Réchauffement climatique
Comment sauver le Protocole de Kyoto ?
L’absence des Etats-Unis du Protocole de Kyoto sur la lutte contre l’émission des gaz à effet de serre fragilise cet accord. Un rapport au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin préconise, pour sauver Kyoto, d’y rallier les pays en développement selon un processus « gagnant-gagnant » dont l’Union européenne serait le fer de lance.
Début 2003, plus de 55 pays ont ratifié le protocole de Kyoto négocié en 1997. Mais comme, à ce jour, le cumul de leurs émissions de gaz à effet de serre, responsable du réchauffement de la planète, n’atteint pas 55% des rejets totaux des pays industrialisés, son entrée en vigueur reste suspendue à la signature annoncée de la Russie. La décision des Etats-Unis de rester à l’écart de la lutte internationale contre la pollution pousse à s’interroger sur les chances de réussite du protocole et de la poursuite du processus.
Le Conseil d’analyse économique, laboratoire d’idées placé auprès du Premier ministre, engage, l’Union européenne, dans un rapport sur l’économie de l’effet de serre, «à jouer le rôle de leader que lui confère le retrait américain». Pour assurer la pérennité de l’accord il convient de le rendre accessible aux pays en développement en leur proposant des solutions qui, outre la préservation d’un bien public global, soient également séduisantes sur le plan économique et favorables à leur développement.
La pollution actuelle est principalement le fait d’un faible nombre de pays industrialisés. Un Européen rejette 2,3 tonnes de gaz carbonique dans l’atmosphère par an et un Français, dans cette moyenne 1,7 tonne, là où un habitant des Etats-Unis génère 6 tonnes et un Indien 0,3 tonne. Il serait donc absurde de demander à des pays faiblement émetteurs de gaz à effet de serre de payer, car cela a un coût, pour limiter un réchauffement climatique produit par d’autres.
A cela s’ajoute l’effet «passager clandestin», selon Roger Guesnerie, auteur du rapport et professeur au Collège de France, qui veut que chaque pays ait intérêt à profiter des efforts consentis par les autres pour lutter contre la pollution, mais sans y participer lui-même.
Première étape : des plafonds non contraignants
Comment dès lors convaincre la Russie, la Chine ou le Brésil et tous les autres pays en développement de se joindre activement au protocole de Kyoto ? D’autant plus que le coût des taxes sur l’émission de carbone ou les achats de permis à polluer créent des distorsions de concurrence en faveur des pays qui ne s’y soumettent pas. Le rapport propose un accord «gagnant-gagnant» entre pays industrialisés et pays en développement. Et, sur ce point, l’absence des Etats-Unis pourrait faciliter les choses.
Limiter les quotas d’émissions des pays pauvres sachant que le développement économique implique une augmentation de la consommation énergétique serait contre-productif. En revanche, leur accorder des quotas d’émission relativement importants devrait les inciter à adopter des techniques novatrices moins polluantes et peu coûteuses afin de se placer sur le marché en vendant leurs droits d’émission excédentaires. Cela implique des transferts de technologie en provenance des pays industrialisés et assure des revenus en faveur des pays en développement.
Dans un premier temps, les pays en développement pourraient être accueillis au rang de ceux qui s’engagent à limiter leurs émissions, mais en leur fixant des plafonds non contraignants. Ainsi, ils ne seraient pas pénalisés en cas de dépassement, mais récompensés en cas de succès.
Une objection est souvent opposée aux défenseurs du protocole de Kyoto. La lutte contre les gaz à effet de serre entre en concurrence avec d’autres combats en faveur de l’eau, de la santé, de l’éducation qui seraient plus urgents pour les pays en développement. A cela Cédric Philibert de l’Agence internationale de l’énergie rétorque que l’absence des Etats-Unis du protocole de Kyoto n’a pas fourni un dollar de plus à l’action internationale en faveur de l’eau potable pour tous ou contre le sida.
Le Conseil d’analyse économique, laboratoire d’idées placé auprès du Premier ministre, engage, l’Union européenne, dans un rapport sur l’économie de l’effet de serre, «à jouer le rôle de leader que lui confère le retrait américain». Pour assurer la pérennité de l’accord il convient de le rendre accessible aux pays en développement en leur proposant des solutions qui, outre la préservation d’un bien public global, soient également séduisantes sur le plan économique et favorables à leur développement.
La pollution actuelle est principalement le fait d’un faible nombre de pays industrialisés. Un Européen rejette 2,3 tonnes de gaz carbonique dans l’atmosphère par an et un Français, dans cette moyenne 1,7 tonne, là où un habitant des Etats-Unis génère 6 tonnes et un Indien 0,3 tonne. Il serait donc absurde de demander à des pays faiblement émetteurs de gaz à effet de serre de payer, car cela a un coût, pour limiter un réchauffement climatique produit par d’autres.
A cela s’ajoute l’effet «passager clandestin», selon Roger Guesnerie, auteur du rapport et professeur au Collège de France, qui veut que chaque pays ait intérêt à profiter des efforts consentis par les autres pour lutter contre la pollution, mais sans y participer lui-même.
Première étape : des plafonds non contraignants
Comment dès lors convaincre la Russie, la Chine ou le Brésil et tous les autres pays en développement de se joindre activement au protocole de Kyoto ? D’autant plus que le coût des taxes sur l’émission de carbone ou les achats de permis à polluer créent des distorsions de concurrence en faveur des pays qui ne s’y soumettent pas. Le rapport propose un accord «gagnant-gagnant» entre pays industrialisés et pays en développement. Et, sur ce point, l’absence des Etats-Unis pourrait faciliter les choses.
Limiter les quotas d’émissions des pays pauvres sachant que le développement économique implique une augmentation de la consommation énergétique serait contre-productif. En revanche, leur accorder des quotas d’émission relativement importants devrait les inciter à adopter des techniques novatrices moins polluantes et peu coûteuses afin de se placer sur le marché en vendant leurs droits d’émission excédentaires. Cela implique des transferts de technologie en provenance des pays industrialisés et assure des revenus en faveur des pays en développement.
Dans un premier temps, les pays en développement pourraient être accueillis au rang de ceux qui s’engagent à limiter leurs émissions, mais en leur fixant des plafonds non contraignants. Ainsi, ils ne seraient pas pénalisés en cas de dépassement, mais récompensés en cas de succès.
Une objection est souvent opposée aux défenseurs du protocole de Kyoto. La lutte contre les gaz à effet de serre entre en concurrence avec d’autres combats en faveur de l’eau, de la santé, de l’éducation qui seraient plus urgents pour les pays en développement. A cela Cédric Philibert de l’Agence internationale de l’énergie rétorque que l’absence des Etats-Unis du protocole de Kyoto n’a pas fourni un dollar de plus à l’action internationale en faveur de l’eau potable pour tous ou contre le sida.
par Francine Quentin
Article publié le 14/01/2003