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Al Jazira lance sa chaîne pour enfants

Sur le site Internet d'Al Jazira, la page consacrée au lancement de la chaîne pour enfants <A href="http://english.aljazeera.net/NR/exeres/65C9CF4C-7F02-4CC4-91B6-E85F6ECD6A92.htm" target=_BLANK>Aljazeera Children's Channel</A>.DR
Sur le site Internet d'Al Jazira, la page consacrée au lancement de la chaîne pour enfants Aljazeera Children's Channel.
DR
La controversée télévision satellitaire du Qatar poursuit son développement avec le démarrage d’une chaîne ludoéducative destinée au jeune publique arabe du monde entier.

De notre correspondant à Doha

C’est un projet auquel peu de gens croyaient en 2002, lorsque Cheikha Moza, épouse de l’émir, a évoqué la création de la première chaîne satellitaire panarabe pour enfant. Trois ans plus tard, l’idée est devenue réalité. Vendredi soir, à 20 heures, devant un millier d’invités dont le ministre français de la Jeunesse et des Sports, Jean-François Lamour, Al Jazira Children a commencé à émettre de son siège, la Cité de l’Education de Doha.

Le lieu a de l’importance, car la confusion est facile. A quelques kilomètres de ce nouveau campus universitaire se trouve en effet la controversée Al Jazira. Celle qui s’est faite connaître dans le monde entier en diffusant ses cassettes d’Oussama Ben Laden ou de ses lieutenants. Al Jazira Children n’a pas ses intentions mais les mêmes ambitions: devenir la chaîne satellitaire arabe la plus regardée... par les enfants.

«C’est une chaîne ludoéducative qui vise un public arabe âgé de 5 à 15 ans», explique Mahmoud Bouneb, ancien directeur du service en arabe de Radio Suisse internationale, propulsé en 2003 à la tête de ce nouveau né dans le paysage audiovisuel international. «Le cahier des charges était très clair: faire un produit assez attrayant pour les plus jeunes, qu’ils vivent dans le Golfe, au Maghreb, en Europe ou ailleurs, mais avec un contenu uniquement pédagogique et éducatif, précise celui qui a mené le projet à son terme, une télévision pour les futures générations, qui transmette aussi un certain nombre de valeurs».

Expertise française

Pour y arriver, Mahmoud Bouneb a fait appel au groupe Lagardère dont la filiale audiovisuelle possède la chaîne jeunesse Canal J, «la plus proche des aspirations du Qatar». Pas question pour autant d’en faire une copie en arabe insiste Jean Rouilly, le président de Lagardère Image qui siège désormais au conseil d’administration d’Al Jazira Children sans en être actionnaire: «il a fallu identifier notre cible en trouvant le dénominateur commun à tous les jeunes arabes qui grandissent dans le monde. Ensuite, trouver de nouvelles idées et des producteurs qui comprennent et s’adaptent».

En partenariat avec la société française, la chaîne arabe produira donc pendant trois ans et par l’intermédiaire d’un bureau à Paris, 40% de ses programmes, soit six à sept heures de création chaque jour. Dessins animés, magazines scientifiques, documentaires, débats, spectacles ou jeux, la plupart des formats de la télévision adulte seront à l’écran, adaptés à la jeunesse arabe. Finalisés en France, ils seront ensuite envoyés à Doha, pour être diffusés à partir du siège flambant neuf de la chaîne, là où s’agitent déjà depuis six mois de jeunes recrues venues de tout le monde arabe.

Donner du sens à l’identité arabe

Entièrement pris en charge par le richissime émirat du Qatar, l’investissement est énorme et tenu secret. Mais il doit permettre à la jeune télévision de s’imposer grâce à son originalité et son identité, comme l’avait fait Al Jazira en 1996. La première chaîne d’information panarabe avait été lancée à coup de millions de dollars, sur le modèle des chaînes américaines, mais c’est sa singularité qui avait assuré son succès. Au-delà de son impertinence, qui a rendu à ses téléspectateurs arabes un peu de leur fierté, elle a créé un espace d’expression et de diversité ouvert sur le monde et sans équivalent jusqu’à présent. C’est aussi ce qu’entend proposer sa petite sœur.

Mais sur Al Jazira Children, pas de religion, ni de politique. Pas de polémique donc, seulement un «contenu destiné à promouvoir l’estime de soi, la liberté de pensée et la compréhension de sa culture», selon un communiqué de presse. La chaîne des enfants entend donc éduquer en donnant du sens à l’identité arabe dés le plus jeune âge, pour éviter les frustrations sources de futures conflits.

L’objectif est louable et va de pair avec celui de la Fondation du Qatar pour le développement. Dirigée par la princesse Cheikha Moza, cette institution finance la nouvelle chaîne et accueille ses locaux dans sa Cité de l’Education. Sur ce gigantesque campus appelé à devenir un pôle d’excellence pour tous les étudiants de la région, se sont installées ces trois dernières années les plus prestigieuses universités américaines. L’éducation, c’est aussi l’un des piliers du «Grand Moyen-Orient», le projet de démocratisation du monde arabe de l’administration Bush.


par Aurélien  Colly

Article publié le 10/09/2005 Dernière mise à jour le 10/09/2005 à 11:58 TU