Réchauffement climatique
La Russie met en péril le protocole de Kyoto
Le refus par la Russie de ratifier le protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre remet en cause l’application de cette convention des Nations-Unies, signée en 1997 et ratifiée à ce jour par 120 pays.
Après des mois de tergiversations, la Russie semble avoir donné la priorité à une croissance économique accélérée, dans les prochaines années, y compris au détriment de l’environnement. Andrei Illarionov, conseiller économique du président Poutine a annoncé que, dans sa forme actuelle, la Russie ne ratifierait pas un Protocole de Kyoto qui, selon lui, «entraîne d’importantes limitations de la croissance économique de la Russie». Cette prise de position confirme les inquiétudes qui avaient pu naître en octobre dernier lorsque le président Poutine lui-même avait subordonné l’accord de son pays à une évaluation de l’impact sur l’économie russe des engagements de Kyoto.
Ainsi, la Russie rejoint, au moins pour l’instant, les Etats-Unis dans leur opposition au protocole qui impose aux pays les plus industrialisés une réduction de 5,2%, par rapport à 1990, de l’émission de gaz à effet de serre, à l’horizon 2008-2010. Un responsable américain vient de réaffirmer que pour les Etats-Unis le protocole de Kyoto «est une camisole irréaliste et toujours plus contraignante en ce qui concerne la consommation d’énergie», ce qui s’opposerait à la croissance économique mondiale. La décision russe s’ajoutant à celle des États-Unis est d’autant plus grave aux yeux des partisans du protocole de Kyoto que son application est liée à la ratification de 55 pays représentant 55% des émissions de gaz de la planète.
A ce jour, 120 pays l’ont effectivement ratifiée, mais ils n’atteignent pas le seuil d’émission fatidique et arriveront difficilement à l’atteindre sachant que les États-Unis représentent 36% des émissions et la Russie 17%. C’est donc l’existence même de cette convention internationale destinée à lutter durablement contre le réchauffement de la planète qui est en jeu.
La situation s’aggrave
Du coté des promoteurs du protocole on veut encore croire que la décision russe n’est pas définitive. Le Japon, conscient que «le protocole n’entrera pas en vigueur si la Russie ne le ratifie pas» va poursuivre ses pressions diplomatiques sur Moscou. La visite du Premier ministre russe Mikhaïl Kasyanov à Tokyo à partir du 15 décembre en donnera rapidement l’occasion. L’ONU se base sur le fait que la Russie «a donné des signaux contradictoires sur ses intentions dans les derniers mois» pour rester optimiste quant à une ratification finale. Et l’Union européenne qui a approuvé le protocole de Kyoto en 2002 estime, par la voix de Margot Wallström, commissaire européen à l’Environnement que «le protocole n’est pas mort, il retient son souffle».
La position russe apparaît peu compréhensible à certains experts. Ils soulignent que ce pays pourrait au contraire tirer profit du protocole de Kyoto dans la mesure où il a la possibilité de vendre des quotas de pollution autorisée. Or, la Russie dispose de marges de pollution importantes car les quotas par pays ont été fixés en 1990, un an avant l’effondrement de l’Union soviétique. Depuis 1990 on estime que les émissions russes de gaz à effet de serre ont diminué de 30%. Mais une autre thèse avance qu’en l’absence de participation des Etats-Unis, potentiellement les plus gros acheteurs de «permis à polluer», les gains financiers à en attendre sont à revoir nettement à la baisse.
L’Agence internationale de l’énergie estime par ailleurs que la Russie dispose de l’un des plus vastes potentiels mondiaux d’énergies renouvelables, émettant peu ou pas de gaz à effet de serre. Sous leurs différentes formes (géothermie, hydroélectricité, biomasse, solaire) elles pourraient atteindre 30% des approvisionnements énergétiques du pays contre 1% actuellement. Le développement des énergies renouvelables entre également dans les avantages liés au protocole de Kyoto.
Pendant ce temps, le réchauffement de la planète se poursuit inexorablement. Une étude récente des Nations unies conclut que les pays développés qui avaient stabilisé leurs émissions de dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre au cours des années 90 recommenceront à les augmenter entre 200 et 2010. Europe, Japon, Etats-Unis et quelques pays hautement industrialisés pourraient accroître leurs émissions de 8% durant cette décennie, soit 17% de plus qu’à la date référence de 1990. La situation est encore aggravée par le redressement des économies d’Europe centrale et orientale qui avaient beaucoup régressé dans les années 90. Dans ces pays, l’émission de gaz à effet de serre recommence à augmenter.
Ainsi, la Russie rejoint, au moins pour l’instant, les Etats-Unis dans leur opposition au protocole qui impose aux pays les plus industrialisés une réduction de 5,2%, par rapport à 1990, de l’émission de gaz à effet de serre, à l’horizon 2008-2010. Un responsable américain vient de réaffirmer que pour les Etats-Unis le protocole de Kyoto «est une camisole irréaliste et toujours plus contraignante en ce qui concerne la consommation d’énergie», ce qui s’opposerait à la croissance économique mondiale. La décision russe s’ajoutant à celle des États-Unis est d’autant plus grave aux yeux des partisans du protocole de Kyoto que son application est liée à la ratification de 55 pays représentant 55% des émissions de gaz de la planète.
A ce jour, 120 pays l’ont effectivement ratifiée, mais ils n’atteignent pas le seuil d’émission fatidique et arriveront difficilement à l’atteindre sachant que les États-Unis représentent 36% des émissions et la Russie 17%. C’est donc l’existence même de cette convention internationale destinée à lutter durablement contre le réchauffement de la planète qui est en jeu.
La situation s’aggrave
Du coté des promoteurs du protocole on veut encore croire que la décision russe n’est pas définitive. Le Japon, conscient que «le protocole n’entrera pas en vigueur si la Russie ne le ratifie pas» va poursuivre ses pressions diplomatiques sur Moscou. La visite du Premier ministre russe Mikhaïl Kasyanov à Tokyo à partir du 15 décembre en donnera rapidement l’occasion. L’ONU se base sur le fait que la Russie «a donné des signaux contradictoires sur ses intentions dans les derniers mois» pour rester optimiste quant à une ratification finale. Et l’Union européenne qui a approuvé le protocole de Kyoto en 2002 estime, par la voix de Margot Wallström, commissaire européen à l’Environnement que «le protocole n’est pas mort, il retient son souffle».
La position russe apparaît peu compréhensible à certains experts. Ils soulignent que ce pays pourrait au contraire tirer profit du protocole de Kyoto dans la mesure où il a la possibilité de vendre des quotas de pollution autorisée. Or, la Russie dispose de marges de pollution importantes car les quotas par pays ont été fixés en 1990, un an avant l’effondrement de l’Union soviétique. Depuis 1990 on estime que les émissions russes de gaz à effet de serre ont diminué de 30%. Mais une autre thèse avance qu’en l’absence de participation des Etats-Unis, potentiellement les plus gros acheteurs de «permis à polluer», les gains financiers à en attendre sont à revoir nettement à la baisse.
L’Agence internationale de l’énergie estime par ailleurs que la Russie dispose de l’un des plus vastes potentiels mondiaux d’énergies renouvelables, émettant peu ou pas de gaz à effet de serre. Sous leurs différentes formes (géothermie, hydroélectricité, biomasse, solaire) elles pourraient atteindre 30% des approvisionnements énergétiques du pays contre 1% actuellement. Le développement des énergies renouvelables entre également dans les avantages liés au protocole de Kyoto.
Pendant ce temps, le réchauffement de la planète se poursuit inexorablement. Une étude récente des Nations unies conclut que les pays développés qui avaient stabilisé leurs émissions de dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre au cours des années 90 recommenceront à les augmenter entre 200 et 2010. Europe, Japon, Etats-Unis et quelques pays hautement industrialisés pourraient accroître leurs émissions de 8% durant cette décennie, soit 17% de plus qu’à la date référence de 1990. La situation est encore aggravée par le redressement des économies d’Europe centrale et orientale qui avaient beaucoup régressé dans les années 90. Dans ces pays, l’émission de gaz à effet de serre recommence à augmenter.
par Francine Quentin
Article publié le 03/12/2003