Réchauffement climatique
Echec à La Haye
La conférence de l'ONU sur le réchauffement climatique a échoué, samedi 25 novembre 2000. Cette réunion, qui regroupait 180 pays, était censée déterminer la façon dont les pays industrialisés devaient réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Un nouveau rendez-vous pourrait avoir lieu dans les prochains mois.
L'annonce a été faite en séance plénière par Jan Pronk, président de la conférence et ministre néerlandais de l'environnement. «Après de très longues discussions (à) nous devons constater que nous ne sommes pas parvenus à un accord. Je suis très déçu». Au bout de deux semaines d'âpres négociations, Jan Pronk a estimé que les pays industrialisés «n'avaient pas été à la hauteur des énormes attentes» placées dans cette importante réunion.
L'enjeu était de taille: les pays riches devaient se mettre d'accord sur les moyens de mettre en oeuvre les engagements pris à Kyoto, en 1997. A l'époque, trente-huit pays industrialisés ont promis, à l'échéance 2008-2012, de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (les pays en développement n'ayant pas d'engagements chiffrés). Par rapport aux niveaux de 1990, la baisse prévue est de 8% en moyenne pour l'Union européenne, 7% pour les Etats-Unis, et 6% pour le Japon.
Les causes de l'échec semblent venir davantage de divergences au sein même de l'Union européenne que d'un désaccord entre l'Europe et les Etats-Unis, pourtant très marqué à l'origine.
Au début de la conférence en effet, le clivage principal mettait face à face l'Europe et les Etats-Unis. Les Américains, plutôt que de faire des efforts à l'échelon national, prônaient l'échange de permis d'émission, c'est-à-dire la possibilité pour des pays à industrie polluante d'acheter des quotas de CO2 à des pays moins pollueurs. De cette façon, selon Washington, le résultat est globalement le même à l'échelon planétaire. Les Européens n'y étaient pas totalement hostiles, mais souhaitaient limiter ces échanges à moins de 50% des engagements, de façon à contraindre les pays industrialisés à prendre des mesures internes.
Le ministre nigérian de l'Environnement met en cause «l'égoïsme et le manque de volonté politique des pays du Nord.»
Or, un accord aurait été conclu ce samedi dans la matinée, les deux côtés de l'Atlantique mettant fin à leurs divergences, selon un responsable américain, «sur trois dossiers critiques de la négociation». Mais, ajoute ce responsable, «cet accord initial a été rejeté peu après, lors d'une réunion plénière des Quinze». Ce que confirme le vice-Premier ministre britannique, John Prescott, qui admet: «Nous aurions pu nous entendre mieux» au sein de l'Union européenne. L'Allemagne et la Grande-Bretagne reprochaient à la présidence française de l'Union de ne pas respecter les paramètres de négociation convenus par les Quinze.
Résultat: la déception est générale, autant du côté des participants («J'en suis malade», a confié John Prescott, tandis que le ministre nigérian de l'environnement mettait en cause «l'égoïsme et le manque de volonté politique des pays du Nord»), que du côté des organisations écologistes, très nombreuses à la conférence. «Cet échec est un désastre pour nous», estime le mouvement Les Amis de la Terre. Quant aux écologistes américains, ils rappellent que «L'Europe risque maintenant de devoir faire face à une administration républicaine sous George W.Bush, opposant déclaré au protocole de Kyoto».
Pour autant, tout n'est peut-être pas perdu. Côté européen, certains veulent remettre l'ouvrage sur le métier. «Nous avons besoin d'un accord et nous devons poursuivre tous nos efforts pour y parvenir», déclare John Prescott. Le ministre français de l'environnement, Dominique Voynet, va plus loin en promettant «de nouvelles propositions» de l'Union européenne dans un délai de deux mois, et en estimant nécessaire que la conférence reprenne «dans les meilleurs délais», sans attendre la prochaine réunion de suivi de la Convention de Rio sur les changements climatiques, prévue fin mai à Bonn.
L'enjeu était de taille: les pays riches devaient se mettre d'accord sur les moyens de mettre en oeuvre les engagements pris à Kyoto, en 1997. A l'époque, trente-huit pays industrialisés ont promis, à l'échéance 2008-2012, de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (les pays en développement n'ayant pas d'engagements chiffrés). Par rapport aux niveaux de 1990, la baisse prévue est de 8% en moyenne pour l'Union européenne, 7% pour les Etats-Unis, et 6% pour le Japon.
Les causes de l'échec semblent venir davantage de divergences au sein même de l'Union européenne que d'un désaccord entre l'Europe et les Etats-Unis, pourtant très marqué à l'origine.
Au début de la conférence en effet, le clivage principal mettait face à face l'Europe et les Etats-Unis. Les Américains, plutôt que de faire des efforts à l'échelon national, prônaient l'échange de permis d'émission, c'est-à-dire la possibilité pour des pays à industrie polluante d'acheter des quotas de CO2 à des pays moins pollueurs. De cette façon, selon Washington, le résultat est globalement le même à l'échelon planétaire. Les Européens n'y étaient pas totalement hostiles, mais souhaitaient limiter ces échanges à moins de 50% des engagements, de façon à contraindre les pays industrialisés à prendre des mesures internes.
Le ministre nigérian de l'Environnement met en cause «l'égoïsme et le manque de volonté politique des pays du Nord.»
Or, un accord aurait été conclu ce samedi dans la matinée, les deux côtés de l'Atlantique mettant fin à leurs divergences, selon un responsable américain, «sur trois dossiers critiques de la négociation». Mais, ajoute ce responsable, «cet accord initial a été rejeté peu après, lors d'une réunion plénière des Quinze». Ce que confirme le vice-Premier ministre britannique, John Prescott, qui admet: «Nous aurions pu nous entendre mieux» au sein de l'Union européenne. L'Allemagne et la Grande-Bretagne reprochaient à la présidence française de l'Union de ne pas respecter les paramètres de négociation convenus par les Quinze.
Résultat: la déception est générale, autant du côté des participants («J'en suis malade», a confié John Prescott, tandis que le ministre nigérian de l'environnement mettait en cause «l'égoïsme et le manque de volonté politique des pays du Nord»), que du côté des organisations écologistes, très nombreuses à la conférence. «Cet échec est un désastre pour nous», estime le mouvement Les Amis de la Terre. Quant aux écologistes américains, ils rappellent que «L'Europe risque maintenant de devoir faire face à une administration républicaine sous George W.Bush, opposant déclaré au protocole de Kyoto».
Pour autant, tout n'est peut-être pas perdu. Côté européen, certains veulent remettre l'ouvrage sur le métier. «Nous avons besoin d'un accord et nous devons poursuivre tous nos efforts pour y parvenir», déclare John Prescott. Le ministre français de l'environnement, Dominique Voynet, va plus loin en promettant «de nouvelles propositions» de l'Union européenne dans un délai de deux mois, et en estimant nécessaire que la conférence reprenne «dans les meilleurs délais», sans attendre la prochaine réunion de suivi de la Convention de Rio sur les changements climatiques, prévue fin mai à Bonn.
par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 25/11/2000