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Les cellules souches embryonnaires arrivent en France

Le gouvernement français vient d’autoriser pour la première fois une équipe de recherche à importer des embryons congelés. 

		(Photo : AFP)
Le gouvernement français vient d’autoriser pour la première fois une équipe de recherche à importer des embryons congelés.
(Photo : AFP)
Depuis la dernière modification de la loi française sur la bioéthique en 2004, une ouverture a été rendue possible en matière de recherche sur les cellules souches embryonnaires. Une dérogation permet, pour cinq ans, de mener des travaux sur l’embryon humain dans l’espoir d’obtenir des avancées thérapeutiques. Cette mesure a été adoptée pour répondre aux attentes des chercheurs français, soucieux de ne pas se laisser distancer dans ce domaine prometteur. Dans cette perspective, le gouvernement vient de signer la première autorisation permettant à un laboratoire d’importer, dans des conditions et avec des objectifs précis, des cellules souches embryonnaires.

Le feu vert a été donné à l’équipe du professeur Marc Peschanski pour «importer, conserver et utiliser» des cellules souches embryonnaires. Directeur de recherche à l’Inserm et à la Faculté de médecine de Créteil, ce spécialiste des maladies neuro-dégénératives est donc le premier directeur de laboratoire à bénéficier de l’opportunité de travailler sur ces cellules en France. Philippe Douste-Blazy, le ministre de la Santé, et François d’Aubert, son collègue délégué à la Recherche, ont expliqué qu’il s’agit «de la première mise en œuvre du dispositif transitoire permettant des recherches sur les cellules souches embryonnaires dans l’attente de la création de l’Agence de bio-médecine prévue dans les prochains mois».

Lors de la modification de la loi sur la bioéthique en 2004, l’espoir suscité par la découverte des vertus des cellules souches embryonnaires, qui sont prélevées dans les premiers jours du développement de l’ovule fécondé et ont la capacité de former n’importe quel tissu du corps, a été pris en compte malgré les réticences provoquées par les dangers inhérents à la manipulation des embryons. Notamment les risques liés à leur clonage. Le gouvernement a donc décidé d’accorder à certains chercheurs français une dérogation par rapport au principe de l’interdiction de la recherche sur l’embryon humain stipulé dans la loi, en les autorisant à utiliser des embryons dits surnuméraires, c’est-à-dire ceux qui ont été créés in vitro dans le cadre de l’assistance médicale à la procréation et qui ne font plus l’objet d’un «projet parental». Autrement dit les embryons orphelins.

Obtenir des avancées thérapeutiques

Pour autant, il n’a pas été possible de compter sur les ressources disponibles en France. La loi prévoit, en effet, qu’au bout de 5 ans les embryons congelés non utilisés sont détruits. Et jusqu’à présent, les moyens pour recueillir le consentement des couples concernés ne désirant plus utiliser leurs embryons n’ont pas été mis en place. La seule solution passe donc par l’importation. Et c’est ce que le gouvernement français vient d’autoriser pour une première équipe de recherche.

L’objectif de cette mesure exceptionnelle est de permettre d’explorer les pistes de recherche ouvertes par les cellules souches embryonnaires en matière thérapeutique, dans des conditions précises et pendant une période limitée (5 ans). C’est pour cela que les autorisations ne sont pas délivrées de manière globale mais au cas par cas, en fonction de l’intérêt scientifique des travaux menés par les laboratoires mais aussi de l’absence de «méthode alternative d’efficacité comparable». Les chercheurs comptent en effet beaucoup sur l’utilisation des cellules souches embryonnaires pour mettre au point des traitements efficaces dans un certain nombre de pathologies lourdes : myopathies, maladies cardiaques, ou neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer, Huntington). Un point de vue qu’ils ont fait valoir auprès des autorités pour obtenir les moyens de travailler dans cette voie.

Pour la plupart des scientifiques français, l’autorisation de la recherche sur les cellules souches embryonnaires est donc une avancée majeure. Elle était d’ailleurs soutenue par l’Académie des Sciences. Elle devrait leur permettre de ne pas se laisser distancer par les chercheurs des pays où les législations sont plus souples, comme la Grande-Bretagne où le gouvernement a même franchi une étape supplémentaire en levant l’interdiction sur le clonage thérapeutique. Ce pays a, en effet, autorisé deux équipes à cloner des embryons humains pour produire les cellules souches nécessaires à leurs travaux. Même si en France la loi sur la bioéthique met de nombreux garde-fous pour limiter les risques de dérives, le débat sur l’évolution de la recherche médicale est loin d’être clos. Car à chaque avancée dont le bénéfice peut être énorme en terme thérapeutique, notamment pour des maladies aujourd’hui incurables, est inévitablement associé un danger de manipulation de l’être humain.



par Valérie  Gas

Article publié le 18/02/2005 Dernière mise à jour le 18/02/2005 à 16:29 TU