opposition annoncent ainsi détenir 203 sièges au parlement fédéral sur les 250 à 260 circonscriptions dans lesquelles le dépouillement est terminé.

 « Ils essayent de discréditer le processus, ces affirmations sont absolument fausses », a déclaré Berekat Simon, le ministre de l’Information qui croit en la victoire de la coalition au pouvoir, le Front populaire démocratique révolutionnaire éthiopien (EPRDF). Toutefois, le pouvoir reconnaît déjà la victoire de l’opposition dans les zones urbaines, comme dans la capitale Addis-Abeba.

 C’est au sein de la coalition arrivée en tête du scrutin qu’est désigné le Premier ministre, détenteur du pouvoir exécutif.


par Didier  Samson

Article publié le 18/05/2005 Dernière mise à jour le 18/05/2005 à 19:38 TU