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Transport aérien

L’émergence des petites compagnies africaines

Une hôtesse d'Air Afrique présente une maquette d'avion de la compagnie aujourd'hui disparue.(Photo : AFP)
Une hôtesse d'Air Afrique présente une maquette d'avion de la compagnie aujourd'hui disparue.
(Photo : AFP)
Depuis la disparition d’Air Afrique, tous les pays africains ont à cœur de créer leur propre compagnie aérienne. Ils ne veulent pas laisser aux seules compagnies européennes le monopole de leur espace aérien. Pour l’heure c’est Air France qui tire son épingle du jeu avec des vols réguliers sur les différentes capitales de l’Afrique de l’Ouest.

Le Sénégal, membre de la multinationale Air Afrique, est le premier pays à avoir relancé sa  compagnie nationale afin d’être le meilleur transporteur à destination de Dakar. Mais pour assurer un développement rapide de l’entreprise, les autorités sénégalaises ont permis à la  Royal Air Maroc (RAM) d’absorber entièrement la compagnie nationale sénégalaise qui a pris le nom de «Air Sénégal international». Plus de 100 000 clients sont attendus sur les lignes Air Sénégal international et selon certaines prévisions 200 000 personnes pourraient être transportées par la compagnie sénégalaise. Les autorités marocaines de l’entreprise ont alors décidé de connecter d’ici à deux ans certaines capitales francophones. Elles prévoient d’ouvrir les lignes Casablanca-Lomé et Casablanca-Cotonou en 2006, puis Casablanca-Brazzaville en 2007. 

Air Ivoire, la compagnie nationale de Côte d’Ivoire a longtemps suppléé aux défaillances de la multinationale Air Afrique sur la « côtière », la desserte des capitales portuaires de l’Afrique de l’Ouest de Dakar (Sénégal) à Pointe-Noire (Congo) avant de connaître, elle aussi, de graves problèmes. Les difficultés ont empiré avec le conflit civil en Côte d’Ivoire, dès la fin 2002, alors que les autorités ivoiriennes avaient signé un protocole de cession de 51% de la Nouvelle Air Ivoire (nouvelle société) à une entreprise All Africa Airways (AAA) pour un montant de 1,7 milliard de franc CFA. La société « AAA » est contrôlée à 51% par Air France et à 49% par le fonds d’investissement AIG-Infrastructure Fund. Air Ivoire a alors changé ses orientations en optant pour des lignes internationales vers l’Asie, l’Afrique centrale et australe et Paris.

La RAM et l’Agha Khan dans le ciel ouest-africain

Le Mali, pays enclavé avait durement vécu la disparition d’Air Afrique, surtout pour le transport de marchandise en Fret. En juillet 2002, Pape Sow Thiam, ancien directeur général d’Air Afrique prend la tête d’une nouvelle compagnie STA-Mali (Société des transports aériens). Melem Sabbague, Malien d’origine libanaise était à l’origine du projet. Mais quelque deux ans plus tard Pape Sow Thiam démissionnait laissant derrière lui une entreprise moribonde. Il est alors question de renflouer la société Air Mali, dans laquelle la société IPS du prince Karim Agha Khan. Les entreprises et le nom du prince réapparaissent sur le marché avec la naissance en avril 2005 de la Compagnie aérienne du Mali (CAM) d’un capital de 3 milliards de francs CFA. Le groupe Agha Khan détient 51% des parts, l’Etat malien 20%  et des privés nationaux qui obtiennent les 29%. Une mission de désenclavement intérieur et extérieur du pays est assignée à la jeune compagnie qui aura aussi le souci de contribuer à la promotion du tourisme au Mali.

La société IPS du groupe Agha Khan avait aussi pris le contrôle d’Air Burkina en détenant 56% des parts de la nouvelle entreprise dont l’Etat s’est désengagé en 2001. Cette petite compagnie qui dessert les capitales régionales et Paris a aussi l’intention de « s’internationaliser », comme Air Togo qui a confié toute sa gestion à Eagle aviation à Paris. La desserte de Lomé est assurée par cette compagnie qui lorgne aussi sur les capitales régionales, sans oublier la destination de Paris privilégiée par toutes les compagnies en Afrique de l’Ouest. A l’intérieur d’un groupe « Afrique Alliance », les compagnies de l’Afrique de l’Ouest cherchent à harmoniser leurs trafics, mais pour l’instant l’expérience n’est pas une grande réussite. De nombreuses compagnies en quelques mois d’existence ont mis la clé sous le paillasson : STA-Mali, West African Airlines (Westair Bénin). Certaines n’apparaissent qu’au moment des vacances par vols charters : Afrique Airlines, Trans african Airlines, Air Inter, etc. Il faut aussi préciser que tous les pays africains ont une compagnie nationale qui à un moment ou un autre manifeste de voler hors de ces frontières pour tenter de combler le vide laisser par Air Afrique.

Pour pallier cette grande pagaille dans le ciel africain, le colonel Mouammar Kadhafi avait l’idée d’une compagnie africaine qui remplacerait Air Afrique. Les pays africains sub-sahariens ont accueilli la nouvelle avec beaucoup de réserve, ce qui a eu pour effet de provoquer une réaction d’orgueil du guide de la Révolution qui a créé, à côté de la compagnie nationale libyenne Buraq Air, une autre compagnie spécialement dédiée aux Africains au sud du Sahara, «Afriqiyah». Son siège est Tripoli, le passage obligé vers les capitales africaines de cette compagnie qui propose des vols charters à fréquences plus ou moins régulières au départ de Paris.


par Didier  Samson

Article publié le 21/06/2005 Dernière mise à jour le 21/06/2005 à 08:21 TU