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Réchauffement climatique

L'ONU entre dans la danse

Dans sa croisade contre le réchauffement climatique, l'Europe vient de trouver un soutien de poids : Kofi Annan. Pour la première fois, le secrétaire général de l'ONU a ajouté sa voix au concert de protestations internationales, après la décision américaine d'enterrer le protocole de Kyoto. La mobilisation contre Washington s'intensifie.
«C'est une décision regrettable». Depuis le siège de l'Onu à New York, Kofi Annan a affirmé lundi qu'il espérait que «la position américaine n'était pas immuable». «Le réchauffement climatique est une réalité. Il y a suffisamment de preuves scientifiques de cela et nous devons prendre toutes les mesures possibles pour tenter d'y mettre fin», a-t-il dit.

Au même moment, la Commission européenne a fait savoir qu'elle excluait toute renégociation du texte de Kyoto avec l'administration Bush. L'un de ses porte-parole a affirmé qu'il n'était «pas question de renégocier l'accord de Kyoto», considéré comme «intouchable».
«Nous sommes prêts à poursuivre le processus de ratification de l'accord de Kyoto avec ou sans les Etats-Unis», a poursuivi le porte-parole de la commission, soulignant que «ce serait une terrible erreur de déchirer l'accord et de tout recommencer à zéro».

A quelque trois mois de la conférence de Bonn, où doivent reprendre les négociations sur le réchauffement climatique, les Européens affichent la fermeté. Une troïka européenne poursuivait son périple planétaire en Chine en vue de trouver des alliés à sa cause et ce malgré l'échec de ses discussions à Washington la semaine dernière.

Les petites îles menacées

A son tour, Pékin a rappelé à l'Union européenne son attachement au protocole de Kyoto. Après Moscou et Téhéran, la troïka est arrivée dimanche en Chine. Bien avant l'affaire de l'avion espion qui empoisonne les relations diplomatiques entre les deux puissances, Pékin avait jugé «irresponsable» l'attitude américaine.

Face à cette levée mondiale de boucliers, les Etats-Unis argumentent leur choix. Dans une émission sur la chaîne NBC, le vice-président américain Dick Cheney a défendu la position de George W. Bush. Affirmant que son gouvernement était préoccupé par cette question, il a précisé que son administration allait revoir toutes les données scientifiques afin de mettre sur pied «un bon programme, solide, agressif, pour nous attaquer à la question des émissions de gaz carbonique». Quant au contenu dudit programme, mystèreà

Ce que l'on sait en revanche, c'est qu'une série de consultations informelles entre ministres de l'Environnement auront lieu la semaine prochaine aux Etats-Unis en vue d'arrêter une position après le revirement américain. Elles seront menées par le ministre néerlandais de l'Environnement.

En toile de fond de cette agitation politico-diplomatique, se joue, rappelons-le, le destin de la planète et celui des générations futures. Le protocole de Kyoto on le sait, recommande aux 38 pays signataires de réduire en 2010 en moyenne de 5,2% leurs émissions de gaz carbonique et autres gaz à effet de serre par rapport à leur niveau d'émission de 1990.

Et puis à noter parmi les voix qui se sont élevées pour dire leur inquiétude : celle des habitants des petites îles. Un rapport publié en janvier par les experts de l'ONU (IPCC) a confirmé que de nombreuses îles du Pacifique et de l'Océan indien était menacées par la hausse du niveau de mer. L'Alliance des petits Etats insulaires (AOSIS), regroupant 43 îles indépendantes et présidée par l'île de Samoa (Pacifique sud), invite les Etats-Unis à ratifier le protocole de Kyoto «conformément à leurs responsabilités légales et morales à l'égard des générations actuelles et futures».





par Sylvie  Berruet

Article publié le 10/04/2001