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Togo

Echec de la réunion d’Abuja

L'échec du sommet d'Abuja est établi mais présenté par la CEDEAO comme une étape nécessaire vers l’établissement de la «confiance» au Togo.(Photo: AFP)
L'échec du sommet d'Abuja est établi mais présenté par la CEDEAO comme une étape nécessaire vers l’établissement de la «confiance» au Togo.
(Photo: AFP)
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a convoqué, le 19 mai à Abuja, les acteurs de la vie politique togolaise pour tenter de rapprocher les conceptions différentes que les uns et les autres ont de la gestion du pouvoir. Au bout de la journée de discussion un constat d’échec est établi mais «vendu» par le communiqué officiel de la CEDEAO comme une étape nécessaire vers l’établissement de la «confiance».

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest dans la mission qu’elle est assignée de trouver une solution de règlement de la crise politique au Togo, s’est attaché les services du président gabonais, Omar Bongo, dont le pays ne fait pas partie de la CEDEAO. Etaient présents, le président du Niger et président en exercice de la CEDEAO, Mamadou Tandja, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Mathieu Kérékou du Bénin, John Kufuor du Ghana et le secrétaire général de l’organisation Mohamed Ibn Chambas. Avant l’ouverture officielle des discussions, les chefs d’Etat se sont entretenus seuls, pendant plus d’une heure, avec Faure Gnassingbé avant de se présenter dans la salle de réunion où les attendaient les autres délégations. Cette différence de traitement plantait déjà le décor d’un ordre admis par les autres chefs d’Etat. 

Ils avaient une seule idée en tête celle de convaincre les adversaires «du président Faure Gnassingbé» de participer à un gouvernement d’union nationale que souhaite former le fils héritier de Gnassingbé Eyadéma décédé le 5 février dernier. Mais Gilchrist Olympio, le leader de l’Union des forces du changement (UFC), principal parti de l’opposition, avait déjà donné sa réponse avant la tenue de cette réunion: «ceux qui croient que nous allons discuter de notre entrée dans le gouvernement du petit Eyadéma se trompent», avait-il déclaré. En effet l’opposition togolaise avait posé ses préalables qui tiennent en trois points: la mise en place de mesures de sécurité et d’apaisement en faveur des personnes arrêtées et déplacées, le règlement du contentieux électoral et l’ouverture d’un dialogue sur un gouvernement de cogestion.

«Faire preuve de plus grande flexibilité»

Selon Yawovi Agboyibo président du Comité d’action pour le renouveau (Car), les réponses de la partie adverse ne sont que «partielles». Le Rassemblement du peuple togolais (RPT) au pouvoir et Faure Gnassingbé continuent d’insister sur «leur main tendue» mais l’opposition leur rétorque que la constitution d’un gouvernement d’union nationale n’est pas «une faveur qui lui est accordée, mais le résultat d’une élection controversée.» Face cet évident dialogue de sourds, les chefs d’Etat présents à Abuja ont appelé la classe politique togolaise à «faire preuve de plus grande flexibilité et à placer l’intérêt national au-dessus des considérations personnelles et sectaires.»

De la formulation de ce communiqué de la CEDEAO, il faut entendre un appel lancé à l’opposition pour qu’elle accepte l’élection de Faure Gnassingbé. Cette attitude des chefs d’Etats de la CEDEAO n’est pas surprenante dans la mesure où elle s’inscrit dans la logique du rapport fourni par les experts de la communauté qui ont jugé la tenue du scrutin «globalement satisfaisante». Par ailleurs, reléguées au chapitre des pertes et profits toutes les exactions, intimidations et autres arrestations dont le régime togolais s’est rendu coupable «relève d’une mauvaise foi évidente», souligne l’opposition togolaise dont les représentants ne placent plus aucune confiance dans la CEDEAO. Elle fait remarquer à juste titre, que les seules condamnations fermes de ce qui se passe actuellement au Togo viennent de l’Union européenne.

Pourquoi les Africains (CEDEAO) se satisfont de la continuité de ce régime qui transmet le pouvoir de père en fils, au bout de près de quarante ans de pouvoir sans partage ? L’opposition togolaise n’obtiendra aucune réponse mais elle fait remarquer que «si tout allait aussi bien au Togo qu’on veut le faire croire il n’y aurait pas un flux régulier de candidats à l’exil.» Selon le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés, plus de 32 000 Togolais sont recensés dans les camps au Bénin et au Ghana.

Au moment où les délégations togolaises quittaient la capitale nigériane on annonçait l’admission, le 20 mai, dans un hôpital parisien d’Emmanuel Bob Akitani, le candidat de l’opposition à la présidentielle du 24 avril. Selon des sources hospitalières il aurait été admis pour des «problèmes neurologiques» qui sont les suites d’un «accident cérébro-vasculaire» survenu le 18 mai à Lomé. 


par Didier  Samson

Article publié le 20/05/2005 Dernière mise à jour le 20/05/2005 à 16:50 TU