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Iran

Le pouvoir attaqué au Khouzistan

La télévision d’Etat a montré les images des attentats, montrant des voitures totalement calcinées et des bâtiments partiellement détruits.(Photo : AFP)
La télévision d’Etat a montré les images des attentats, montrant des voitures totalement calcinées et des bâtiments partiellement détruits.
(Photo : AFP)
A quelques jours de l’élection présidentielle, quatre attentats à la bombe ont fait de nombreuses victimes à Ahvaz, ville du sud-ouest du pays à forte majorité arabe. La ville pétrolière avait déjà été secouée au mois d’avril par de vives tensions inter-communautaires.
De notre correspondant à Téhéran

Les quatre explosions, qui ont fait au moins huit morts et 80 blessés, ont visés des bâtiments officiels, notamment la préfecture et la maison du directeur de la radio et télévision d’Etat. Au moins l’un des attentats, visant la préfecture d’Ahvaz, à été commis à la voiture piégée. La télévision d’Etat a montré les images des attentats, montrant des voitures totalement calcinées et des bâtiments partiellement détruits. C’est la première fois en Iran qu’un attentat à la voiture piégée se produit. Ces derniers mois, les autorités iraniennes s’étaient inquiétées d’un important trafic d’armes en provenance de l’Irak voisin.

(Carte : DK/RFI)
Ces attentats surviennent à cinq jours de l’élection présidentielle du 17 juin dans une ville qui a été le théâtre, en avril dernier, de violences entre la communauté arabe et les forces de l’ordre. Les Arabes forment une forte minorité dans la province du Khouzistan mais ils sont majoritaires dans la ville d’Ahvaz. Selon les chiffres officiels, il y a en Iran moins d’un million d’Arabes sur une population totale de  70 millions d’habitants. La province du Khouzistan, située à la frontière avec l’Irak, est la principale région pétrolière du pays.

Les cibles choisies ne laissent aucun doute sur les motivations des auteurs des attentats qui voulaient s’en prendre aux représentants de l’Etat dans la région. «Ces attentats visent indéniablement l'intégrité territoriale du pays. C'est aussi une vaine tentative pour nuire à l'élection et au régime», a déclaré le vice-gouverneur de la province, Gholamreza Shariati. «Ces tentatives sont vouées à l'échec car le régime a été confronté par le passé à des complots plus graves», a-t-il ajouté.

Poumon économique de l’Iran

En avril dernier, lors de violentes manifestations organisées par des Arabes de la région, cinq personnes avaient trouvé la mort et plusieurs centaines de manifestants avaient été arrêtés. A l’époque, les manifestations ont commencé après la diffusion d'un document présenté comme officiel qui faisait état d’un plan pour «iraniser» et «désarabiser» la province du Khouzistan. Malgré les démentis des autorités, la diffusion de ce document avait mis le feu aux poudres. Les responsables iraniens avaient déclaré que la lettre attribuée à l’ancien vice-président iranien, Mohammad Ali Abtahi était un faux. Malgré ces démentis, Ahvaz a connu plusieurs journées de manifestations violentes. Les autorités iraniennes avaient mis en cause des éléments «subversifs» soutenus par l’étranger.

L’information avait mis le feu aux poudres. Des groupes de manifestants avaient attaqué des bâtiments publics, incendiant des bureaux de l’administration et des banques. D’autres ont mis le feu à des voitures de police. La riposte des forces de sécurité ne s’est, bien entendu, pas faite attendre. Les affrontements avaient également eu lieu dans d’autres villes de la région.

La très riche province du Khouzistan –poumon économique de l’Iran avec la majorité des gisements pétrolifères actuellement exploités dans le pays– est une région extrêmement sensible. En 1980, l’ancien président irakien, Saddam Hussein avait lancé sa guerre contre l’Iran pour «récupérer l’Arabistan» –nom donné par Saddam Hussein à cette province. La guerre qui avait duré huit ans avait fait plusieurs centaines de milliers de morts. La composition ethnique de la province a été profondément modifié par les combats meurtriers dans la région, de nombreux habitants ayant quitté la province.


par Siavosh  Ghazi

Article publié le 12/06/2005 Dernière mise à jour le 12/06/2005 à 15:35 TU