Réchauffement climatique
Fonte des glaces au pôle Sud
Un énorme plateau de glace s'est effondré dans l'Antarctique. Ce phénomène est exceptionnel par son ampleur, sa rapidité mais aussi parce que, pour la première fois, les scientifiques ont pu l'observer quasiment en direct.
Plus de 3 000 km ² de glace situés sur le plateau de Larsen dans l'Antarctique viennent de s’effondrer provoquant la dispersion de milliers d'icebergs dans la mer de Weddell. C'est un peu comme si près de la moitié de la Corse se détachait de son île d'ancrage en quelque 35 jours. Enorme ? Oui. Inédit ? Non. Ce plateau avait déjà largué une partie importante de sa masse (plus de 5 000 km²) mais par petits morceaux. Le phénomène qui vient de se produire est donc plus spectaculaire mais pour Marie-Noëlle Houssais, chercheur au CNRS spécialisée en océanographie polaire, il n’y a là rien d’affolant car ce genre d’effondrement «se fait toujours de manière brutale».
Reste à savoir pourquoi ce plateau glacier a tout à coup cédé. L’élévation des températures durant les derniers étés explique sûrement en partie cet événement. La fonte a été plus importante à ce moment-là, l’eau s’est infiltrée dans les fissures présentes dans la glace, les a creusées encore plus et a rendu l’ensemble «mécaniquement fragile». Les courants de l’eau sous la banquise ont pu aussi jouer un rôle dans la fracture du plateau glacier.
Pour Marie-Noëlle Houssais, «il y a des signaux multiples de réchauffement dans l’Antarctique». Le réchauffement des eaux intermédiaires (500 000 mètres de profondeur), de la température de l’air, ont, par exemple, été constatés dans la région. Depuis 1940, on a noté une augmentation de la température de 2,5 degrés. De là à dire qu’un processus est engagé et qu’il s’agit des signes d’une tendance longue au réchauffement plutôt que d’un événement isolé, il y a un pas qu’il est encore impossible de franchir. En matière de climat, les délais d’observation sont très longs et les hypothèses ne peuvent se vérifier qu’à l’échelle de plusieurs dizaines d’années. Il s’agit selon Marie-Noëlle Houssais «de données partielles» dont on ne peut pas tirer de conclusions définitives pour le moment.
Des signes de réchauffement
La dislocation de ce plateau glacier n’aura pas en elle-même des effets dramatiques en terme d’élévation du niveau des eaux. «Le volume est important, cela représente des milliards de tonnes d’eau [720 milliards] mais l’augmentation du niveau de la mer que cela provoque est de l’ordre du millimètre». Le véritable danger viendrait de la fonte des glaciers de l’Antarctique situés en amont et auxquels ces plateaux servent «de bouchons» qui les protègent du réchauffement. Car cela amènerait dans les océans d’énormes volumes d’eau supplémentaires pour le moment accumulés sur la terre.
Un autre risque ne doit pas être négligé. Les milliers d’icebergs échappés du plateau de Larsen sont pour le moment localisés majoritairement dans la mer de Weddel, un endroit stratégique à partir duquel sont alimentés les courants profonds qui transportent la chaleur sur la planète à travers les océans. S’ils se mettaient à fondre à cet endroit-là (ce qui n’est pas évident), cela pourrait alors avoir un effet sur «la machine thermique» de la terre. L’apport massif en eau douce qui serait lié à cette fonte pourrait perturber le processus de refroidissement et de plongées des eaux vers les profondeurs, «stopper la convection océanique» et induire des changements climatiques. Mais là encore, il s’agit d’évolutions très longues «de l’ordre du millénaire» et soumises à la réunion de nombreuses conditions.
Pour le moment, il n’y a donc aucune raison de céder à l’affolement. On est loin de l’hypothèse, celle-là terriblement inquiétante, de la fonte de la calotte glacière de l’Antarctique qui provoquerait une augmentation du niveau des eaux de 70 mètres. Jusqu’à présent, la calotte a toujours été stable. Reste qu’il ne s’agit pas non plus de quelque chose d’anodin. La fracture du Larsen B est l’événement de cet ordre le plus important des 30 dernières années. Les évolutions doivent donc être surveillées. D’autant que d’autres plateaux de glace sont «à la limite de la stabilité en raison de la température». Une partie du Larsen C mais aussi le plateau de Ross, le plus gros de l’Antarctique. En tout cas, l’observation par satellites «qui s’améliore de jour en jour», permet dorénavant une meilleure surveillance des évolutions dans cette zone particulièrement difficile d’accès. C’est ce qui a permis de suivre aussi bien le processus d’effondrement de cette plate-forme glacière.
Reste à savoir pourquoi ce plateau glacier a tout à coup cédé. L’élévation des températures durant les derniers étés explique sûrement en partie cet événement. La fonte a été plus importante à ce moment-là, l’eau s’est infiltrée dans les fissures présentes dans la glace, les a creusées encore plus et a rendu l’ensemble «mécaniquement fragile». Les courants de l’eau sous la banquise ont pu aussi jouer un rôle dans la fracture du plateau glacier.
Pour Marie-Noëlle Houssais, «il y a des signaux multiples de réchauffement dans l’Antarctique». Le réchauffement des eaux intermédiaires (500 000 mètres de profondeur), de la température de l’air, ont, par exemple, été constatés dans la région. Depuis 1940, on a noté une augmentation de la température de 2,5 degrés. De là à dire qu’un processus est engagé et qu’il s’agit des signes d’une tendance longue au réchauffement plutôt que d’un événement isolé, il y a un pas qu’il est encore impossible de franchir. En matière de climat, les délais d’observation sont très longs et les hypothèses ne peuvent se vérifier qu’à l’échelle de plusieurs dizaines d’années. Il s’agit selon Marie-Noëlle Houssais «de données partielles» dont on ne peut pas tirer de conclusions définitives pour le moment.
Des signes de réchauffement
La dislocation de ce plateau glacier n’aura pas en elle-même des effets dramatiques en terme d’élévation du niveau des eaux. «Le volume est important, cela représente des milliards de tonnes d’eau [720 milliards] mais l’augmentation du niveau de la mer que cela provoque est de l’ordre du millimètre». Le véritable danger viendrait de la fonte des glaciers de l’Antarctique situés en amont et auxquels ces plateaux servent «de bouchons» qui les protègent du réchauffement. Car cela amènerait dans les océans d’énormes volumes d’eau supplémentaires pour le moment accumulés sur la terre.
Un autre risque ne doit pas être négligé. Les milliers d’icebergs échappés du plateau de Larsen sont pour le moment localisés majoritairement dans la mer de Weddel, un endroit stratégique à partir duquel sont alimentés les courants profonds qui transportent la chaleur sur la planète à travers les océans. S’ils se mettaient à fondre à cet endroit-là (ce qui n’est pas évident), cela pourrait alors avoir un effet sur «la machine thermique» de la terre. L’apport massif en eau douce qui serait lié à cette fonte pourrait perturber le processus de refroidissement et de plongées des eaux vers les profondeurs, «stopper la convection océanique» et induire des changements climatiques. Mais là encore, il s’agit d’évolutions très longues «de l’ordre du millénaire» et soumises à la réunion de nombreuses conditions.
Pour le moment, il n’y a donc aucune raison de céder à l’affolement. On est loin de l’hypothèse, celle-là terriblement inquiétante, de la fonte de la calotte glacière de l’Antarctique qui provoquerait une augmentation du niveau des eaux de 70 mètres. Jusqu’à présent, la calotte a toujours été stable. Reste qu’il ne s’agit pas non plus de quelque chose d’anodin. La fracture du Larsen B est l’événement de cet ordre le plus important des 30 dernières années. Les évolutions doivent donc être surveillées. D’autant que d’autres plateaux de glace sont «à la limite de la stabilité en raison de la température». Une partie du Larsen C mais aussi le plateau de Ross, le plus gros de l’Antarctique. En tout cas, l’observation par satellites «qui s’améliore de jour en jour», permet dorénavant une meilleure surveillance des évolutions dans cette zone particulièrement difficile d’accès. C’est ce qui a permis de suivre aussi bien le processus d’effondrement de cette plate-forme glacière.
par Valérie Gas
Article publié le 22/03/2002