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Iran

Les conservateurs se déchirent avant la présidentielle

L'ancien président de la République islamique d'Iran de 1989 à 1997, Ali Akbar Hachémi Rafsandjani brigue un autre mandat présidentiel.(Photo : AFP)
L'ancien président de la République islamique d'Iran de 1989 à 1997, Ali Akbar Hachémi Rafsandjani brigue un autre mandat présidentiel.
(Photo : AFP)
Pour la première fois, l’élection présidentielle qui se tient le 17 juin pourrait déboucher sur un second tour. L’ancien président Rafsandjani paraît assuré de l’emporter.

De notre correspondant à Téhéran

À quatre jours de l’élection présidentielle du 17 juin, les huit candidats en lice ont mis les bouchées doubles pour convaincre les électeurs. L’ancien président Ali Akbar Hachémi Rafsandjani mène toujours la course en tête avec environ 30% des voix loin devant ses principaux concurrents. Selon certains sondages, c’est le réformateur Mostafa Moïn qui arrive second avec 18,5% des voix alors que d’autres sondages donnent second l’ultra-conservateur Mohammad Bagher Qalibaf, avec environ 18% des voix. Selon les analystes il est désormais très probable qu’il y ait un second tour. Ce sera la première fois dans l’histoire de la République islamique que les électeurs expérimenteront une telle situation. Jusque là, tous les présidents iraniens ont été élus dès le premier tour avec une forte majorité.

L’ancien président Rafsandjani, qui tente de se donner une nouvelle image de modération et de moderniste profite parfaitement de la désunion chez les conservateurs mais aussi les réformateurs.

Côté conservateurs, aucun des quatre candidats ne semble vouloir se désister. « Je démens une fois par jour mon retrait », a déclaré Mahmoud Ahmadi Nejad, l’actuel maire de Téhéran crédité seulement de 5% des voix. Cet ultra-conservateur est foncièrement hostile aux réformes menées ces dernières années par le président réformateur Mohammad Khatami.

L’échec d’une candidature unique des conservateurs

Les autres candidats ultra-conservateurs, Mohsen Rezaï ancien commandant des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique du régime, crédité de moins de 4% des voix, Ali Laridjani, ancien directeur de la puissante radio-télévision d'État, aujourd'hui conseiller du Guide suprême Ali Khamenei, et Mohammad Bagher Qalibaf, ne semblent pas vouloir accepter une candidature unique. « Il est trop tard pour arriver à un accord », a déclaré le président conservateur du parlement, Gholam-Ali Hadad-Adel.

Les voix se sont élevées chez les conservateurs pour réclamer une candidature unique. « Un nouvel effort a commencé pour arriver à l’unité. Il y a 50% de chances pour que l’unité se fasse dans le camp conservateur », a ainsi déclaré Ali Laridjani, soutenu par les partis conservateurs traditionnels. Il n’a toutefois pas expliqué les détails des négociations menées entre les quatre candidats ultra-conservateurs.

Côté réformateur, la désunion domine également. Mostafa Moïn est soutenu par le Front de la participation, principal parti réformateur dirigé par Mohammad Reza Khatami, le frère du président iranien, et les forces de l’opposition libérale, interdite mais tolérées par le pouvoir. Il est crédité d’environ 15% des voix. L’ancien président réformateur du parlement, Mehdi Karoubi, est soutenu par l’Association des religieux combattants, qui regroupe les religieux modérés.

En tout cas, les ultras risquent d'être absents du second tour qui s'annonce et qui serait le premier dans une présidentielle sous la République islamique. Selon la synthèse de quatre sondages récents, M. Rafsandjani arrive en tête avec 26,26%, suivi de M. Qalibaf (19,30), du réformateur Mostafa Moïn (15,45), de M. Ahmadinejad (11,10), du religieux modéré Mehdi Karoubi (9,26), de M. Laridjani (8,60), de M. Rezaï (3,40) et d'un autre réformateur, Mohsen Mehralizadeh (3,03). « Si la participation dépasse les 60 ou 65%, on peut espérer une élection dès le premier tour, mais si moins de 20 millions de personnes vont voter (sur environ 48 millions), il y aura un second tour », a dit le vice-gouverneur de la province de Téhéran, Ali Ossat Hachémi. Il a aussi annoncé qu’un second tour aura probablement lieu le 1er juillet prochain.

En tout cas, les attentats meurtriers de dimanche à Ahvaz (sud ouest) et à Téhéran qui ont fait 9 morts et une centaine de blessés ont créé un climat de tension. Toute la journée de lundi, des rumeurs d’attentats ont circulé dans Téhéran.


par Siavosh  Ghazi

Article publié le 14/06/2005 Dernière mise à jour le 14/06/2005 à 14:20 TU

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Fariba Adelkhah

Directeur de recherche au CERI

«Les Iraniens n’attendent plus des miracles… Ils sont désillusionnés sur la capacité du politique de montrer une issue de sortie à leurs problèmes.»

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