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Lancement de Discovery : objectif sécurité

La Nasa a mis au point tout un système de surveillance par caméras  permettant de détecter la moindre anomalie lors de la phase de décollage. C’est aussi pour cette raison que la décision de faire décoller la navette de jour a été prise.(Photo: AFP)
La Nasa a mis au point tout un système de surveillance par caméras  permettant de détecter la moindre anomalie lors de la phase de décollage. C’est aussi pour cette raison que la décision de faire décoller la navette de jour a été prise.
(Photo: AFP)
La réussite du prochain vol de la navette américaine Discovery, prévu le 13 juillet à 19h51 (TU), est indispensable pour permettre à la Nasa de continuer son programme spatial. Après l’explosion de Columbia, en 2003, l’avenir de cette génération de navettes a été un moment compromis. Et un nouvel échec porterait un coup fatal à la décision de poursuivre les missions jusqu’en 2010, date à laquelle la Nasa espère avoir mis au point un nouveau véhicule spatial. Pendant les 30 mois d’interruption des vols, l’objectif prioritaire a donc été de réviser entièrement les équipements mais aussi les procédures pour assurer une sécurité maximum aux sept astronautes embarqués pour cette nouvelle aventure.

Le compte à rebours a commencé à Cap Canaveral. Mais jusqu’à la dernière seconde, il peut être interrompu. Notamment si la météo n’offre pas des conditions optimales pour un décollage sans risque de Discovery. Car le lancement de la navette ne peut avoir lieu si le moindre orage se forme à moins de 20 miles marins du centre spatial car cela pourrait perturber les conditions d’un éventuel atterrissage d’urgence. En cas de report, les ingénieurs de la Nasa auraient une marge de manœuvre réduite pour relancer la procédure de décollage. Ils devraient, en effet, tenir compte de plusieurs paramètres. Ils ne disposent que de trois possibilités de lancement en quatre jours avant d’être obligés d’interrompre le processus pendant 72 heures de manière à réaliser la remise en état de la navette et de la rampe de lancement. Ils devraient aussi tenir compte du fait que la fenêtre de tir permettant de placer la navette sur l’orbite qui lui permettra d’atteindre la station spatiale internationale (ISS) n’est ouverte que du 13 au 31 juillet. Rater cette opportunité signifierait donc reporter le lancement au mois de septembre.

Même si le suspens doit durer jusqu’au bout, la Nasa a tout fait pour baliser le premier lancement d’une navette depuis le terrible accident de Columbia, le 1er février 2003. Ce jour-là, le vaisseau s’était désintégré en vol en rentrant dans l’atmosphère. Ce drame qui avait coûté la vie aux sept membres d’équipage, avait plongé l’agence spatiale américaine dans un état de fragilité extrême et l’avait obligé à repenser totalement ses perspectives d’avenir. Trente mois après, la mission de Discovery, du nom de l’une des trois dernières navettes de cette génération qui restent disponibles à la Nasa, représente donc un enjeu particulièrement important.

La Lune en 2020

Le président américain, George W. Bush, a défini en 2004 de nouvelles ambitions pour l’exploration spatiale américaine. Il a ainsi évoqué un retour sur la Lune d’ici 2020, prémisse d’éventuelles aventures martiennes. Mais pour y parvenir, il est indispensable de mener à bien le programme de missions vers l’ISS de manière à réaliser des expériences, notamment pour mettre au point les techniques nécessaires afin de mener de très longs vols habités. Si la mission échoue, tout sera une nouvelle fois remis en cause. Et il sera bien difficile de poursuivre, avec les deux engins restant, le programme d’acheminement d’équipements sur la station spatiale internationale pour permettre son achèvement et assurer le ravitaillement des équipages.

Dans l’espoir d’éviter une telle perspective, des améliorations ont donc été réalisées sur Discovery. L’analyse des causes de l’accident de Columbia a permis de modifier le réservoir externe de la navette qui avait été endommagé au décollage et dont un débris avait provoqué une brèche dans le système de protection thermique du vaisseau. Avec comme conséquence la désintégration de la navette au moment de sa rentrée dans l’atmosphère. Au-delà de cette modification, la Nasa a mis au point tout un système de surveillance par caméras (installées sur la navette et autour du pas de tir) pour lui permettre de détecter la moindre anomalie lors de la phase de décollage. C’est aussi pour cette raison que la décision de faire décoller la navette de jour a été prise et que Discovery doit opérer une rotation pour que les spécialistes puissent la voir sous tous les angles avant sa mise sur orbite.

Les améliorations des procédures de surveillance du vol doivent permettre de faire face à toutes les éventualités, notamment celles d’une réparation à effectuer dans l’espace ou de l’abandon forcé d’une navette trop endommagée pour tenter un retour sur terre. Dans le premier cas, les astronautes disposeront cette fois-ci de nouveaux instruments pour effectuer des repérages ou des sorties dans l’espace, et notamment d’une perche qui allonge le bras robotisé de la navette. Celui-ci est dorénavant équipé de caméras et d’un système laser. Cela permettra à l’équipage de procéder à l’examen, millimètre par millimètre, des zones sensibles du vaisseau. Si des dommages trop importants étaient constatés, la solution d’urgence serait alors mise en œuvre pour sauver l’équipage sans tenter un retour sur terre catastrophique. Le plan «Refuge» prévoit de transférer les sept astronautes vers la station spatiale internationale et d’envoyer une équipe de secours de quatre personnes à bord de la navette Atlantis pour venir les récupérer. Discovery emporte donc à son bord 12 tonnes de matériels pour les deux occupants actuels de l’ISS mais aussi un ravitaillement pour son équipage en cas d’immobilisation dans l’espace.

La mission Discovery est donc placée avant tout sous le signe de la sécurité maximum pour les sept astronautes embarqués dans la navette : Eileen Collins, la commandante de bord, James Kelly, Stephen Robinson, Wendy Lawrence, Andrew Thomas, Charles Camarda et un Japonais, Soichi Noguchi. La Nasa a réduit les risques à un pourcentage «jugé acceptable» de 2 %. Tout en précisant quand même qu’en matière de vols spatiaux le risque zéro n’existe pas.


par Valérie  Gas

Article publié le 13/07/2005 Dernière mise à jour le 13/07/2005 à 18:06 TU