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Ethiopie

Le pouvoir affirme avoir remporté les législatives

Meles Zenawi au pouvoir depuis 1991 est assuré de rester à son poste de Premier ministre.(Photo: AFP)
Meles Zenawi au pouvoir depuis 1991 est assuré de rester à son poste de Premier ministre.
(Photo: AFP)
Les résultats définitifs des élections législatives du 15 mai ne seront pas publiés, comme initialement prévu, par la commission électorale nationale le 8 juin prochain. L’opposition conteste, dans 140 circonscriptions, la régularité du scrutin. Une enquête est donc nécessaire, mais cette situation n’a pas empêché la commission électorale nationale de donner de grandes indications qui accordent au pouvoir la majorité absolue au Parlement.

Le groupe des partis d’opposition, la Coalition pour l’unité et la démocratie (CUD) et le Front éthiopien démocratique uni (UEDF) qui avaient affirmé, dès le dépouillement des bulletins des premiers bureaux de vote, qu’ils étaient sur «la voie de la victoire», juge illégales les méthodes de la Commission électorale indépendante qui publie des résultats alors que les litiges ne sont pas réglés. L’opposition accuse la commission de collusion avec le pouvoir  qui chercherait à installer dans l’opinion l’idée d’une victoire alors qu’elle est «loin d’être évidente», selon l’opposition. 

Les résultats définitifs ne seront pas proclamés le 8 juin comme initialement prévu, «du fait du très grand nombre de plaintes déposées par les deux camps», précise la commission électorale. Le pouvoir considère néanmoins que la victoire ne peut lui échapper et se prépare au renouvellement de l’équipe gouvernementale. L’EPRDF avait déjà pris la précaution, avant les législatives, de reconduire Meles Zenawi dans son poste de chef de la majorité. Au pouvoir depuis 1991, il aura la charge à nouveau de former un gouvernement et contrôler l’exécutif pour les cinq années à venir.

Selon les premiers résultats rendus publics par la commission électorale, le Front populaire démocratique révolutionnaire éthiopien (EPRDF) au pouvoir aurait déjà la majorité absolue avec 292 sièges sur les 547 que compte le Parlement. L’opposition serait déjà assurée de 185 sièges, mais elle conteste les résultats provisoires. «Selon les résultats dont nous disposons, il est impossible que l’EPRDF ait remporté une quelconque majorité au Parlement», a affirmé le vice-président de la CUD, Berhanu Nega. L’UEDF, l’une des composantes de l’opposition va engager une action en justice contre la Commission électorale nationale «pour publication prématurée des résultats», a souligné Beyene Petros, le vice-président de l’UEDF. L’opposition avait déposé des plaintes pour cause de « fraudes et irrégularités » dans 140 circonscriptions et reproche à la commission électorale de ne pas attendre les conclusions d’enquêtes avant de publier «ses résultats».

L’opposition appelle la diaspora à son secours

L’une des composantes de l’opposition, la CUD, a même menacé de ne pas siéger au prochain nouveau Parlement, si les recours déposés par l’opposition ne sont pas pris en compte. Par ailleurs l’opposition, qui manifeste quelques signes d’essoufflement dans son combat contre le régime du Premier ministre Meles Zenawi, au pouvoir depuis 1991, en appelle à la diaspora pour faire pression sur le gouvernement. Elle prévoit des rassemblements d’Ethiopiens en Afrique du Sud, en Grande-Bretagne, en Australie et en Allemagne. La diaspora  étant traditionnellement contestataire, le pouvoir ne semble pas s’émouvoir de ces rassemblements annoncés.

«La montée de l’opposition au sein du Parlement indique que la démocratie a progressé en Ethiopie» se réjouit Berekat Simon, le ministre de l’Information et porte-parole de la coalition au pouvoir. Dans le Parlement sortant, l’opposition ne disposait que 12 sièges. La percée de l’opposition est également assez frappante dans les zones urbaines et sa victoire sans bavure dans la capitale, Addis-Abeba, participe de cette logique. Le pouvoir y reconnaît sa défaite et promet d’y jouer un rôle d’opposition. Il se console de sa victoire annoncée sur le plan national. Au Parlement l’opposition dispose maintenant d’une minorité de blocage, au moins 183 sièges pour repousser un vote ou s’opposer à une révision constitutionnelle. 


par Didier  Samson

Article publié le 31/05/2005 Dernière mise à jour le 31/05/2005 à 14:40 TU