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Centre Pompidou

Africa remix, une exposition aux allures de biennale

<STRONG><EM>Projet pour le Kinshasa du IIIe millénaire</EM></STRONG>, de Bodys Isek Kingelez. Bois, papier, carton (1997).© Centre Pompidou
Projet pour le Kinshasa du IIIe millénaire, de Bodys Isek Kingelez. Bois, papier, carton (1997).
© Centre Pompidou
On connaissait les arts premiers africains qui ont tant inspiré les artistes au début du siècle dernier. Le Centre Pompidou, à Paris, invite à la découverte de l’art africain contemporain à travers une exposition aussi foisonnante qu’éclectique. Après Düsseldorf et Londres, Beaubourg accueille Africa Remix, une exposition aussi diversifiée que peut l’être le continent. On serait tenté de s’approprier le vieil adage «qui trop embrasse mal étreint», tant il est difficile en effet de trouver une ligne directrice au milieu d’une telle diversité. Mais, en ressortant de l’exposition, le visiteur a au moins compris une chose : l’Afrique existe bel et bien sur la scène artistique internationale.

Obstacles, 2003-2005. Installation de Mounir Fatmi
© Centre Pompidou
L’exposition s’ouvre sur Obstacles, une œuvre de Mounir Fatmi, qui dévore l’ensemble de l’espace, une manière d’évoquer «le chemin semé d’embûches qu’il faut parcourir pour pénétrer dans l’univers encore peu connu de l’art africain contemporain», soulignent les commissaires de l’exposition, Simon Njami et Marie-Laure Bernadac, des embûches rencontrées par l’art en général et l’art de toutes les Afriques, du Maghreb à l’Afrique du Sud, en passant par l’Afrique sub-saharienne. Au-delà de ce message-ci, le parti a été pris de ne pas privilégier un message, un mode d’expression, une grammaire artistique: plus de 200 œuvres de quelque quatre-vingt-trois artistes, vivant en Afrique ou installés en Europe et aux Etats-Unis, sont exposées sur 2 200 m², tous genres confondus, à savoir arts visuels (tableaux, peintures, vidéos), design, mode, littérature. Le visiteur suit un parcours rythmé par trois sections thématiques : histoire/identité, corps/esprit, ville/terre.

Qu’il s’agisse de la sculpture For those left behind, réalisée en métal recyclé à partir des années de l’apartheid, de Willie Bester (2003), de Great american nude de Hassan Musa (2002), un tableau représentant Ben Laden couché nu sur le drapeau américain, comme une dénonciation de la guerre qui sévit en Irak, ou qu’il s’agisse des photographies à caractère social Earthworks (2001-2004) de Tracey Derrick, les différents chapitres «explorent les thèmes du chaos et des métamorphoses provoqués par l’histoire et les migrations des populations, du choc causé par l’irruption d’un nouvel espace urbain dans des sociétés paysannes traditionnelles, et du syncrétisme culturel, qui font de l’Afrique un contient en perpétuelle mutation», expliquent les commissaires.

Great American Nude, encre sur tissu, Hassan Musa (2002)
© Centre Pompidou

Remix, comme rebondir et recycler

Au fond, Townshipwall de Antonio Ole (2004).
Au 1er plan : Eiffel Tower de Gonçalo Mabunda. Métal, armes de la guerre civile au Mozambique recyclées (2002). 

© Centre Pompidou
«Néanmoins, souligne Simon Njami, si Africa remix est avant tout une exposition d’art contemporain, aborder le fait contemporain en Afrique conduit inévitablement à relire l’Histoire» : histoire des guerres, des génocides, des colonisations, car la plupart des artistes présentés traite des questions actuelles d’une réalité africaine post-coloniale. Ils appartiennent à une génération qui a grandi avec internet et qui vit les mutations africaines. Il faut aller de l’avant : rebondir dans la vie comme on recycle les matériaux. Peut-être, si fil conducteur il y a, faut-il le trouver dans cette démarche dont l’œuvre de Antonio Ole, Townshipwall n°10, est à ce titre emblématique : assemblage en 16 parties de tôles ondulées, de portes, de fenêtres et d’autres objets trouvés et récupérés pour trouver une deuxième existence. Remix signifie aussi, pour Jean Hubert Martin, commissaire de l’exposition de Dusseldorf : «que les chances sont redistribuées, que nous nous trouvons en présence d’une situation hybride, reflet de la globalisation».

La pluridisciplinarité des œuvres présentées et leur hétérogénéité font de cette exposition une manifestation qui a le mérite de poser des questions sur un continent dont on connaît encore mal l’expression artistique sitôt qu’on aborde autre chose que les arts dits premiers.


par Dominique  Raizon

Article publié le 27/05/2005 Dernière mise à jour le 28/05/2005 à 15:41 TU

Après son passage au Centre Pompidou (jusqu’au 8 août 2005), l’exposition sera montrée en 2006 au Mori Art Museum de Tokyo.

Audio

«Africa Remix», l'Afrique contemporaine s'expose

Par Michèle Diaz

«Fascinant, impressionnant, cet espace...»

[25/05/2005]

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