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Côte d’Ivoire

Lapsus sud-africain

Laurent Gbagbo et Thabo Mbeki après la signature de l'accord de Pretoria, le 29 juin 2005.(Photo: AFP)
Laurent Gbagbo et Thabo Mbeki après la signature de l'accord de Pretoria, le 29 juin 2005.
(Photo: AFP)
Le ministère des Affaires étrangères sud-africain s'est rétracté mercredi après avoir indiqué la veille que la médiation du président Thabo Mbeki dans la crise en Côte d'Ivoire était terminée, précisant que «le rapport sur la phase actuelle de la médiation» est fini.
De notre correspondant en Afrique du Sud

«Nous sommes arrivés à la conclusion que notre mission de médiation est finie» : mardi devant la presse, au palais présidentiel de Pretoria, le vice-ministre sud-africain des Affaires étrangères Aziz Pahad était catégorique. Mais quelques heures plus tard, alors que la nouvelle était déjà largement diffusée, un fonctionnaire de son ministère faisait le tour des agences de presse au téléphone pour expliquer que le message n'était pas tout à fait celui-là : «la médiation est achevée, certes, dans sa forme actuelle, mais elle continuera.»

«Le président Mbeki ne se lave pas les mains de la Côte d'Ivoire», expliquait le porte-parole Ronnie Mamoepa. Pourtant la diplomatie sud-africaine n'est pas coutumière de ce genre de quiproquo. Ce cafouillage illustre l’embarras des médiateurs sur le dossier ivoirien. «Nous avons fait tout ce qu’il était possible de faire, jusque dans les moindres détails», avait déclaré Aziz Pahad, visiblement exaspéré par la non application des engagements pris lors de deux négociations en Afrique du Sud, en avril et en juin 2005. «Les accords de Pretoria I et Pretoria II, faisaient suite à Accra I, II, et III, qui eux-mêmes étaient eux-même le prolongement de Linas-Marcoussis», ironisait le vice ministre sud-africain.

«Cela devient ridicule !»

Aziz Pahad connaît l’affaire ivoirienne sur le bout des doigts. Devant les journalistes,  il a situé le début de la crise en 1999, quand le président d’alors, Henri Konan Bédié, avait tenté d’empêcher la candidature de l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara. Aziz Pahad ironise d’ailleurs sur le fait que messieurs Ouattara et Bédié soient aujourd’hui ensemble en exil à Paris, «alors que nous leur avons garanti leur sécurité pour qu’ils reviennent à Abidjan». Il n’est pas tendre non plus avec le chef rebelle, Guillaume Soro, «qui n’est même pas rentré à Bouaké après les derniers accords de juin, sous prétexte qu’il était occupé à l’étranger». Le médiateur sud-africain s’en prend aussi aux ministres issus de la rébellion qui refusent toujours d’occuper leurs fonctions au sein du gouvernement de réconciliation nationale.

Selon lui, les exigences de l’opposition et des forces nouvelles sont exagérées, «cela devient ridicule ! Ils veulent par exemple que nous, les médiateurs, garantissions leur représentation jusqu’aux instances locales de la Commission électorale indépendante, alors que nous avons organisé dans les moindres détails la composition de cette commission.»

Aziz Pahad est allé trop loin en annonçant la fin de la médiation, mais son dérapage a mis en lumière l’opinion des médiateurs sud-africains sur les acteurs ivoiriens. Leur préférence va ouvertement vers le président Gbagbo «qui a rempli ses engagements». Ces éléments sont maintenant examinés par le Conseil de Sécurité des Nations Unies. Si d’aventure la médiation sud-africaine venait à être relancée, la difficulté sera grande pour le président Mbeki de regagner la confiance des opposants et des rebelles ivoiriens.


par Bruno  Minas

Article publié le 31/08/2005 Dernière mise à jour le 31/08/2005 à 17:31 TU