Concurrence
Microsoft a finalement cédé à l’UE
(Photo : AFP)
La pression retombe entre Microsoft et la Commission européenne. Le groupe américain a franchi, lundi 6 juin, une étape importante dans le règlement du différend qui l’oppose de longue date à l’exécutif européen. Cette fois, ses dernières propositions sur ce dossier, rendues publiques au terme de l’ultimatum, ont été accueillies favorablement par la direction générale de la concurrence dirigée par la commissaire Neelie Kroes, dans le cadre de son procès pour abus de position dominante. Avec ces nouvelles dispositions, l’éditeur échappe donc à aux pénalités financières fixées à 5% de son chiffres d’affaires quotidien, soit cinq millions de dollars.
Rappelons que le géant du logiciel a été condamné, le 24 mars 2004, pour abus de position dominante par la Commission européenne. Les sanctions : une amende record de près de 497 millions d’euros et l’obligation de livrer une version simplifiée de son système d’exploitation Windows XP dépouillée de son logiciel audio-vidéo Media player, afin de laisser leur place aux lecteurs multimédia concurrents comme ceux de RealNetworks et d’Apple. Point particulièrement crucial de cette décision de mars 2004 : Bruxelles demande enfin que Microsoft communique à ses concurrents certaines informations jusqu’ici confidentielles pour permettre une meilleure comptabilité entre Windows, qui équipe 90% des ordinateurs personnels dans le monde, et les produits réalisés par les concurrents.
Ces propositions doivent être «testées»Mais si le groupe américain a bien payé l’amende et livré une version de Windows sans Media Player, en revanche il a constamment traîné des pieds pour ouvrir ses produits et ses protocoles à la concurrence. Et c’est justement sur le volet de l’interopérabilité c’est-à-dire le dialogue de Windows avec les produits concurrents, que le groupe de Redmond accepte des concessions majeures. Dans les dernières propositions rendues publiques, lundi 6 juin, Microsoft «autorise le développement et la vente de produits interopérables, à l’échelle mondiale et non plus seulement en Europe», comme l’avait demandé la Commission. Le groupe de Redmond accepte donc de «fournir des informations techniques confidentielles à la concurrence. Cela pour permettre d’assurer une interopérabilité totale entre les serveurs concurrents et les PC et serveurs sous Windows».
Concernant les droits à payer sur ces informations qu’il est contraint de divulguer, Microsoft accepte également que ceux-ci soient «proposés à un prix raisonnable de manière à que cela permette à tous les éditeurs de les exploiter» sans créer de difficultés commerciales. Le géant du logiciel a également annoncé qu’«une catégorie des informations qu'il est tenu de rendre publiques» sera exempte de droits. Seul bémol, l’accès à ces informations d’interopérabilité pour les éditeurs de logiciels libres. Microsoft refuse toujours que les éditeurs de logiciels libres qui auraient accès à ces informations les fassent circuler parmi toute la communauté du logiciel libre dite de «l’Open Source». Le groupe de Redmont est prêt à lui laisser la possibilité de développer des logiciels qui utilisent une partie de sa technologie, mais lui refuse le droit de rendre public le code source de ces logiciels.
Comme convenu, ces nouvelles propositions doivent désormais être «testées» pendant deux semaines auprès de l’industrie informatique. Il s’agira ensuite à l’exécutif européen d’analyse les réponses des concurrents de Bill Gates et de rendre ses conclusions au plus tard pour septembre prochain.
par Myriam Berber
Article publié le 07/06/2005 Dernière mise à jour le 07/06/2005 à 17:36 TU