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Attentats de Londres

Pourquoi les Britanniques sont admirables

Les tragiques événements de Londres ont renforcé l'image d'un peuple britannique uni dans l'épreuve.(Photo : AFP)
Les tragiques événements de Londres ont renforcé l'image d'un peuple britannique uni dans l'épreuve.
(Photo : AFP)
La gestion de la très grave crise que viennent de traverser les Londoniens est remarquable. Eux-mêmes ont manifesté un sang-froid exceptionnel, tandis que leurs autorités faisaient à la fois preuve d’humilité et d’une détermination sans faille. Enfin la communauté internationale, rassemblée autour de Tony Blair à Gleneagles, a opportunément offert l’image d’une famille unie dans l’épreuve.

Durement frappés au cœur de leur capitale, jeudi, les Britanniques plongés dans l’horreur ont fait la démonstration de leur capacité à gérer «à chaud» une crise particulièrement grave. En dépit d’un nombre considérable de victimes et d’une nécessité vitale de faire immédiatement face aux urgences médicale et de sécurité, on a pu observer que les Londoniens ont fait face avec sang-froid, détermination et un sens aigu des responsabilités, de la base au sommet de l’administration. Londres a été attaquée, mais la grande métropole britannique n’est pas une capitale ordinaire. Et les terroristes avaient choisi de déposer leurs bombes en plein sommet du G8. Cette concordance a vraisemblablement contribué à accentuer le vaste mouvement de solidarité internationale manifesté en faveur de Londres et à renforcer l’image d’un peuple britannique uni dans l’épreuve.

Ce n’est, tout d’abord, pas tant la rapidité du déploiement des secours au moment du drame qui force le respect que la discipline des Londoniens répondant aux messages qui leur étaient directement adressés par les administrations concernées. Au cours des heures qui ont suivi les explosions, Londres est devenue un espace hostile à ses habitants et travailleurs, un territoire où la sécurité n’a plus été garantie et dans lequel un état de siège informel s’est substitué au désordre ordinaire de la vie quotidienne. Les autorités policières ont pris en main le destin de leurs concitoyens qui ont adhéré dans l’ordre et avec bienveillance aux demandes de geler toutes leurs activités, là où ils se trouvaient.

Les pays émergents, fraternels dans l’épreuve

Les Britanniques, il est vrai, disposent d’une réelle expérience en matière de terrorisme. Au cours de ces trente dernières années, à coups de bombes, leur territoire a en effet été est le théâtre de l’une des dernières guerres civiles européennes avec les attentats de l’Armée républicaine irlandaise (IRA). Actuellement, ils connaissent une trêve fragile, mais ils savent d’expérience ce que signifie de vivre quotidiennement sous la menace des attentats terroristes. L’histoire récente de la Grande-Bretagne, celle que tous les sujets britanniques contemporains ont apprise à l’école, est d’ailleurs pétrie de ces leçons de courage forgé dans l’épreuve, «dans le sang, la sueur et les larmes», selon la formule de l’ancien Premier ministre Winston Churchill.

Mais pour obtenir une réaction de cette qualité, il faut un état-major à la hauteur. Le Premier ministre a joué son rôle, sur tous les registres. C’est tout d’abord un Tony Blair ému et émouvant qui, dès l’annonce des attentats, s’est adressé à ses concitoyens pour leur dire toute l’horreur et l’esprit de résistance que lui inspiraient les événements. Il l’a fait entouré de ses partenaires du G8, comme soutenu par un groupe d’amis fidèles auxquels s’étaient jointes des relations plus lointaines mais tout aussi chaleureuses, dirigeants de pays émergents fraternels dans l’épreuve.

Tous ont convenu qu’au cours des heures qui allaient suivre, la place de M. Blair était à Londres, à partager l’épreuve avec ses habitants. Mais le premier signe concret de résistance adressé à l’agresseur fut également de ne pas interrompre le sommet et de ne pas sacrifier l’examen de la dette africaine, au sommaire des travaux, aux préoccupations sécuritaires d’un Occident sidéré.

Si ça s’était passé ailleurs

D’emblée, Tony Blair a indiqué que les attentats de Londres portait la signature de l’islamisme radical. Une certitude partagée avec ses services de sécurité. Rien à voir avec les accusations fantaisistes des autorités espagnoles qui, l’année dernière, lors des terribles attentats de Madrid, se sont empressées pour d’obscures raisons encore incompréhensibles de tenter de fourvoyer l’opinion publique sur la fausse piste des indépendantistes basques de l’ETA, provoquant méfiance et consternation à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Dès jeudi, les autorités britanniques, elles, admettaient en toute humilité qu’elles se sont laissées surprendre et que des cellules terroristes subsistent vraisemblablement aujourd’hui encore sur le territoire. Et aucune voix ne le dénonce comme un scandale inacceptable, attestant une solidarité sans faille entre gouvernants et gouvernés, unis et solidaires.

L’heure des polémiques viendra peut-être, plus tard. Mais il ressort des événements de ces dernières heures une impression de solidité britannique que le terrorisme, qui se veut par essence déstabilisateur des démocraties, n’a fait que renforcer. La gestion de la crise, préparée ou spontanée, a montré une collectivité unie autour de leaders responsables et d’une communauté internationale massivement solidaire, chacun à sa place et chacun dans son rôle. Jeudi, la guerre contre le terrorisme a acquis une nouvelle dimension : en attaquant le peuple de Londres, digne, responsable et tolérant, les assaillants ont peut être enclenché une dynamique dont il ne mesurent pas toute la portée.

Reste que cette singularité n’est plus forcément une caractéristique d’Outre-Manche. Au fil des dramatiques épisodes de ces dernières années des choix stratégiques ont été faits, les modes d’intervention ont été affinés, des coopérations ont été engagés, les opinions publiques se sont déterminées et manifestées. Et aucun élément ne permet d’affirmer que les mêmes événements ailleurs n’auraient pas produit les mêmes effets, avec cette image persistante d’une nation en guerre, blessée et soudée dans l’adversité. Cette question trouvera sa réponse si, par malheur, une nouvelle attaque terroriste devait à nouveau survenir, ce qui dans le contexte demeure une probabilité hélas vraisemblable.


par Georges  Abou

Article publié le 08/07/2005 Dernière mise à jour le 09/07/2005 à 10:41 TU

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Graham Watson

Député libéral britannique au Parlement européen

«Depuis quelques mois, l'attitude des autorités britanniques a déjà beaucoup changé. Il y a eu des arrêts de certains éléments, il y a eu l'action de la police contre ceux qui prêchaient l'intolérance, contre ceux qui prêchaient la violence.»

Muriel Delcroix

Correspondante à Londres

«La police précise que les engins sont des petites bombes de 5 kilos environ, pouvant être transportées dans un sac à dos par exemple. Elles auraient pû être déposées au sol, et sans doute déclenchées à distance ou bien avec un retardateur.»

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