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Etats-Unis

Nouvel ouragan dans le golfe du Mexique

A Slidell, au nord du lac Pontchartrain. La crainte des autorités locales est que les évacués décident de ne plus jamais revenir chez eux. (Photo: Claude Verlon/RFI)
A Slidell, au nord du lac Pontchartrain. La crainte des autorités locales est que les évacués décident de ne plus jamais revenir chez eux.
(Photo: Claude Verlon/RFI)
Contre-ordre pour les habitants de La Nouvelle-Orléans: ils ne doivent plus rentrer chez eux car Rita va semer la tempête dans le golfe du Mexique. La catastrophe du 29 août a laissé des traces. Cette fois tous les habitants des régions menacées doivent évacuer ou rester confinés chez eux.

Les services américains de secours ont tiré les enseignements du passage dévastateur de l’ouragan Katrina sur la Louisiane, le Mississipi et en particulier sur La Nouvelle-Orléans. Avant l’arrivée de Rita, forte tempête tropicale transformée en cyclone, les habitants des Keys, archipel situé à la pointe sud de la Floride, ont été invités à quitter leurs résidences situées juste au-dessus du niveau de la mer. Quant aux habitants de la côte sud de la Floride, le Centre national des ouragans de Miami les a invités à se calfeutrer chez eux. Une alerte cyclonique a également été lancée dans plusieurs provinces cubaines, notamment à La Havane où Rita devrait passer avant d’atteindre les Keys et la Floride. Miami et ses 2,3 millions d’habitants sont susceptibles de subir les effets du cyclone, si sa trajectoire s’infléchit vers le Nord.

«Nos digues sont encore en mauvais état»

Rita se déplace à 24 kilomètres à l’heure et, pendant vingt-quatre heures, toute la région va rester dans l’incertitude concernant la puissance des vents et la quantité de pluie qui va tomber. Les précipitations, justement, on les redoute à La Nouvelle-Orléans. Le maire, Ray Nagin, a déclaré : «Nos digues sont encore en mauvais état. Nos stations de pompage ne fonctionnent pas à pleine capacité. Si nous avons plus de 228 millimètres de pluie, nous aurons un mètre à 1,20 mètre d’eau dans la ville. Et s’il y a une montée des eaux de la mer d’au moins 90 centimètres, nous aurons à nouveau des inondations importantes sur la rive est».

Alors que les habitants de la grande métropole située à l’embouchure du Mississipi avaient été encouragés à rentrer chez eux, les autorités ont fait marche arrière étant donné le risque d’inondations. Lundi, le retour de 182 000 habitants avait été autorisé, dans le quartier d’Algiers. Il s’agit d’une zone résidentielle du sud-est de la ville qui n’a pas été inondée après le passage de Katrina, il y a trois semaines. L’eau, l’électricité et les égouts ne sont pas hors d’état dans ce quartier qui a moins souffert que le reste de la ville. Ces habitants auraient pu récupérer quelques biens ou commencer à restaurer leur habitation.

Les leçons de Katrina

L’appel à la prudence est venu de Washington puisque c’est son représentant, le commandant fédéral des opérations de secours, qui a lancé un appel à la prudence. Pour le vice-amiral Thad Allen, rentrer à La Nouvelle-Orléans était prématuré. D’où une controverse entre les responsables régionaux et fédéraux. Le vice-amiral estimait que la ville n’était pas encore prête pour accueillir les déplacés, faisant valoir l’absence d’eau potable, les égouts hors d’état et le manque d’électricité. Le président Bush en personne est venu à l’aide de son représentant sur place, invitant le maire de La Nouvelle-Orléans à tenir compte des consignes de vigilance. Les prévisions météo annonçant la tempête tropicale Rita étaient déjà alarmistes. «Le maire travaille dur. Il rêve de relever sa ville et de la refaire tourner, et nous partageons ce rêve, mais nous souhaitons aussi rester réalistes au vu des obstacles qui se dressent devant nous tous pour repeupler La Nouvelle-Orléans », a déclaré le président américain devant la presse.

Un retour très attendu

La menace représentée par Rita a donc amené le maire de La Nouvelle-Orléans à suspendre le retour des habitants sinistrés. La grande crainte des autorités locales, estiment les observateurs, c’est que ces personnes évacuées décident maintenant de ne plus jamais revenir chez eux. On connaît la capacité des Américains à recommencer une vie nouvelle ailleurs, à repartir de zéro dans une autre région lorsqu’ils perdent leur travail par exemple. Ray Nagin le maire de La Nouvelle-Orléans, connaît la mentalité pionnière de ses concitoyens. Il avait donc insisté, à la fin de la semaine dernière, pour que les propriétaires de commerces, d’hôtels, de bars et de restaurants, rentrent, afin de faire le nécessaire pour reprendre le plus tôt possible leur activité. La ville vit en partie du tourisme et, même si le retour des vacanciers n’est pas pour demain, le maire souhaite que les amateurs de jazz et les autres n’oublient pas sa ville dans leurs circuits.

Les prochaines vingt-quatre heures sont très incertaines pour les Etats riverains du golfe du Mexique. En mer également, l’alerte a été donnée. Comme Katrina, le cyclone Rita aura peut-être un impact sur la production pétrolière. Alors qu’une cinquantaine de plateformes de forage ont été endommagées par le cataclysme du 29 août dernier, des unités de production encore opérationnelles ont été évacuées. A New York, les cours du pétrole ont grimpé, le baril a atteint 67,25 dollars. «Il est difficile d’imaginer comment le marché pourrait faire face» à un nouveau scénario à la Katrina, a déclaré un analyste spécialisé dans les marchés pétroliers.

Rita et les cours du pétrole

«Rita accentue la pression sur l’Opep et ramène la question de l’approvisionnement en brut sur le devant de la scène, car l’ouragan pourrait détruire une partie de la production de brut des Etats-Unis», a indiqué un autre analyste, en marge de la réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole qui se déroule en ce moment à Vienne, en Autriche. «A court terme, les prix vont réagir à l’ouragan», a commenté cet analyste, relevant l’impuissance du cartel à apaiser le marché. A part l’Arabie Saoudite, tous les pays membres de l’Opep produisent quasiment à plein régime. Ils estiment avoir encore une capacité de production de 2 millions de barils par jour, dont 1,5 en Arabie. La plupart des analystes estiment cependant ces chiffres trop élevés.

Les prévisionnistes des services météo évaluent à 40 pour cent le risque couru par les installations pétrolières, en raison des vents générés par le cyclone Rita. Un quart de la production américaine de pétrole et de gaz vient de cette zone, le golfe du Mexique. De son côté l’Agence internationale de l’énergie indique qu’elle pourra, si nécessaire, prolonger les mesures d’urgence prises après le passage du cyclone Katrina et approvisionner en pétrole les Etats-Unis en cas de forte perturbation de leur production.     


par Colette  Thomas

Article publié le 20/09/2005 Dernière mise à jour le 20/09/2005 à 15:58 TU