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Réchauffement de la planète

La protection du climat à tout petits pas

L'étang de Berre (Bouches-du-Rhône), l'un des sites industriels français qui rejette le plus de gaz à effet de serre. 

		(Photo : AFP)
L'étang de Berre (Bouches-du-Rhône), l'un des sites industriels français qui rejette le plus de gaz à effet de serre.
(Photo : AFP)
Après deux semaines de négociations, la lutte contre les changements climatiques a peu avancé au cours de cette conférence des Nations unies en Argentine. Seule décision concrète : se revoir en mai prochain à Bonn, en Allemagne, de manière informelle.

Chaque année, les signataires de la Convention climat et du Protocole de Kyoto se retrouvent pour tenter de mettre concrètement en œuvre ces deux traités chargés de lutter contre les changements climatiques. Depuis le refus américain, en 2001, de signer le Protocole, les négociations piétinent. Comme Washington a signé la Convention de 1992, les discussions continuent et reproduisent à peu près toujours le même rapport de force. D’un côté les Etats-Unis et leurs alliés, Canada, Australie, Nouvelle Zélande ; de l’autre l’Union européenne ; et enfin les pays en développent regroupés sous l’appellation « groupe des 77 ». Les Européens affichent toujours la volonté de réduire la quantité de gaz à effet de serre qu’ils rejettent dans l’atmosphère pour atteindre les objectifs du Protocole signé en 1997 : ramener, d’ici 2012, ces rejets à leur niveau de 1990, c’est-à-dire les réduire de 5%.

La prochaine entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, le 16 février 2005, doit conduire à l’ouverture, en novembre prochain, de nouvelles négociations pour prolonger les engagements pris pour sept ans, de 2005 à 2012. Les objectifs du Protocole semblent cependant relativement inaccessibles puisqu’à Buenos Aires, les Européens ont essayé sans succès de ramener les Américains dans la négociation pour qu’ils s’engagent à réduire leurs rejets de gaz à effet de serre dans la prochaine décennie. Les Européens voudraient également que les pays émergents s’engagent, eux aussi, à réduire leurs émissions polluantes. Dans les deux traités (convention et protocole), ces pays n’ont pour le moment qu’une obligation d’inventaire de leurs rejets. Pour le moment, ils refusent de prendre des engagements de réduction pour ne pas compromettre leur croissance.

Un séminaire informel, à Bonn

Les Etats-Unis ont donc freiné tout engagement sur l’après 2012. L’Australie, qui n’a pas non plus signé le Protocole de Kyoto, a adopté la même position. Dans ce camp du refus, se retrouve aussi le groupe des 77, les pays en développement. Parmi eux, les pays producteurs de pétrole qui réclament toujours des dédommagements pour compenser leurs pertes économiques lorsque les pays industrialisés réussiront à développer leurs économies sans recourir aussi massivement qu’aujourd’hui aux énergies fossiles.

Au cours de ces deux semaines de réunion, la grande majorité des délégués représentant les pays membres de la Convention climat ne souhaitait donc guère faire avancer la lutte contre les changements climatiques. Pour terminer sur un compromis, il a été décidé d’organiser un séminaire en 2005, à Bonn, en Allemagne, où se trouve le siège de la Convention climat. Ces discussions seront informelles. Il n’est pas question de négociations en bonne et due forme pour préparer l’après-Kyoto. Les Américains ont obtenu qu’un seul séminaire ait lieu, et non plusieurs comme le demandait l’Union européenne. La rencontre sera cependant étalée sur plusieurs jours pour parler des différentes politiques de lutte contre l’effet de serre. Jusqu’au dernier moment, cet unique acquis de la conférence de Buenos Aires a fait l’objet de négociations tendues. L’Inde, appuyée par le Brésil et la Chine, a tenu à ce qu’il soit bien précisé qu’aucun engagement nouveau de réduction des émissions ne serait pris au cours de ce séminaire de Bonn.

Une approche plus pragmatique

Après Rio et la Convention climat en 1992, il y a eu l’élaboration sophistiquée du Protocole de Kyoto chargé de mettre en œuvre la promesse faite au sommet de la planète terre : réduire les émissions de gaz à effet de serre qui modifient les climats. Depuis, la réalité économique a montré combien il est difficile de réduire l’utilisation des hydrocarbures dans les secteurs de l’industrie, de l’habitat, des transports. Des engagements impossibles à tenir pourraient laisser la place à une approche plus pragmatique. En partant de la réalité économique d’un pays, des experts pourraient élaborer une politique de « décarbonisation », c’est-à-dire de diminution des gaz à effet de serre, d’un secteur industriel gourmand en énergie. Ces réductions n’auraient alors pas de caractère contraignant. Dans les pays industrialisés, les pouvoirs publics ont régulièrement encouragé la réduction de la pollution atmosphérique. Les grandes entreprises type cimenteries ou raffineries en ont toujours retiré des bénéfices grâce à des économies d’énergie ou une rationalisation de leur production.



par Colette  Thomas

Article publié le 20/12/2004 Dernière mise à jour le 20/12/2004 à 15:31 TU