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Tuberculose

Une urgence en Afrique

En Afrique, la tuberculose est la deuxième cause de mortalité parmi la population adulte après le sida.(Photo : WHO/TBP/Pierre Virot)
En Afrique, la tuberculose est la deuxième cause de mortalité parmi la population adulte après le sida.
(Photo : WHO/TBP/Pierre Virot)
Les représentants des pays africains membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ont voté, jeudi 25 août dans la soirée à Maputo au Mozambique, une résolution qui fait de la tuberculose une urgence en Afrique. Malgré la mise en place de stratégie efficace comme le DOTS, cette maladie continue de tuer. Chaque année, plus d’un demi-million de personnes meurent sur le continent.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), emmenée par les pays africains, a décidé de mener une lutte sans merci contre la tuberculose. En Afrique, cette maladie est la deuxième cause de mortalité parmi la population adulte après le sida. L’OMS estime que les cas ont été multipliés par quatre dans 18 pays africains depuis 1990. Cette maladie infectieuse tue, en effet, chaque année 540 000 personnes sur le continent, soit 1 500 morts par jour. L’épidémie a également atteint un niveau sans précédent dans la population des femmes, où elle est devenue la première cause de mortalité, un million d’entre elles en meurent chaque année, dont 400 000 en Afrique.

Pour l’OMS en l’Afrique, la situation est dramatique. Dans une déclaration commune, les ministres africains de la Santé qui assistaient à la 55ème session régionale de l’OMS à Maputo au Mozambique, ont mis en avant leur engagement à combattre cette maladie sur le continent. «La résolution exhorte notamment les Etats membres à prendre des mesures immédiates pour appliquer des stratégies d’urgence et intensifier les actions dans la lutte contre la maladie», a commenté Mario Raviglione, responsable de la lutte contre la tuberculose à l’OMS.

Un traitement complet pour 15 dollars

Depuis près d’une cinquantaine d’années, il existe des médicaments permettant de guérir la tuberculose. Mais au cours de ces dernières années, on a observé l’apparition de souches résistantes aux différents traitements. Aujourd’hui, constate l’OMS, les cas de tuberculose à bacilles multirésistants sont en nette augmentation. La tuberculose pharmacorésistante résulte d’un traitement suivi de façon irrégulière (les malades omettant de prendre régulièrement tout leur traitement jusqu’à la fin de la période prescrite dès qu’ils se sentent mieux), ou de manière inadaptée (les médecins ou les agents de santé ne prescrivent pas le bon schéma thérapeutique) ou encore parce que l’approvisionnement en médicaments n’est pas fiable.

Aujourd’hui, on dispose d’une stratégie efficace : le DOTS (Directly Observed Treatement, Short-course). Il s’agit d’une prise en charge thérapeutique globale du patient qui, outre le traitement, prévoit une surveillance médicale et une évaluation de l’efficacité de la prise en charge sur le long terme (au moins six mois). Le traitement curatif comprend une association d’antibiotiques qui coûte environ 15 dollars. Dans les régions où le DOTS a été mis en œuvre, on enregistre de 80 à 90% de guérisons. Malgré cela, la maladie continue de progresser.

La propagation du virus du sida est notamment responsable de cette hausse des courbes ces dix dernières années. Comme le montre les chiffres de l’OMS, la situation est particulièrement alarmante en Afrique du Sud, Ethiopie, République du Congo (RDC), Kenya et Nigeria. Près d’un tiers des 40 millions de personnes vivant avec le virus du sida sont également porteuses du bacille tuberculeux. Le VIH et la tuberculose forment une association meurtrière : le bacille profite, en effet, de la déficience du système immunitaire des séropositifs. Selon le programme commun des Nations unies sur le sida, les personnes infectées par le VIH ont cinquante fois plus de risques de développer la tuberculose.

Parmi les obstacles auxquels se heurte la lutte contre l’épidémie et qui ont été évoqués à la réunion de Maputo, on citera l’insuffisance de l’aide financière actuelle. Dans leur grande majorité, les pays africains signalent des déficits de financement. Vendredi à Maputo, le directeur régional Afrique de l’OMS, Luis Sambo, a d’ores et déjà annoncé que l’OMS allait consacrer à l’Afrique 949 millions de dollars au cours de la période 2006-2007 contre 774 millions de dollars pour la période 2004-2005. Une part importante de ce budget devrait revenir à la lutte contre la tuberculose.


par Myriam  Berber

Article publié le 29/08/2005 Dernière mise à jour le 29/08/2005 à 17:53 TU

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Mario Raviglione

Responsable de la lutte contre le sida à l'OMS

«L'augmentation des cas de tuberculose au niveau mondial est liée à l'augmentation régulière en Afrique de cette maladie.»

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