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Europe

La Suisse ouvre ses frontières

Avec le référendum de dimanche dernier, la Suisse fait son entrée dans l'espace Schengen. 

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Avec le référendum de dimanche dernier, la Suisse fait son entrée dans l'espace Schengen.
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Les électeurs suisses ont approuvé l’intégration de leur pays à l’espace de sécurité européen Schengen. C’est un petit pas vers l’intégration européenne pour cette Confédération jalouse de son indépendance. La nouvelle a été accueillie avec joie par les dirigeants européens, après les échecs populaires enregistrés par le projet de Constitution au cours de ces derniers jours.

La fameuse singularité de la Suisse, jusqu’alors enclavée au cœur d’une construction européenne à laquelle elle ne s’associait pas, a perdu de son originalité dimanche après la victoire du « oui » (54,6%) au référendum approuvant son entrée dans l’espace Schengen et l’accord de Dublin.

L’accord de Schengen supprime, parmi les Etats signataires, les contrôles systématiques des personnes aux frontières, sauf aux aéroports. Les marchandises ne sont donc pas concernées. L’accord a été signé en 1985 et est opérationnel depuis 1995. Il regroupe 13 pays membres de l’Union européenne (les 15 de l’UE avant l’élargissement de 2004, moins la Grande-Bretagne et l’Irlande) et deux pays européens non-membres (la Norvège et l’Islande). Avec le vote des Suisses, réputés pour leur farouche indépendance, l’accord de libre-circulation se révèle un outil européen attractif de nature, en tout cas, à convaincre les eurosceptiques les plus réticents. C’est le cas des Suisses qui ont rejeté en 2001 l’ouverture de négociations d’adhésion.

Le « oui » suisse de dimanche s’applique également aux accords de Dublin. Ces derniers prévoient qu’un demandeur d’asile refoulé par l’un des pays membres ne peut déposer de demande dans un autre Etat signataire. Ce cas de figure compte pour 20% des demandes traitées par les services d’immigration helvétiques.

Le secret bancaire préservé

En Suisse, le « oui » satisfait les voyagistes et les banquiers. Les premiers y gagnent la facilité de déplacements pour les touristes, pour lesquels la Confédération ne constituera plus un obstacle à contourner au cœur de l’Europe. Les seconds ont sauvé leur sacro-saint secret bancaire, qui a fait leur réputation et leur prospérité.

L’intégration de la Suisse à l’espace Schengen pourrait toutefois prendre quelques années. Selon le ministère suisse de Justice et Police, Berne ne rejoindra ses nouveaux partenaires qu’en 2008, lorsque la nouvelle version de la banque de données commune d’avis de recherche (Système d’information Schengen, SIS II) sera opérationnelle. Ce réseau permet de coordonner le travail des services de police, douane et justice au niveau des Etats signataires et de repousser le contrôle des personnes aux frontières extérieures de l’espace ainsi constitué.

Cependant l’histoire européenne de Berne se poursuivra le 25 septembre, lorsque les électeurs devront se prononcer sur l’extension du droit de libre circulation aux 10 nouveaux pays membres de l’UE. Dans cette perspective, les analystes évoquent l’hypothèse d’un retour des Suisses à leurs réflexes souverainistes, de crainte d’avoir à affronter tôt ou tard des contingents de faux touristes, mais vrais réfugiés économiques.

L’UE satisfaite

En attendant, après les échecs enregistrés lors des référendums français et néerlandais, les dirigeants européens se réjouissent de ce résultat. Le gouvernement suisse est satisfait : recalé par les électeurs sur ses propositions de rejoindre l’Union, il vient de différer de nouvelles discussions d’adhésion, impopulaires, tout en montrant sa volonté de rapprochement en privilégiant les voies diplomatiques traditionnelles.

Derrière le vote favorable des Suisses se dissimule toutefois le traditionnel clivage entre les cantons francophones et alémaniques. Si les premiers ont voté « oui » à plus de 60%, la tendance est inverse chez les germanophones, notamment ruraux, qui se sont majoritairement prononcé pour le « non ».

La participation au référendum a atteint 55,9%. Au cours du même scrutin, les Suisses étaient appelés à se prononcer sur le « partenariat enregistré », une formule qui, comme le PACS en France, permet aux couples homosexuels d’officialiser leur union en bénéficiant d’une reconnaissance juridique. Ce volet de la votation a été approuvé par 58% des électeurs.



par Georges  Abou

Article publié le 06/06/2005 Dernière mise à jour le 06/06/2005 à 16:52 TU