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Réchauffement climatique

Le sommet de la dernière chance ?

Bonn accueille dès lundi 180 pays pour la conférence sur la lutte contre le réchauffement climatique. Les Américains arrivent sans proposition, le Japon n'attend pas d'accord, les dissensions demeurentà Depuis le fiasco de la Haye où les puissances ont montré leur incapacité voire leur manque de volonté à enrayer leur propre pollution, depuis la décision américaine d'enterrer le protocole de Kyoto, le sort de la planète est au point mort. Parallèlement les spécialistes multiplient les signaux d'alarme.
La première chose dont on soit sûr à la veille de l'ouverture de la conférence, c'est la mobilisation policière : quelque 2000 policiers vont être déployés dans l'ancienne capitale allemande. «Bonn ne sera pas Göteborg ou Salzbourg», estime le chef de la police faisant référence aux violences entre manifestants et forces de l'ordre qui ont prévalu dans ces deux villes lors de sommets internationaux.

La deuxième chose : c'est la mobilisation de l'ONU. Dès la décision américaine de mars dernier, d'enterrer le protocole de Kyoto (adopté en décembre 1997 par 159 pays en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre), Koffi Anan a appelé à tout faire pour lutter contre le réchauffement climatique.

«Un seul pays ne peut pas déclarer mort un processus international qui concerne un problème mondial majeur», avait dit le secrétaire général de l'ONU, rappelant ainsi au nouveau locataire de la Maison Blanche ses responsabilités. A peine arrivée au pouvoir, l'administration de George W. Bush a balayé d'un revers de la main les engagements pris par Bill Clinton. L'annonce de considérer comme lettre morte le protocole de Kyoto avait provoqué l'indignation de l'Union européenne mais aussi une série de réactions contradictoires.

Nébuleuses alliances

Une troïka avait été dépêchée à Washington pour tenter de convaincre George W. Bush de revenir sur sa décision. Mission impossible. Les Américains ont toutefois fait savoir qu'ils étudiaient des initiatives contre le réchauffement climatique. Mais d'ores et déjà, ils sont en position de force à Bonn. Selon des diplomates européens, l'avancée ou le blocage des pourparlers dépendent de l'attitude des Etats-Unis. Paula Dobriansky, qui dirige la délégation américaine a promis «une participation constructive» aux discussions.

De son côté, le Japon a déjà fait savoir qu'il n'attendait aucun accord à l'issue de ce cette conférence de Bonn. «Nous n'avons pas encore trouvé de terrain d'entente sur la manière de coopérer entre les Etats, l'Europe et le Japon», a déclaré le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi. Pour cette raison, son pays ne se décidera pas sur la ratification du protocole de Kyoto avant octobre. La position japonaise a été critiquée par l'Onu et le chancelier allemand Schröder. L'Union européenne, comme ses alliés européens non membres de l'Union, a annoncé qu'elle souhaitait ratifier et faire entrer en vigueur Kyoto «au besoin sans les Etats-Unis» dès 2002. Selon les observateurs, les Européens doivent, depuis le retrait américain, composer avec les alliés traditionnels de Washington, le Japon et la Russie.

Difficile de donner des chances à un accord dans ce contexte d'alliances nébuleuses qui relègue, bien au second plan, les urgences criées et répétées des experts climatiques : le réchauffement est inexorable et les pays en développement seront les premiers a en faire les frais.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 15/07/2001