Santé
Alzheimer, l'inexorable progression
(Photo: AFP)
Diagnostiquée, dans la majorité des cas, lorsque la maladie est déjà à un stade avancé, la maladie d’Alzheimer, dont l’origine est encore méconnue, se caractérise par une dégénérescence du système nerveux central et une altération des neurotransmetteurs qui acheminent les messages au cerveau. Les signes cliniques se manifestent tout d’abord par des pertes de mémoire, qui évoluent lentement vers un état de démence sénile. L'affection touche femmes et hommes sans distinction de classe sociale ou d'environnement particulier. L’issue est fatale au terme d’une espérance de vie de 10 à 12 ans à compter de la déclaration de la pathologie. Enfin, cette dégénérescence des cellules du cerveau apparaît le plus souvent autour de 70 ans, mais parfois de manière plus précoce autour de 65 ans lorsqu’il y a un terrain héréditaire.
La maladie d’Alzheimer détruit les cellules du cerveau et ce dernier rétrecit. |
Le nombre de malades ne cesse d’augmenter chaque année dans le monde entier et ce en raison notamment des espérances de vie de plus en plus tardives. Et ce nombre pourrait, d’après les experts, quasi doubler d’ici 2025. Faute de progrès significatifs de la recherche, on estime que près de 1,3 million de personnes en seront atteintes en France d'ici 2020, soit une personne de plus de 65 ans sur quatre, selon l'association France-AlzheimerPlus de soixante sociétés Alzheimer se sont mobilisées à travers le monde pour sensibiliser l’opinion publique à l’urgence d’agir et appeler à la solidarité pour aider les personnes touchées par cette maladie.
Le monde entier est concerné. La mobilisation est récente en Algérie où l’association locale de la maladie d’Alzheimer vient de naître à Alger et lance un appel pour une forte adhésion afin que ces malades ne se sentent pas seuls. Elle est plus ancienne au Québec : le mouvement Alzheimer québécois est né d'une mobilisation de la communauté il y a une vingtaine d'années. Pourtant, Nathalie Ross, la directrice générale de la Fédération québécoise des sociétés Alzheimer (FQSA) juge que les efforts faits jusqu'à maintenant sont encore insuffisants: «Des gestes ont été posés, des orientations ont été adoptées, mais sur le terrain les choses ne changent pas. Pendant ce temps-là, les personnes touchées par la maladie et leur famille continuent de souffrir en silence». A l’instar des autres pays, Madagascar célèbre aussi cette journée mondiale. L’initiative revient à l’Association Madagascar Alzheimer sous la bannière de Masoandro mody, qui appelle l’Etat et les organismes publics à venir en aide aux familles en détresse.
Des engagements du ministre français de la SantéEn France, Le ministre de la Santé et de la Protection sociale Philippe Douste-Blazy a présenté lundi un Plan destiné à «améliorer la qualité de vie» de quelque 800 000 personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer ou de troubles apparentés. Pour mieux accompagner les malades vivant à domicile, le nombre de places d'hébergement temporaire et d'accueil de jour en «petites unités de vie» devrait passer de 2 378 places en 2004 à 15 500 en 2007. Et, répondant à une revendication de l'Association France Alzheimer, le ministre a par ailleurs annoncé que la maladie d'Alzheimer serait inscrite nommément sur la liste des affections de longue durée, car il n'est «plus question de la confondre avec une psychose ou des troubles du comportement».
Le corps médical et les associations sont unanimes à revendiquer des diagnostics précoces de la maladie. Même si le diagnostic est difficile du fait qu’il n'existe aucun marqueur biochimique de la maladie d'Alzheimer, les spécialistes peuvent établir l'histoire du malade et en lui faisant subir des tests neuro-psychologiques. En France, pour faciliter ce dépistage des prémices de l’affection, le ministre s’est engagé : «les moyens des 232 consultations mémoires existantes doivent être renforcés et cent nouvelles structures de ce type seront créées d'ici 2007». Par ailleurs, une «évaluation cognitive» à partir de 70 ans sera désormais intégrée aux consultations de prévention prévues par la loi de santé publique. Et, face au drame social engendré par la maladie, des efforts devraient également porter sur la prise en charge des malades en situation de crise, et sur la formation de personnel encadrant.
Pas encore de traitement curatif, mais des espoirsMême si elle demeure une pathologie grave, aucun traitement susceptible d’éradiquer ou du moins arrêter totalement la progression d’un Alzheimer n’a été trouvé à ce jour. Toutefois, certains médicaments permettent d'en atténuer les symptômes. En effet, quelques rares produits, utilisés dans la prise en charge de l’Alzheimer améliorent aujourd’hui les circuits de la mémoire et permettent au moins d’améliorer la vie des patients, mais il est encore trop tôt, selon les experts, pour prédire à quel moment la pathologie sera vaincue.
Dans un mois débutera l'essai d'un nouveau remède, l'Alzhemed, produit par un laboratoire canadien, qui pourrait ralentir plus efficacement la progression de la maladie. Un traitement vaccinal sera également testé dès 2006 en France. D’après un article paru dans l’Express, ce vaccin, efficace chez la souris, pourrait l'être aussi chez l'homme. Un nouvel essai clinique, piloté par le laboratoire suisse Roche, doit permettre de le vérifier ; plusieurs dizaines de patients, parmi les 850 000 personnes touchées en France, vont y participer dans les hôpitaux de Bordeaux, Marseille, Montpellier, Nice, Toulouse et Paris.
Les recherches fondamentales, pharmacologiques et cliniques se développent intensément. Les travaux de recherche concernant la maladie de la vache folle, de la tremblante du mouton et du dépérissement chronique du cerf, des maladies qui donnent toutes à la cervelle des allures d’éponge, font avancer la recherche sur les maladies neuro-dégénératives. La fondation Ifrad (l'International Foundation for Research on Alzheimer Disease) et l'Association France-Alzheimer sont partenaires dans le cadre du projet d'une banque tissulaire de cerveaux prélevés post-mortem, qui doit être créée à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Afin d’accélérer les travaux, France-Alzheimer et d'autres associations membres de la Fédération pour la recherche sur le cerveau (FRC) avaient lancé, en décembre dernier, un appel au don de cerveau, invitant malades et non malades à consentir de leur vivant au prélèvement post-mortem de cet organe si symbolique.
par Dominique Raizon
Article publié le 21/09/2005 Dernière mise à jour le 21/09/2005 à 18:01 TU
Pour en savoir plus :
http://www.fondation-mederic-alzheimer.org/
http://www.francealzheimer.org/
http://www.planete-cerveau.fr/
Parmi les livres parus, Mieux affronter la maladie d’Alzheimer (éditions Pygmalion) de Montserrat Orduna