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Réchauffement climatique

Colère planétaire contre George W. Bush

La décision du président américain George W. Bush d'enterrer le protocole de Kyoto sur les changements climatiques suscite une vague de protestation. L'Europe et le Japon font pression sur l'administration américaine pour qu'elle revienne sur sa décision.
«Irresponsable», «dangereux», «effrayant», «décevant et regrettable»à moins de 24 heures après que le porte-parole de la Maison Blanche eut annoncé que le président Bush considérait comme lettre morte le protocole de Kyoto, les réactions ont fusé. Les critiques sont venues du Canada, du Japon, de la Chine, et de la Grande-Bretagne.

«Cette attitude est irresponsable envers l'environnement mondial», a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. La Chine, deuxième émetteur mondial de gaz carbonique, principale cause du réchauffement climatique, devrait doubler les Etats-Unis (premiers pollueurs du monde) à l'horizon 2020. M. Sun Yuxi a affirmé que «les pays développés ont été et restent les principales sources de gaz d'échappement dans le monde» et défendu les dispositions du protocole favorables aux pays en voie de développement. «La tâche dominante des pays en voie de développement est de développer leur économie et de réduire la pauvreté. C'est pourquoi il est précisé dans la convention de l'ONU que les pays développés et les pays en développement assument des responsabilités différentes», a-t-il poursuivi. A Washington, le porte-parole de la Maison Blanche avait ajouté que les Etats-Unis privilégiaient «un plan impliquant aussi bien les pays en développement que les pays développés».

De son côté, le Canada s'est dit «déçu» de la décision de la Maison Blanche. David Anderson, le ministre canadien de l'Environnement ne s'est pas montré tendre envers les Européens qu'il tient pour responsables de revirement américain. «Les Européens croyaient qu'à force de pressions, les Américains rentreraient dans le rang. Le dernier Européen qui pensait cela, c'était le roi George III il y a 230 ans», celui qui a perdu les colonies américaines. «Pourquoi ne pas accepter l'idée qu'une tonne de gaz a effet de serre dans l'atmosphère est la même, qu'elle vienne du Canada ou du Cameroun ?», s'est-il interrogé.

«Obligation morale»

A son tour, Londres critique la position américaine juge «extrêmement grave» et qui «pose un problème de qu'elle politique étrangère bilatérale». Le ministre britannique de l'Environnement a rappelé les menaces que font peser sur la Terre l'effet de serre : sécheresses jamais connues, ouragans, inondations et des conditions météorologiques extrêmesà «Les changements climatiques constituent, a-t-il dit, le défi le plus effrayant des cent prochaines années» .

Même inquiétude à Tokyo qui va continuer à faire pression sur le gouvernement américain pour qu'il revienne sur sa décision. «Il est extrêmement important que les Etats-Unis, qui sont le premier émetteur de dioxyde de carbone, signent le traité», a déclaré le secrétaire général du gouvernement, Yasuo Fukuda.

Quant aux espoirs de l'Union européenne, ils reposent sur Gerhard Schröder. Le chancelier allemand devait rencontrer George W. Bush jeudi à la Maison Blanche. Dans une interview au Los Angeles Times, le dirigeant allemand a affirmé qu'il était «important que les Etats-Unis comprennent leur responsabilité concernant le climat mondial. Ne pas assumer cette responsabilité ne serait pas juste vis-à-vis des générations futures».

Les craintes exprimées sont d'autant plus compréhensibles que l'espoir de trouver un compromis était déjà bien mince après le retentissant échec de la conférence de La Haye en novembre dernier. Les négociations avaient achoppé sur les moyens de faciliter la mise en oeuvre du protocole. Ce protocole, rappelons le, conclu en 1997 par la communauté internationale sous l'égide de l'ONU, imposait à 38 pays développés une réduction moyenne de 5,2% des émissions de gaz carbonique et autres gaz à effet de serre en 2010 par rapport à 1990. Or, ni les Etats-Unis, ni les 55 pays signataires (à l'exception de la Roumanie) n'ont ratifié cet accord. Les négociations doivent reprendre en juillet à Bonn mais la décision américaine, si elle est maintenue, risque purement et simplement d'enterrer le protocole de Kyoto, faisant fi, comme le dit Gerhard Schröder, de la protection des générations futures, «une obligation morale».





par Sylvie  Berruet

Article publié le 29/03/2001