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Climat

Le G8, un petit pas pour le climat ?

L'un des hôtels de Gleneagles, dans la lande écossaise.(Photo : www.g8.gov.uk)
L'un des hôtels de Gleneagles, dans la lande écossaise.
(Photo : www.g8.gov.uk)
Le G8, c’est-à-dire les pays les plus riches de la planète (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Japon, Italie, Royaume-Uni), plus la Russie, se réunissent pendant deux jours à Gleneagles, dans les environs d’Edimbourg, en Ecosse. Plusieurs sujets sont à l’ordre du jour de cette réunion informelle notamment la lutte contre le réchauffement de la planète. Malgré la fermeté de la position américaine, le dossier pourrait légèrement avancer à l’occasion de cette réunion.

«Nous avons eu des discussions difficiles, et il semble que nous nous orientons vers un accord». C’est ce que déclarait dimanche Jacques Chirac alors que les «sherpas», les conseillers qui préparent le sommet de Gleneagles, peaufinent le texte final. Plus ils travailleront en amont, plus ce texte a de chance de recevoir l’agrément des chefs d’Etat et de gouvernement présents dans la bourgade écossaise.

Tony Blair indique de son côté qu’un accord sera «très difficile» à Gleneagles sur ce dossier du réchauffement de la planète. Contrairement aux Européens, jusqu’à présent, les Etats-Unis ont toujours estimé qu’il n’y avait pas d’urgence à agir et que les «sauts technologiques» attendus vers 2040 permettraient de régler ce problème du réchauffement de la planète : les recherches en cours sur la pile à combustible, sur l’utilisation de l’hydrogène comme source d’énergie de substitution, la mise au point de la quatrième génération de réacteurs nucléaires et le prochain stockage souterrain de CO2.

Comme 2040 ce n’est pas demain, les pays industrialisés se sont engagés, à travers le Protocole de Kyoto, à réduire leurs émissions de gaz carbonique dans l’atmosphère qui provoquent l’effet de serre. Les Etats-Unis, on le sait, ont finalement refusé de signer ce texte en 2001. Et depuis, les partenaires de ce pays, numéro un mondial des émissions de gaz à effet de serre, essaient de le faire revenir dans la négociation.

Le réchauffement, une réalité

Bush sera bien sûr à Gleneagles et si le président français parle par avance d’un accord, ce sera seulement sur une idée : le président américain accepterait que figurent dans le document final les mots suivants : «Le changement climatique est une réalité» et il faut régler ce problème «en recourant aux nouvelles technologies».

Si les choses en restent là, l’accord sera a minima. Les Européens, qui se veulent exemplaires en matière de lutte contre les changements climatiques voudraient que le texte préparé pour le G8 reconnaisse le rôle des activités humaines dans le réchauffement de la planète. Comme Tony Blair a décidé que les changements climatiques seraient l’un des points forts du sommet, Chirac et Schröder l’ont poussé à faire pression sur les Etats-Unis. Pourquoi ne pas publier un communiqué final sans la signature du président Bush si les Etats-Unis persistent à refuser de s’engager dans cette lutte ? Cette solution semble déplaire aux Américains. Les discussions entre «sherpas» ont repris  pour obtenir un projet de communiqué final moins audacieux.

Chirac en champion

Jacques Chirac, qui n’a rien à perdre, semble vouloir faire monter les enchères. Il exigerait que ce communiqué soit en conformité avec l’accord de Kyoto, traité qui chiffre les efforts à faire d’ici 2012 pour réduire la quantité de gaz rejetés dans l’atmosphère par les pays riches. Clash ou concessions, on pourrait se retrouver dans la même situation qu’en 2001 lorsque les Américains ont finalement refusé de s’engager dans ce processus international de réduction des émissions.

Comme à chaque discussion autour de la lutte contre les changements climatiques, des informations périphériques sont publiées rappelant l’ampleur du phénomène et la responsabilité des pays industrialisés. Le WWF, le Fonds mondial pour la nature, renouvelle le genre en classant les huit pays qui participent au sommet de Gleneagles en fonction de dix critères de lutte contre l’effet de serre. Pour le WWF, si Washington «reste le cancre de la classe, aucun des sept autres élève ne s’avère particulièrement brillant».

Le Royaume-Uni la France et l’Allemagne arrivent en tête du classement mais leurs émissions de gaz à effet de serre pourraient augmenter si aucune mesures nouvelles de réduction ne sont prises. Le Canada, l’Italie, et le Japon se classent plus loin et semblent incapables, selon l’organisation de protection de l’environnement, de respecter les objectifs du Protocole de Kyoto. L’association appelle donc les membres du G8, qui représentent 45% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, à adopter à Gleneagles des objectifs plus ambitieux, en laissant de côté, si nécessaire, les Etats-Unis.

Les communes plus en avance

Allié inattendu des gouvernements qui veulent faire des efforts pour lutter contre les changements climatiques : Arnold Schwarzenegger, gouverneur de l’Etat de Californie. Il lance un appel dans la presse britannique en faveur d’actions urgentes pour lutter contre le réchauffement. Schwarzenegger, Républicain comme Bush, appelle les « gouvernements de partout » dans le monde à rejoindre le combat contre les changements climatiques. Confrontée depuis longtemps à une pollution atmosphérique permanente, la Californie a pris des mesures drastiques pour réduire ses émissions de 80% d’ici 2050. Des normes toujours plus sévères sont imposées aux constructeurs automobiles pour parvenir aux Low Emission Vehicles, aux véhicules à faible émissions.

Sans attendre un revirement de leur gouvernement concernant la lutte contre les changements climatiques, plus d’une centaine de villes américaines, grandes et petites, viennent de signer un accord volontaire pour diminuer leurs émissions de gaz polluants et se mettre en conformité avec le Protocole de Kyoto. Ces rejets devraient donc baisser de 7% d’ici 2010. Au Royaume-Uni, pays dont l’ambition est de réduire de 60% ses émissions nocives pour l’atmosphère d’ici 2050, la lutte contre le réchauffement est visible au quotidien. La taxe que les automobilistes doivent payer pour pénétrer dans le centre de Londres vient d’augmenter de 60%. La création de ce péage urbain a permis une diminution de 30% des embouteillages, et la pollution d’autant. Les commerçants ne sont pas contents. Le maire de Londres a pourtant l’intention d’étendre l’année prochaine la zone de la taxe.    


par Colette  Thomas

Article publié le 04/07/2005 Dernière mise à jour le 04/07/2005 à 16:58 TU