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Iran

Présidentielle : le retour de Rafsandjani

L'ancien président de la République islamique d'Iran de 1989 à 1997, Ali Akbar Hachémi Rafsandjani brigue un autre mandat présidentiel.(Photo : AFP)
L'ancien président de la République islamique d'Iran de 1989 à 1997, Ali Akbar Hachémi Rafsandjani brigue un autre mandat présidentiel.
(Photo : AFP)
Après avoir entretenu le suspense pendant plusieurs mois, l’ancien président iranien Akbar Hachémi Rafsandjani a finalement annoncé officiellement sa candidature à la présidentielle du 17 juin.

De notre correspondant à Téhéran

«Je suis contre l’extrémisme et je l’ai toujours réprouvé. Durant toute ma vie j’ai été partisan de modération », a déclaré l’ancien président après s’être inscrit. «J’utiliserai toutes les tendances dans mon gouvernement, si je suis élu», a-t-il ajouté. «Il s’agit de la décision la difficile de toute ma carrière politique», a-t-il expliqué.

Mardi, peu après l’annonce de sa candidature, il a publié une déclaration de trois pages pour justifier sa décision par « l'apparition de tendances extrémistes » et un «climat d'apathie qui place la population dans une situation inquiétante d'affaiblissement des valeurs, de la dignité et de l'estime individuelle, une situation de précarité des moyens d'existence», menaçant «la sécurité nationale et les droits et les libertés fondamentaux».

Il a critiqué une «diminution de la capacité des dirigeants à renforcer les droits et les libertés sociaux», mais aussi les extrémistes, dont «les agissements irréfléchis (...) renforcent la défiance générale et suscitent chez les jeunes une crise de confiance». Une phrase qui désigne les extrémistes qui s’en prennent aux jeunes notamment à cause du mauvais port du voile islamique. Il a également souligné que «la démocratie économique et le développement industriel sont la base de la démocratie politique et du développement social».

Un positionnement centriste

Très clairement, l’ancien président se place au centre de l’échiquier politique et se dit opposé aux extrémistes de tous bords. Mais selon l’un de ses proches, cela signifie surtout qu’il s’oppose aux extrémistes du camp conservateurs car les radicaux du camp réformateur ont été éliminé politiquement. «Le danger c’est une radicalisation du pouvoir à cause des extrémistes conservateurs», a récemment l’un de ses proches.

«Il y a huit ans, quand j'ai remis la responsabilité de l'exécutif à celui que vous aviez élu après m'être assuré que le pays était sur la voie du développement et de la modération, je n'aurais jamais pensé me retrouver devant cette nouvelle épreuve», se justifie celui qui a attendu jusqu'à l'ouverture des inscriptions pour lever les doutes sur sa candidature à un poste déjà occupé entre 1989 et 1997.

L’ancien président se pose aussi en garant de la poursuite de la politique de « détente et de confiance avec la communauté internationale ». Interrogé récemment sur les relations entre l’Iran et les États-Unis, il avait répondu qu’il était parmi «ceux qui pouvaient régler ce différend» et faciliter la reprise des relations diplomatiques rompues en 1980 après la prise en otage des diplomates de l’ambassade américaine. Mais selon l’un de ses proches, «les électeurs sont convaincus qu'il en est le seul capable, et c'est aussi ce que pense l'Occident».

M. Rafsandjani a occupé le poste de président de la République de 1989 à 1997. Depuis il dirige le Conseil de discernement du régime, la plus haute instance d'arbitrage politique du pouvoir islamique. Il a toujours été un pilier central du régime au cours de ces 26 dernières années et est perçu comme le véritable numéro deux du régime après le Guide suprême.

Alors que les conservateurs sont de plus en plus désunis et les réformateurs n'ont guère de chance de l'emporter, le principal danger pour l'ex-président est une faible participation, qui pourrait affaiblir sa position en cas d'élection, ou encore un revirement de dernière minute de l'électorat en faveur d'un autre candidat. Selon les derniers sondages officieux, l'ancien président est crédité de 28 à 30% des votes contre moins de 15% pour son principal concurrent conservateur, Mohammad Bagher Qalibaf, l'ex-chef de la police iranienne.

Quant aux réformateurs Mehdi Karoubi (ancien président du parlement réformateur) et Mostapha Moïn, soutenu par le Front de la participation, principal parti réformateur dirigé par Mohammad Reza Khatami, le frère du président iranien, ils savent que leur chance sont minimes par rapport à l’ancien président, qui tente un retour en force sur la scène politique.


par Siavosh  Ghazi

Article publié le 11/05/2005 Dernière mise à jour le 11/05/2005 à 15:57 TU