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Ouragan Katrina

George Bush veut présider la situation d’urgence

Une vue satellite de la ville de Biloxi.(Photo : Digitalglobe)
Une vue satellite de la ville de Biloxi.
(Photo : Digitalglobe)
L’évaluation de l’ampleur de la catastrophe humanitaire et des dégâts matériels est encore impossible à chiffrer. Le coût du désordre économique et politique qu’il engendrera aussi. Pourtant, le président George Bush, qui semble conscient de l’enjeu politique, veut se montrer capable de gérer la situation d’urgence avec le maximum d’efficacité.

Interrompant les vacances les plus longues qu’il aitjamais prises depuis son premier mandat, le président George Bush a survolé la Louisiane, le Mississipi et l’Alabama ravagés par l’ouragan. «Plus de 78 000 personnes sont dans des abris d’urgence et plusieurs dizaines de milliers de maisons et de commerces sont trop abîmés pour être réparés», a-t-il déclaré et, constatant l’ampleur du sinistre, il a pris les devants : «C’est une des pires catastrophes naturelles de l’histoire des Etats-Unis. Le redressement prendra du temps. Il prendra des années». Le président américain, invité à comparer les ravages causés par la tempête avec ceux des attentats du 11 septembre 2001, a déclaré : «De toute évidence, il va y en avoir beaucoup. La Nouvelle-Orléans va plus souffrir que New York».

Le fait est. Le coordinateur de l’aide d’urgence de l’ONU, Jan Egeland, qui a supervisé les efforts de secours après le tsunami de décembre en Asie, a estimé que sur le plan économique l’ouragan Katrina pourrait se révéler de beaucoup plus grande amplitude que les autres catastrophes naturelles récentes. Selon des experts faisant les premières estimations, les dégâts occasionnés pourraient coûter au moins 26 milliards de dollars aux Etats-Unis. Tout est à reconstruire : maisons, autoroutes, plates-formes pétrolières. Mais avant de reconstruire, il faut continuer à sauver des vies humaines et penser à reloger, nourrir et soigner les milliers de personnes sauvées des eaux.

Dans l’immédiat, le gouvernement fédéral américain a annoncé une mobilisation sans précédent pour aider tous les sinistrés du Golfe du Mexique dont le nombre précis reste encore impossible à évaluer. Le président a assuré qu’il avait pleinement conscience de la tragédie et que tout était mis en œuvre pour apporter des solutions, assurant : «Je veux que les gens sachent qu'il y a beaucoup d'aide en cours d'acheminement». George Bush soigne l’image d’un chef d’Etat qui sait appeler à la cohésion et à la solidarité nationale au chevet des victimes. «Les défis auxquels nous sommes confrontés sur le terrain sont sans précédent (…)», a-t-il assuré, ajoutant : «Les efforts sont concentrés sur trois priorités, à savoir sauver des vies, fournir de la nourriture, de l’eau et un abri aux citoyens déplacés, et rétablir l’électricité et les lignes de communication».

Autre priorité pour le président, montrer sa capacité à maintenir l’ordre établi. Or, «C’est assez chaotique pour l’instant», a reconnu le directeur de la police de Louisiane, H.L.Whitehone. A la Nouvelle-Orléans, des scènes de pillage se multiplient dans les maisons et les magasins, assorties d’agressions à main armée. Un hélicoptère a été visé par des tirs et un policier sérieusement  blessé par balle : «Je pense que ce doit être la tolérance zéro pour les personnes qui contreviennent à la loi en situation d'urgence comme celle-ci», a déclaré George W.Bush  dans un entretien accordé à la chaîne de télévision américaine ABC. «J'ai été très clair à ce sujet avec le ministre de la Justice», a-t-il ajouté. Indiquant que 22 000 gardes nationaux étaient dans l’immédiat en route vers les régions sinistrées, le président s’est montré ferme : «Il est très important que les citoyens de toutes les régions touchées prennent leurs responsabilités et fassent preuve de sens civique de sorte que la situation reste sous contrôle et que les gens n'exploitent pas ceux qui sont vulnérables».

«Nous apprécions l'aide mais nous allons nous en sortir par nous-mêmes»

S’il a pointé les pillards qui visitent les ruines encore accessibles, il a également visé ceux qui «chercheraient à frauder sur les prix de l'essence, sur les assurances ou [qui chercheraient] encore à détourner les dons». Les préjudices économiques et financiers  vont être énormes.  L’ouragan a dévasté la principale région productrice de pétrole aux Etats-Unis (soit quelque 1,5 millions de baril/jour : près d’un tiers de la production pétrolière nationale et un cinquième de la production de gaz naturel) ; cela ne sera pas sans incidence sur le coût de la vie à commencer par l’augmentation du coût du plein d’essence à la pompe par exemple.

Les plus optimistes pensent que l’économie américaine pourrait se trouver dopée par la reconstruction. Les plus inquiets ont les yeux rivés sur le déficit de production qui pourrait nuire au blason du président : George Bush ne pourrait pas utiliser comme argument électoral, dans les mois à venir, le fait d’avoir relancé l’économie. Ainsi, aux déclarations qui se veulent à la fois rassurantes et réconfortantes comme : «Aujourd’hui, tout semble terriblement sombre pour ceux qui ont été touchés. Je le comprends, mais je suis sûr qu’avec le temps, votre vie reprendra son cours», le président a laissé entendre que le gouvernement pourrait envisager des mesures concrètes pour alléger les tensions du marché et surmonter la crise énergétique comme, par exemple, puiser du pétrole brut provenant des réserves d’urgence aux raffineurs.

George Bush souhaite enfin montrer qu’il est l’homme fort de la situation : il se présente comme le rassembleur des Américains, apte à dynamiser le pays pour que ce dernier ait confiance dans sa capacité à surmonter la tragédie. Evoquant l'aide offerte par plusieurs pays  comme la France, l'Allemagne, la Russie et même le Venezuela, George Bush a indiqué : «Nous ne leur avons pas demandé (de nous aider). Je me doute qu'il y a beaucoup de compassion et il est possible que certains enverront de l'argent. Mais ce pays va se relever et gérer» les suites du cyclone. «Nous apprécions l'aide mais nous allons nous en sortir par nous-mêmes. Il ne fait aucun doute dans mon esprit (...) que La Nouvelle-Orléans va se relever (et redeviendra) une grande ville», a-t-il assuré, poursuivant : «Cela nécessitera beaucoup de travail et d'efforts. Mais c'est une nation pleine de compassion. Elle a beaucoup de ressources à sa disposition».


par Dominique  Raizon

Article publié le 01/09/2005 Dernière mise à jour le 01/09/2005 à 17:50 TU

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Guillaume Parmentier

Directeur du centre français sur les Etats-Unis à l'Institut français des relations internationales

«Aux Etats-Unis les gens déménagent facilement donc il n'est pas impossible qu'avec le temps il y ait une perte de confiance envers la vie dans le Sud.»

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