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Etats-Unis

Ouragan Katrina : porter secours aux rescapés

Dans bien des cas, les pompiers ont été obligés de se rendre auprès des rescapés en bateau ou même en hélicoptère puisque plus aucune route n’est praticable à La Nouvelle-Orléans.(Photo: AFP)
Dans bien des cas, les pompiers ont été obligés de se rendre auprès des rescapés en bateau ou même en hélicoptère puisque plus aucune route n’est praticable à La Nouvelle-Orléans.
(Photo: AFP)
Le Sud des Etats-Unis se trouve dans une situation apocalyptique depuis le passage de l’ouragan Katrina. Trois Etats ont été ravagés par le vent dévastateur et les pluies diluviennes : la Lousiane, le Mississipi et l’Alabama. La ville de La Nouvelle-Orléans est pratiquement entièrement immergée. Les secours sont complètement débordés et tentent de venir en aide aux rescapés qui ont réussi à trouver un refuge pour échapper à la montée des eaux. L’urgence est, pour le moment, d’essayer de sauver le plus de vies possible. L’heure du bilan n’est pas encore venue. Mais d’ores et déjà, les autorités craignent que l’ouragan n’ait provoqué la mort de plusieurs centaines de personnes.

Plus d’électricité, plus d’eau potable, plus de réseaux de communications, des maisons écroulées, des rues inondées : après le  passage fracassant de l’ouragan Katrina, c’est la désolation la plus totale dans le Sud des Etats-Unis. La gouverneure de Lousiane, Kathleen Blanco, a décrit cette catastrophe comme «une immense tragédie» et a estimé que les dégâts dépassaient les «plus grandes craintes» des autorités. Et pourtant, de nombreuses précautions avaient été prises pour se préparer à l’arrivée de ce cyclone qui ne cessait de s’amplifier et qui avait déjà provoqué la mort de 7 personnes lors de son passage en Floride. L’ordre d’évacuation de La Nouvelle-Orléans avait même été donné pour essayer de mettre le plus de gens possible à l’abri.

Mais le pire a bien eu lieu. Katrina a été violente et dévastatrice. Depuis 24 heures, les secours sont à pied d’œuvre pour venir en aide à tous les habitants pris au piège de la montée des eaux. Des milliers d’opérations de sauvetage ont eu lieu dans les trois principaux Etats touchés par le cyclone. Mais de très nombreuses personnes restent encore à secourir et la priorité, pour les heures à venir, est sans conteste d’essayer par tous les moyens de récupérer le maximum de rescapés. Le président américain, George W. Bush, qui a interrompu ses vacances dans son ranch de Crawford pour rentrer à Washington coordonner les opérations de secours, l’a d’ailleurs clairement dit : «Pour le moment, notre priorité, c’est de sauver de vies».

Une digue a cédé

Mais cette tâche est rendue très difficile par la persistance des inondations et les nombreux dégâts occasionnés par le passage de l’ouragan. Dans bien des cas, les pompiers ont été obligés de se rendre auprès des rescapés en bateau ou même en hélicoptère puisque plus aucune route n’est praticable. La situation de La Nouvelle-Orléans est de ce point de vue très significative de l’ampleur du désastre. Près de 80 % des rues y sont immergées. L’une des trois digues qui protègent la ville, construite en majeure partie sous le niveau de la mer, s’est fendue et a laissé entrer les eaux du lac Ponchartrain dans La Nouvelle-Orléans provoquant de terribles inondations contre lesquelles les sauveteurs n’ont pas pu faire grand chose pour le moment. Les autorités envisagent de larguer des sacs de sable par hélicoptère pour essayer de colmater cette brèche. Ils espèrent aussi réussir à remettre en état de fonctionnement le système de pompage de manière à aider l’évacuation de l’eau qui stagne dans les rues et atteint par endroit plusieurs mètres.

Dans le Mississipi, la côte a été complètement ravagée sur une cinquantaine de kilomètres. Aucun bâtiment ne semble avoir résisté au vent et aux vagues, dont certaines ont atteint neuf mètres de haut. C’est la ville de Biloxi qui a été la plus touchée par l’ouragan. Le spectacle y est tellement apocalyptique que son maire, A.J. Holloway, a comparé les ravages provoqués par Katrina à ceux du «tsunami» qui a frappé l’Asie du Sud-Est en décembre 2004.

Catastrophe humanitaire, désastre économique

Aucun bilan humain n’est donc possible à faire pour le moment. Les sauveteurs se concentrent sur les survivants, les blessés, la distribution de l’aide aux sinistrés et n’ont pas les moyens de rechercher les cadavres des disparus. Mais les autorités estiment déjà que plusieurs centaines de personnes ont certainement trouvé la mort lors du passage de l’ouragan. Sur le plan matériel, il s’agit aussi d’un véritable désastre. Toutes les infrastructures ont été touchées. Plus de cinq millions de personnes sont actuellement sans électricité. Et cette situation pourrait durer plusieurs semaines. Le maire de La Nouvelle-Orléans, Ray Nagin, a estimé qu’il faudrait «de 12 à 16 semaines pour que les habitants puissent regagner leurs logements dans les zones inondées». L’alimentation en eau potable et les réseaux de communication sont aussi interrompus. Et bien sûr, l’approvisionnement des sinistrés en nourriture relève du défi dans de telles circonstances.

Cette situation risque dans un premier temps de représenter une catastrophe humanitaire. La Croix-Rouge américaine, qui a commencé à venir en aide aux rescapés, a déjà fait part de ses craintes à ce niveau. Elle risque aussi d’avoir un énorme coût économique, de l’ordre de 15 à 25 milliards de dollars. D’ores et déjà, le passage de Katrina a eu comme conséquence de provoquer une nouvelle hausse du cours du pétrole. Ce sont les dégâts subis par les installations pétrolières du Golfe du Mexique ayant entraîné l’arrêt quasi-total de la production qui sont à l’origine de cette nouvelle flambée des prix du baril. Le problème est tellement important que la Maison Blanche a annoncé sans tarder sa décision de puiser dans les réserves stratégiques pour limiter la réaction à la hausse du marché et assurer l’approvisionnement du pays en carburant.


par Valérie  Gas

Article publié le 31/08/2005 Dernière mise à jour le 31/08/2005 à 18:03 TU

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Jacques Soppelsa

Géopolitologue, président de l'Académie internationale de géopolitique

«L'architecture physique du continent américain est telle que, aucun obstacle physique ne vient s'opposer aux influences du Nord et aux influences du Sud.»

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