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Côte d'Ivoire

L’Afrique du Sud jette l’éponge

Le président sud-africain Thabo Mbeki avait été mandaté par l'Union africaine pour trouver une solution à la crise ivoirienne.(Photo : AFP)
Le président sud-africain Thabo Mbeki avait été mandaté par l'Union africaine pour trouver une solution à la crise ivoirienne.
(Photo : AFP)
Au moment où le rapport de l’Afrique du Sud concernant sa médiation sur le conflit ivoirien passe devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le vice-ministre sud-africain des Affaires étrangères, Aziz Pahad, annonce la fin de la mission de son pays.

«La médiation a terminé son travail, le Conseil de sécurité de l’ONU doit désormais prendre le relais», a déclaré Aziz Pahad, le vice-ministre sud-africain des Affaires étrangères. Les autorités sud-africaines demandent à l’ONU et l’Union africaine (UA) de s’assurer que les accords signés sont appliqués. Ces différentes déclarations expriment bien le désengagement de l’Afrique du Sud et un certain désenchantement des médiateurs impliqués dans la recherche d’une solution négociée dans la crise ivoirienne. 

Les dernières déclarations des rebelles accusant le président Thabo Mbeki de parti pris ont été le premier coup ouvertement porté à son autorité. En effet, son arbitrage avait été sollicité après l’adoption de certaines lois controversées, prises par le président Laurent Gbagbo, concernant l’organisation de l’élection présidentielle du 30 octobre prochain. Les rebelles ont crié haro sur Thabo Mbeki qui avait tranché en faveur du pouvoir, exigeant la poursuite du processus du désarmement et donc de l’application des accords de Pretoria. Guillaume Soro convoqué à Pretoria pour s’expliquer, le 20 août, avait laissé entendre que «le président (Mbeki) avait prêté une oreille attentive» aux questions soulevées par les rebelles.

Tout sauf Gbagbo

Quelques jours plus tard, les rebelles réunis en séminaire à Bouaké ont critiqué les méthodes sud-africaines en proclamant par ailleurs qu’ils récusaient la médiation sud-africaine. Dans la foulée c’est le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et pour la paix (RHDP) qui regroupent les principaux partis de l’opposition qui déclare qu’il est techniquement impossible d’organiser l’élection présidentielle à la date du 30 octobre. Le RHDP se prononce en faveur d’une transition tout en affirmant, «pas question d’une transition avec Laurent Gbagbo».

Ces différentes prises de position et déclarations font suite aux menaces du général Mathias Doué, ancien chef d’état-major qui promet de faire partir «par tous les moyens»  le président Laurent Gbagbo «si la communauté internationale ne prend pas ses responsabilités». C’est aussi dans ce contexte de tension extrême à Abidjan que l’ancien porte-parole des forces armées de Côte d’Ivoire Jules YaoYao publie une lettre ouverte au président du Front populaire ivoirien (FPI, parti au pouvoir) dans laquelle il accuse les barons du régime d’entretenir les «escadrons de la mort».

Ce cocktail détonnant a fait renoncer l’Afrique du Sud à la mission que lui avait confiée l’Union africaine en novembre 2004. Les derniers actes de cette médiation ont été la réunion à Pretoria de tous les protagonistes de la crise ivoirienne en avril et juin derniers. Quelques mois plus tard les autorités sud-africaines font un constat d’échec dans leur tentative d’apaiser les ressentiments des Ivoiriens entre eux. Lomé, Dakar, Marcoussis, Accra et Pretoria… Rien n’a changé.


par Didier  Samson

Article publié le 30/08/2005 Dernière mise à jour le 30/08/2005 à 19:06 TU